L'on est techniquement suffisamment habilité pour juger objectivement le travail qu'accomplissait Pierre Lechantre au Club Sfaxien. L'homme traîne, en effet, derrière lui une longue et riche carrière. Mais, jusque-là, son expérience dans nos contrées entamée avec le Club Africain avant de se poursuivre cette saison à la tête du groupe « Noir et Blanc » n'est pas des plus réussies si l'on se réfère aux résultats qu'il a obtenus avec le club de Bab Djedid. L'on nous dira que, au Club Africain, Lechantre a rencontré énormément de difficultés puisqu'on évoque certaines ingérences de responsables clubistes dans des affaires techniques qui étaient de son ressort. L'on n'en peut pas dire autant concernant son exercice au Club Sfaxien dont les responsables lui ont accordé carte blanche. Seulement, et en dépit de la grande marge de manœuvre dont bénéficiele technicien français, l'équipe sfaxienne est en train de passer largement à côté des objectifs qu'elle s'est fixés, perdant, chemin faisant, un challenge après l'autre. Déjà, au mois de septembre dernier, les protégés de Lechantre durent rentrer bredouilles de Setif où ils perdirent devant l'Entente locale la super coupe de l'UNAF. Entre-temps, et au niveau local, le Club Sfaxien, au terme de la 7ème journée seulement, a dilapidé une bonne part de ses chances dans la course pour le titre suite à une série de décevantes sorties, avec deux matches nuls concédés face à l'Espérance de Zarzis et à EGSGafsa (à Sfax même) suivis par une petite prestation face à l'Espérance de Tunis (défaite par 3-1). Niveau local toujours, la dernière et grosse déception a été enregistrée avant-hier, à Kasr Helal, avec une élimination des plus inattendues par l'US Monastirienne (2-0). Le CSS qui n'est autre que le finaliste de la Coupe dans ses deux précédentes éditions avec un sacre (2009), remporté devant cette même USMo. En Coupe de la CAF, les « Noir et Blanc», après la courte victoire réussie à l'aller (1-0), se doivent de sortir le grand jeu à Oum Dormane pour espérer se qualifier devant un adversaire de la valeur d'A Hilal surtout quand on sait qu'il arrive très rarement à celui-ci de faire des concessions dans son fief, le stade de Oum Dormane réputé pour être une véritable fournaise. Que reste-t-il donc au CSS ? En somme, peu de choses, que l'on peut résumer en de chances bien réduites dans la course pour le titre en championnat et la possibilité à envisager avec modération sans excès de confiance, d'une qualification en finale de la Coupe de la CAF. Un bilan loin de répondre aux attentes des Clubistes Sfaxiens, notamment les supporters parmi eux.
A quoi servent les perpétuels chambardements ?
Tout en admettant entièrement le droit de Lechantre d'accorder sa confiance aux éléments les plus en forme du groupe dans la composition de sa formation, l'on arrive pas à bien comprendre que celle-ci soit l'objet d'un chambardement systématique d'une sortie à l'autre. A Sétif, la formation était composée d'éléments considérés comme étant des doublures même si Lechantre ne veut pas entendre de ce genre de qualificatifs. Résultat, la perte de la super coupe. Depuis, ce fut la valse avec toutes les conséquences que l'on connaît sur la marche de l'équipe tant au niveau local que celui continental. Lechantre persiste et signe en Coupe, en alignant un onze privé des services du gardien Khalloufi, Maâloul et Uché Agba soit les joueurs qui ont fourni le meilleur rendement contre Al Hilal. Hammami qui fut lui aussi des plus convaincants face à l'équipe soudanaise a été mis sur le banc avant d'être aligné à vingt minutes de la fin du match au moment où la défaite était consommée (score 0-2 à la 65'). Manquant d'homogénéité, et avec des automatismes approximatifs ajoutées à un jeu des plus approximatifs à tous les niveaux, la sentence était attendue pour les Sfaxiens qui quittent ainsi l'épreuve sur les bouts des pieds.
Affligeante nonchalance
Mais au delà de ces facteurs il y a lieu de remarquer que les joueurs à quelques éléments près ne s'investissent pas suffisamment dans la défense des couleurs du club. Rarement on a perçu dans le groupe cette détermination à se surpasser. Pis encore, il y avait souvent une nonchalance dans l'évolution de certains joueurs tels que Hamza Younès, Da Silva et autre Rouïd pour ne citer que ces éléments. Porter les couleurs d'un club aussi prestigieux que le CSS est une lourde responsabilité pour tout un chacun et il appartient aux responsables de revoir leurs choix au niveau d'un contingent de joueurs loin de se comporter en véritables professionnels.