A l'heure où les élèves du secondaire entreront dans la semaine bloquée, prévue pour ce premier trimestre du 6 au 11 décembre, ceux des collèges commenceront à récolter leur moisson des notes et des moyennes trimestrielles avant même les vacances d'hiver. Cette période de fin de trimestre est marquée par une effervescence très particulière touchant aussi bien les élèves que les enseignants et les parents. A la maison, on n'entend que ces questions récurrentes : « Quelle note as-tu eue aujourd'hui ? », « combien tu as eu en maths, et en français ? » Et ce n'est pas par hasard que chaque année, en cette période d'examens et de remise des notes, pas mal de parents trouvent l'occasion de contacter les professeurs en vue de leur demander de « venir en aide » à leurs enfants en difficulté !
Subjectivité
C'est que la note pour les parents passe pour le seul critère qui détermine la scolarité de leurs enfants qui, tout comme leurs parents, accordent de plus en plus d'importance à une évaluation visible marquée par des résultats chiffrés. Tel professeur est ainsi taxé d'avarice ou d'indulgence, selon qu'il donne de mauvaises ou de bonnes notes ! Or, la note accordée par l'enseignant est-elle toujours objective, est-elle un moyen efficace pour évaluer le travail de l'élève et jauger son niveau scolaire ? La notation, qui reste l'apanage des seuls enseignants, dans notre système éducatif, est-elle toujours faite selon les critères préfixés par les modalités propres à chaque discipline, ou y a-t-il une marge de liberté et de jugement personnel dont dispose le prof pour attribuer la note finale à l'élève ? Les professeurs accordent-ils le temps nécessaire pour faire la correction de toutes les copies en toute équité et avec exactitude et surtout sans parti pris ni complaisance ? « Quelle que soit la note attribuée à une copie d'élève, elle n'est pas tout à fait objective, nous a confié un ancien enseignant en retraite, car la même copie soumise à une deuxième correction pourrait être plus ou moins modifiée. Mêmes les professeurs des sciences dites exactes (maths, physique…) ne peuvent se targuer d'être justes et rationnels dans leur notation. Par exemple, une copie surchargée de ratures, une écriture illisible, une bonne ou mauvaise présentation de la feuille d'examen pourrait facilement influer sur la décision du prof quant à l'octroi de la note finale ! ». La question de la notation des copies n'est pas nouvelle. Elle a toujours été la préoccupation majeure de tous les acteurs scolaires (enseignants, élèves, parents). Si la bonne note attribuée par le prof est toujours considérée par les parents comme la panacée à tous les problèmes rencontrés dans le cursus de l'élève ; elle n'est pas pourtant le meilleur moyen d'évaluation du niveau réel des élèves, sachant qu'une tricherie commise à l'examen par le candidat pourrait induire le correcteur en erreur et fausser l'évaluation. A ce propos, un prof de maths nous a expliqué : « Lors de la correction, on tombe souvent sur des copies excellentes appartenant à des élèves médiocres qui ne fournissent aucun effort pendant les cours ; la plupart du temps, ce sont des tricheurs, mais faute de preuves, ils sont donc notés selon le travail présenté et non selon leur niveau habituel, c'est là l'un des cas qui pourrait nuire à l'évaluation du niveau général de la classe et pourrait engendrer un sentiment d'injustice et d'amertume chez les fameux élèves qui pourraient avoir une note inférieure à celle obtenue par un tricheur ! ». De plus, certaines matières exigent une évaluation à l'oral, et c'est là que le bât blesse ! Là encore, se manifeste une subjectivité de jugement lors de la notation d'une activité orale : l'élève est-il toujours satisfait de sa note orale ?
Conditions de correction
Pour être fidèle, correcte et objective, la notation doit se faire dans des conditions reposantes et en respectant le temps nécessaire que doit prendre cette tâche. « La correction exige une concentration et une attention particulières afin de rendre à César ce qui appartient à César », témoigne un enseignant de langue arabe. Tous les profs que nous avons contactés étaient unanimes pour dire que la notation a toujours été une tâche difficile. Ils ont notamment, en charge entre 12 et 15 classes, souvent de niveaux différents (soit au moins 400 élèves). Ils doivent corriger ces copies en un laps de temps pour pouvoir remettre les feuilles de notes à l'administration dans les délais prévus. « Avec l'emploi du temps déjà chargé et les contraintes du programme qui doit progresser, il y a risques de fatigue et de manque de concentration lors de l'évaluation et de la notation. D'où des erreurs de calcul ou des injustices involontaires », d'après un enseignant d'éducation civique. Un autre enseignant de français a fait remarquer que : « la notation d'une copie d'examen est plus ou moins juste et objective tant que les critères du barème ont été scrupuleusement appliqués par le correcteur. Cependant, la copie d'examen ne représente jamais le niveau réel de l'élève et ne permet pas de déterminer le niveau général de la classe du moment qu'il y a des circonstances inhérentes aux conditions dans lesquelles se passe l'examen . Par exemple un bon élève peut rater son examen et un autre moins bon ou passable peut le réussir. Mais j'avoue que, malgré la bonne volonté de tous les correcteurs et leurs efforts d'être fidèles, il n'y a pas de note objective et juste ; tout est relatif tant que la copie n'est pas soumise à une double ou triple correction, ce qui n'est pas de coutume dans notre système éducatif ! ».