Récemment, nous avons écrit que le tourisme à Tabarka était « languissant ». Par ailleurs, il a été constaté que l'aéroport international de Tabarka ne jouait pas le rôle qu'on avait attendu de lui, lors de sa création. Essayons de dégager les raisons de cet état de fait et de formuler quelques suggestions en harmonie avec les orientations actuelles du tourisme : de nouveaux produits pour des publics différents. Bien que la région du Nord-Ouest ait été choisie comme une « région à développer en priorité », en particulier en matière de tourisme, tout n'y va pas pour le mieux, dans ce domaine. Si l'aéroport international de Tabarka ne fonctionne pas au mieux de ses capacités, c'est sans doute, à notre avis, parce qu'il « n'irrigue pas » un arrière pays suffisamment vaste, susceptible d'attirer une clientèle nombreuse. Dès l'époque romaine, l'Ouest tunisien, de Tabarka à Tozeur, a été la « deuxième jambe » de la Tunisie. Parallèlement, à la Tunisie commerçante des ports, il a toujours existé, à cent kilomètres plus à l'Ouest, avec Bulla regia, Chemtou, El Kef / Cirta, Maktar / Mactaris, M'deïna / Althiburos, Sbeïtla / Sufetula, Gafsa / Capsa, un pays des mines et des céréales. Ce « far-west » est aujourd'hui, à notre avis, très insuffisamment exploité au plan touristique. Le tourisme culturel, sur les quelques sites que nous venons d'énumérer – et il y en a bien d'autres, de toutes les époques ! – devrait y être florissant. Eco-tourisme L'écotourisme, le tourisme de chasse et de pêche, la chasse photographique, les randonnées pédestres, équestres, à V.T.T, l'escalade, le vol à voile, etc. … sont très faciles à organiser dans une région aux multiples aspects géographiques, encore essentiellement agricole où la nature a été protégée, en particulier dans les réserves naturelles et les Parcs nationaux, depuis le littoral méditerranéen jusqu'aux oasis présahariennes. Excepté à Maktar, qui devrait rattraper rapidement son retard, les infrastructures hôtelières, routières, médicales et autres existent et fonctionnent bien. Que manque-t-il pour que les activités naissent et se développent le long de « la Route de l'Ouest » au moment où la concurrence des pays voisins va se faire de plus en plus « agressive » ? Pas de casernes à touristes Il nous semble d'abord nécessaire de concevoir un tourisme différent de celui qui règne le long du littoral et qui ne rapporte guère. Dans le cadre de petites unités hôtelières cossues – et non des « casernes à touristes » de plusieurs centaines de lits ! – de gîtes ruraux, d'hôtels de charme, etc., la population locale doit être intimement associée au développement de ce tourisme, non pas « haut de gamme » mais « confortablement payant », de l'ordre de 100 DT / jour. Ce doit être un tourisme de petits groupes de gens cultivés et aisés, se déplaçant d'une centaine de kilomètres par jour « Sur les pas de Jugurtha », « Le long de la route des orchidées » sur « La voie du marbre de Chemtou » et « La route des Haouanet », à la recherche de « L'Histoire de La Terre » depuis la couche K / T à Iridium d'El Kef – une référence mondiale – jusqu'aux gisements de phosphates et aux dunes de sable du désert qui progresse. Les guides compétents, bien payés par les touristes parce qu'ils sont intéressants, seront à recruter dans la population locale. Nul mieux qu'eux ne peut connaître et aimer la région ainsi que toutes ses « facettes civilisationnelles ». Et les séjours ? Les séjours et les circuits pourraient être aussi longs ou courts que souhaités par les visiteurs : d'abord, « La Kroumirie ou la verte Tunisie », ensuite « La Kroumirie et le Haut Tell, la Tunisie des Blés dorés » avec une sortie possible sur Tunis et Carthage ou Kairouan et Sousse / Monastir. Aux précédents circuits, on ajouterait la Grande Dorsale et les Hautes steppes avec Maktar, Sbeïtla, Kalâat Esnan, Haïdra, etc. … jusqu'au circuit complet de Tabarka à Tozeur. Nous pensons proposer à nos lecteurs deux articles, au moins, leur détaillant cette « Route de l'Ouest » dans le supplément du Samedi. En desservant tout une région : l'Ouest tunisien, l'aéroport de Tabarka jouera son rôle de plateforme internationale à l'instar de celui de Tozeur. Le contact de petits groupes itinérants de visiteurs avec les populations locales – inexistant dans les « casernes à touristes », ne voyant leur arrière-pays que dans le cadre de brèves excursions journalières – facilitera la connaissance du pays, engendrera l'appréciation qu'il mérite et permettra d'initier de façon modeste le « Dialogue des Cultures et des Civilisations » prôné par le Président de la République.