Que les deux hommes vivent depuis quelques temps une espèce de mésentente cordiale, cela se sentait, se voyait. Pour autant, l'impression est qu'il y a deux Espérance : celle que veut Hamdi Meddeb et celle qu'impose Faouzi Benzarti. Il est évident que Hamdi Meddeb qui transpose une large partie de la conscience espérantiste voit grand et vise haut. Il promène un regard narquois sur la compétition nationale assuré – c'est typiquement espérance- qu'il est dans l'ordre normal des choses que son équipe domine la scène nationale. Autant pour lui que pour les supporters espérantistes, il y a ce besoin pressant de fortes sensations, de conquête africaine, celle-là même qui nargue et snobe même l'Espérance. Et si, de surcroît, l'Espérance s'en sort miraculeusement dans un derby littéralement dominé par le Club Africain, là, c'est ce côté épidermique passionnel qui se déclenche en le président espérantiste. Tout, sauf, un affront venant de Bab Jedid, en somme ; c'est le roman des origines, l'essence même de la dialectique du derby. Et c'et finalement le seul trait commun aux deux clubs : jamais de concessions au « frère ennemi » ! Cela, Benzarti, qui a été également entraîneur à l'autre versant, le sait parfaitement. Dimanche, après le match contre la JSK, ce fut l'aboutissement logique d'une longue période de tension. Ce fut le clash inévitable, la prise de bec entre les deux hommes. Et c'est la première fois que le président espérantiste le fait ouvertement et c'est aussi la première fois que Benzarti riposte sur des termes virulents. Maintenant, une question se pose d'elle-même : Hamdi Meddeb et Faouzi Benzarti savaient l'un et l'autre qu'ils ne vieilliraient pas ensemble. Il fallait, peut-être, se séparer en ces mois de turbulence où Benzarti perdit ses repères avec la double casaque Espérance/Equipe nationale. En tous les cas, il n'était plus là. Ses frictions avec Kanzari, n'en finissaient pas de confirmer cet état de pourrissement des rapports au sein du vestiaire espérantiste. Ils ne travaillaient plus ensemble. Et puis, ces contre-sens d'ordre technique et que n'ont cesse de faire relever les observateurs. Mais la devise était on ne peut plus arrogante : « tout le monde a tort, seul Benzarti a raison ! » Meddeb laissait faire. Et Benzarti en abusait. Guerre contre les arbitres ; querelles gratuites avec les dirigeants ; insultes et humiliations des joueurs et puis le show classique de celui qui perd son contrôle ; mais pas de préférence dans les matches importants et qu'il prépare toujours mal. Jouer aux Mourinho, c'est dangereux. Car Mourinho provoque la presse, l'adversaire, les arbitres pour attirer toute la tension vers lui et ainsi il en épargne ses joueurs. Or, tout est là : Mourinho sait gérer le stress. Benzarti, non ; Pourquoi évoquer Mourinho ? Car, j'ai lu quelque part un portrait qui l'identifiait à Mourinho. Et c'était la veille de l'incartade de Lubumbashi… Ce cauchemar, Hamdi Meddeb l'a imputé au contexte du match, à l'arbitre, au public, au manque de sécurité…. Mais, il sait, au fond de lui-même, que l'Espérance aurait pu s'en sortir avec une défaite courte (0-2) au plus. Les trois autres buts c'est bien Benzarti qui les a marqués à Naouara. Du coup, c'est le vieux débat qui refait surface : on ne peut construire un projet autour de Benzarti. Et à l'évidence le message d'un Moëz Driss, virant son entraîneur au lendemain d'un championnat qui se refusait à l'Etoile depuis longtemps, eh bien, ce message n'a pas été médité. ------------------------------ Maher Kanzari succède à Faouzi Benzarti • Il sera assisté de Skander Kasri Les choses sont allées très vite juste après la fin du match opposant l'Espérance à la J.S.Kairouan dimanche après-midi. On a veillé assez tard dans la nuit du dimanche à lundi pour prendre la décision de se passer des services de Faouzi Benzarti et passer en revue les éventuelles répercussions que peut entraîner son départ. Il a été en outre décidé de désigner Maher Kanzari pour lui succéder étant la personne la plus proche des joueurs et celle qui connait le mieux leurs qualités comme leurs points faibles. Prochain recrutement d'un manager général Maher Kanzari aura pour assistant Skander Kasri qui faisait fonction de Directeur technique des catégories de jeunes de l'Espérance. Un technicien dont les qualités et les compétences sont reconnues de tous. Hamdi Meddeb est plus que décidé à étoffer encore plus le cadre technique de l'équipe senior en engageant bientôt un manager général. R. B. A ---------------------------------- Le parcours de Benzarti avec Meddeb Le 4ème avènement (et sûrement pas le dernier) de Faouzi Benzarti à la tête de la direction technique de l'EST survient pendant la présidence de Hamdi Meddeb, plus précisément à la 22ème journée de la saison 2008-09 : 5 victoires lors des 5 dernières journées du championnat mènerent l'équipe au 22ème sacre « Sang et Or » et 8ème personnel de Benzarti dont 4 avec l'Est qui remporte également la meilleure attaque avec 50 buts et goléador