Il y a quatre ans, un ancien bâtonnier a qualifié dans une déclaration à la presse, l'avocatie de « profession en agonie ». A l'époque, le barreau comptait 5 mille avocats. Aujourd'hui, 8 mille y sont inscrits dont 6 mille jeunes avocats et stagiaires. Avec ce nombre et les problèmes qui se sont accumulés depuis, la profession est entrée, selon la plupart des avocats dans le coma « avec une frange de jeunes avocats qui vivent sous le seuil de pauvreté sans lieu fixe. Ce sont les SBF sans bureau fixe allusion aux SDF, sans domicile fixe », a souligné un ancien secrétaire général de l'Association Tunisienne des jeunes avocats (ATJA). Hier matin, un groupe de ces jeunes dont certains nouveaux diplômés de l'Institut supérieur des avocats, et qui attendent leurs inscriptions au barreau par le conseil de l'ordre des avocats, se sont rassemblés devant le bureau du bâtonnier Me Abderrazak Kilani en signe de protestation. Ils ont auparavant distribué un communiqué dans lequel ils dénoncent leur situation morale et matérielle et réclament la concrétisation des promesses tenues lors de la campagne électorale par le bâtonnier et les membres du conseil de l'ordre de prendre des mesures pour venir en aide aux jeunes avocats et notamment les stagiaires.
Milieu
Pour Me Nadhir Ben Yedder : « On ne peut pas juger l'action du bâtonnier et des structures de la profession après seulement trois mois de leurs élections. Mais, cela ne les empêche pas de prendre des mesures pour remédier à la situation des jeunes avocats qui ne cesse de se dégrader. Comme, par exemple, la lutte contre le phénomène du courtage qui ne cesse de se propager dans le milieu des avocats, une distribution plus équitable des affaires en justice. Et d'autres mesures que le conseil de l'ordre ne peut pas prendre seul. Aujourd'hui, certains vivent un véritable chômage déguisé. Ils sont avocats mais n'ont pas un sous dans la poche. Il y a un grand malaise dans la profession qui est marginalisée en dépit qu'elle demeure celle qui embauche le plus grand nombre de diplômés du supérieur ».
Rencontre
Quant à Me Anouar El Bassi il juge que la profession souffre des intrus qui ne cessent de rétrécir le champ d'intervention de l'avocat. « A mon avis il faut instaurer l'obligation pour les sociétés d'avoir un avocat consultant. Au moins pour les sociétés dont le capital dépasse les 500 mille dinars. I l faut élargir le champ d'action de l'avocat par des mesures concrètes pour permettre notamment aux jeunes diplômés de l'Institut d'avoir du travail et un revenu. Rappelons que le bâtonnier a rencontré le jeudi 14 octobre le ministre de la Justice et des droits de l'Homme, M. Lazhar Bououni et lui a présenté un rapport sur la situation de la profession et les revendications pour remédier aux problèmes que rencontrent notamment les jeunes et les stagiaires. Me Kilani a aussi présenté des propositions concrètes dont notamment l'instauration de la présence de l'avocat au niveau de tous les tribunaux, l'encadrement du jeune avocat et son exonération de payer les impôts. La rencontre a été jugée constructive par les deux parties.