Par Malek Slim - La relance annoncée n'était pas au rendez-vous en 2010, notamment dans les pays industrialisés. La locomotive américaine peine a redémarrer. En Europe, c'est la marche à deux vitesses, parmi les pays de l'UE. Seules l'Asie (sauf le Japon) et l'Afrique ont retrouvé un rythme de croissance avoisinant celui d'avant-crise. Des milliers de milliards de dollars ont été investis dans l'espoir de susciter la reprise et de stimuler la consommation dans les pays riches. Mais la frilosité a occupé le terrain jadis domaine de l'audace et de l'esprit d'entreprise. Tout le monde dans ces pays est dans l'expectative d'autant que les marchés sont d'une volatilité telle qu'on ne sait plus de quoi demain sera fait. Partout on préfère attendre pour voir mieux dans les tendances de ces marchés avant d'investir. Mais sans investissements, point de reprise de l'emploi et par conséquent moins de consommation, donc pas de croissance. Cette conjoncture de doute, s'est accentuée au cours de la seconde moitié de l'année 2010 avec les mesures d'austérité et de rigueur décidées partout en Europe. Ce train de mesures succède à celui des largesses du début de crise, qui ont permis de sauver les institutions financières et les entreprises en difficulté qui pouvaient à tout moment faire faillite. Or cette politique interventionniste des Etats, n'a pas donné l'effet escompté au niveau de l'emploi. Au contraire le chômage n'a pas cessé d'augmenter. Il atteint actuellement 10% de la population active aux Etats-Unis, dans plusieurs pays d'Europe notamment ceux du Sud le taux dépasse les 20%. Du jamais vu depuis la Grande récession des années 1930. Les caisses étant vides, ces pays ne sont plus en mesure de financer une relance de plus en plus hypothétique voire improbable. Par ailleurs, certains parmi ces derniers, étaient ou sont sur le point de faire faillite. La Grèce et l'Irlande en dépit de l'aide massive de leurs partenaires de l'UE et du FMI. L'Espagne, le Portugal et l'Italie ne sont pas loin de connaître une situation analogue à celle des deux premiers. Parmi les 27 de l'UE, seules, l'Allemagne et la Hollande parviennent à échapper à ce qui est devenu une règle générale pour ce continent qui perd pied partout sur le plan économique et qui voit ses marchés envahis par les produits en provenance d'Asie et d'Amérique latine. Deux continents qui sont parvenus l'espace d'une année de mettre un frein aux effets de la crise déclenchée en 2008, pour de nouveau se lancer dans une croissance avec un taux moyen avoisinant les 7%, alors que dans les pays développés on peine à atteindre le 1% ! L'Afrique pour sa part s'est inscrite dans cette tendance de croissance avec un taux de 5%. Un chiffre très honorable quand on connaît les difficultés de ce continent, notamment au niveau de l'infrastructure qui demeure son principal handicap vers une véritable relance. Aujourd'hui et selon des statistiques récentes les pays du sud assurent 52% de la production manufacturière et détiennent 80% des réserves en devises fortes ! On ne peut que se réjouir d'un tel constat. Mais force est de reconnaître que les risques sont réels pour ces pays, si la croissance et la relance de la consommation dans le nord n'étaient pas au rendez-vous en 2011. Les Etats-Unis, à eux seuls assuraient il y a peu d'années de cela plus de 35% de la consommation mondiale. Aujourd'hui ce chiffre est tombé à 27%. Et si cela continuait, il y a fort à parier que les émergents courent le risque de voir leurs exportations chuter, ce qui ne manquerait pas de se traduire en perte d'emplois pour leur main-d'œuvre. De tout cela il ressort que le monde globalisé ne peut se permettre d'évoluer à deux vitesses, tellement les économies de ses pays sont liées les unes aux autres avec des marchés de plus en plus dépendants. Le bilan 2010 autant il a été favorable pour le sud, il l'était beaucoup moins pour le nord ce qui n'est pas de l'intérêt des uns et des autres dont le sort est désormais intimement lié. Mitigé, le bilan 2010 l'était, mais aussi et surtout nullement rassurant pour l'avenir proche.