Michael Enramo (18 buts). En 2009-10, Benzarti a obtenu également un autre championnat assorti de la meilleure attaque (56 buts) et goléador (M. Enramo), deux titres qui expriment le caractère offensif du coach. Le groupe qui comprenait entre autres Larbi Jaber, Tarek Achour, W. Tayeb, W. Bekri, H. Kasraoui, S. Ben Cheikh, Hamza Tlili, Ahmed Sassi (1 match)… avait 16 victoirs, 6 nuls et 4 défaites. Pour la saison en cours F. Benzarti a utilisé 22 joueurs parmi lesquels M. Enramo, Khelil Chemam, Khaled Korbi, O. Darragi, Y. Msakni (tous avec 8 matches), Siam Ben Youssef, W. Hicheri, M. Traoui, Harrisson Afful ( 7 matches) sont des titulaires. Après 9 matches disputés, le compteur de l'EST est arrêté à 7 succès et 2 nuls. En Champion's Ligue africaine 2010, l'EST a atteint la finale après avoir obtenu 9 victoires, 3 nuls et autant de défaites mobilisant 27 joueurs, à leur tête ou trouve K. Chemam et K. Korbi ( 15 matches chacun). Au total F. Benzarti a réussi : 28 victoires, 8 nuls et 4 défaites concédées face au ST, ASK, CAB et ESHS, donc ne perdant jamais face aux clubs appelés ‘grands' : ESS (2 victoires et autant de nuls), CA ( 3 parités), CSS (3 succès). Outre les 2 championnats 2008-2009 et 2009/2010 remportés avec H. Meddeb, F. Benzarti a gagné la Ligue Arabe des Champions 2009 et le championnat de l'UNAF. Rappelons également qu'il avait remporté la Coupe Africaine 1994 la super continentale 1995 et la Super Arabe 1996. A. BELLAKHDAR ---------------------------------- La pomme de discorde Dimanche 15h50 : coup de sifflet final du match Espérance ST – J.S.Kairouan ( 2 à 1 ). Faouzi Benzarti n'a pas été ménagé par une frange de supporters au moment où il se dirigeait vers les vestiaires. Les joueurs également pendant le déroulement du match et après. Il ne faut pas trop s'attarder pour en connaître les raisons. En effet et en dépit de la victoire, les supporters comme le proche entourage du club reprochent à l'équipe de ne plus convaincre à chacune de ses sorties en championnat et ce depuis cette double finale de la ligue africaine des champions. Comme ils reprochent à Faouzi Benzarti sa mauvaise gestion de l'effectif à sa disposition.
Lignes rouges franchies Les choses auraient pu s'arrêter là sans l'intervention de Hamdi Meddeb auprès de l'entraîneur de l'Espérance. C'est là son droit le plus absolu en sa qualité de président et d'unique responsable du vécu quotidien de toutes les sections et notamment de l'équipe senior. Il ne nous appartient pas de savoir ni de rapporter ce qui s'est passé dans les vestiaires. Mais quand on sait que Hamdi Meddeb a pris la décision de se séparer de Faouzi Benzarti, c'est que certaines lignes rouges ont été franchies en cette fin d'après-midi de dimanche dernier.
Gestion de l'effectif composé de 25 joueurs Mais que pouvons-nous reprocher justement à Benzarti ? -- - les peu convaincantes prestations de l'Espérance depuis la double finale de la ligue africaine de champions dont celle contre la JSKairouan. Et Faouzi Benzarti de rétorquer que les rencontres se déroulant à intervalles très rapprochés les uns des autres ne permettaient pas aux joueurs de donner le meilleur d'eux car les jambes ne répondent plus à cause d'une condition physique très approximative. A notre connaissance le staff technique de l'Espérance dispose de pas moins de 25 joueurs choisis sur le volet permettant d'aligner deux équipes aussi compétitives l'une que l'autre. Alors pourquoi n'avoir pas eu recours à quelques uns pour permettre aux titulaires incontournables de « souffler ». Chemmam, Korbi, Traoui, Darragi, Msakni et Michael n'avaient-ils pas besoin d'un repos salutaire ? Qu'a-t-on fait de Roger quasiment ignoré jusqu'à mercredi dernier ? En deux matches face à la JSKairouan, il a été tout simplement exceptionnel. N'est-ce pas lui qui aurait dû remplacer Korbi pendant le derby à la place du jeune Boughanmi à l'origine du but de Aouadhi. Et Otto, Sameh Derbali et Ben Hamouda ? Au fait que reproche-t-on au joueur ghanéen qui n'a été même supervisé en Espoirs par l'entraîneur ni même utilisé à titre de test et pendant un petit quart d'heure dans un match officiel. Sameh Derbali n'a pas été cédé à l'O. Béja à partir du moment où Faouzi Benzarti tenait à lui pour occuper le flan droit de la défense en cas d'urgence. Il fut plutôt utilisé soit en attaque soit comme milieu épisodiquement. Idem pour le jeune Ben Hamouda enfant du cru, cédé la saison écoulée à titre de prêt à E.S. de Béni Khalled et meilleur buteur de la ligue 2. Il n'a jamais été utilisé. Ceci outre les sautes d'humeur déplacées de l'entraîneur envers les joueurs aux entraînements comme en cours de match et ce à la moindre erreur. Voilà en gros ce qu'on reproche à juste titre à Faouzi Benzarti sans ignorer qu'il a beaucoup apporté à l'Espérance en deux exercices, un peu moins. Malheureusement, il a de nouveau démontré qu'il ne peut exercer sans problèmes pendant plus de deux saisons voir moins dans une équipe de club comme en prenant en charge une équipe nationale.