La compétition nationale vient de boucler sa première phase avec une surprenante nouveauté cette saison : la décision courageuse et non moins irrévocable prise par le patron de l'arbitrage Younès Selmi de ne point faire appel aux arbitres étrangers pour officier les matches « dits » chocs mettant aux prises les grosses cylindrées. Certes, l'on était au début et à l'instar de tous les observateurs grandement sceptiques quant à la mise en application effective de ces résolutions. Et d'aucun de les prendre comme par le passé pour une simple fanfaronnade pouvant difficilement résister aux coups de boutoir de certains clubs et de leur président influent. Mais Younès Selmi tint bon et résista à la bourrasque provoquée par quelques clubs habitués à intervenir de façon efficiente et avec gain de cause dans le choix de l'homme en noir devant leur être désigné. Comment Younès Selmi juge-t-il cette audacieuse expérience et quels en sont les aspects à améliorer si d'aventure il lui est arrivé d'y déceler quelques lacunes et défaillances ? Ecoutons-le : Le Temps : Pouvez-vous nous affirmer que vous êtes pleinement satisfait du comportement de «vos» arbitres lors de cette première phase ? Younès Selmi : Ce serait vous mener en bateau et me mentir à moi-même ! Vous concevez fort bien que le parfait n'existe pas et encore moins en matière d'arbitrage où l'erreur est humaine. Mais les motifs de satisfaction sont très nombreux quoique pas encore comme je l'aurais souhaité. Parce que vous soutenez que notre arbitrage a été satisfaisant et qu'il a été exempt de tout reproche jusque là ? Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit ! Autrement et s'il avait été comme vous avez l'air d'insinuer irréprochable, comment expliquer les sanctions que j'ai prises contre certains ? Alors expliquez-nous les changements positifs enregistrés dans le corps arbitral ? - C'est une phase très importante et bénéfique pour ce corps qui a été jusque là parfaitement marginalisé et montré du doigt. On a redonné confiance à nos arbitres avec un soutien indéfectible de notre part. Le rajeunissement a été pratiquement total avec l'éclosion d'une nouvelle vague prometteuse. D'ailleurs une réunion d'évaluation avec tous les arbitres eut lieu le mardi 4 janvier justement pour leur expliquer ce que la direction de l'arbitrage attend encore d'eux et ce qu'il leur reste à faire. Mettre en exergue les carences comportementales et les insuffisances techniques enregistrées. Recyclage et amélioration de perception des nouvelles conceptions. Nous comprenons que vous avez l'air de redouter un tant soit peu la phase retour ? - Elle sera beaucoup plus âpre et tendue que sa devancière. Les clubs jouant pour le titre ou pour le maintien seront plus exigeants et les confrontations seront plus dures avec des engagements autrement plus costauds. Mes hommes doivent donc être plus vigilants et plus intransigeants ne tolérant aucun dépassement quel que soit le club et quelle que soit la renommée du joueur fautif. Aucun sentiment de paternalisme, aucune attitude amicale, aucun manquement à l'autorité de l'arbitre ne sont à accepter. On est là pour diriger équitablement les débats et départager 22 acteurs en présence. Seuls les efforts déployés, la force du jarret, les sueurs seront récompensés. Aucune autre considération extra sportive et non inhérente au rectangle vert n'aura emprise sur le résultat final. Pour ce faire, deux moyens très persuasifs pour les arbitres sont dans nos cordes : les récompenser quand ils excellent, et les …sanctionner quand ils manquent à leur devoir. Oui mais une fois le mal fait avec perte de points importants par un club, ne pensez-vous pas honnêtement que sévir ultérieurement auprès de votre arbitre défaillant ferait une belle jambe pour le club lésé? En d'autres termes, pareille sanction influerait-elle sur le capital points d'un club injustement distancé suite à une faute criarde de l'un des vôtres ? - Je vous le concède bien volontiers. Mais je dis tout simplement que lors de leurs rencontres ultérieures, ces clubs lésés n'auront plus à souffrir d'autres bévues du moment que les sanctions ont été sévères et surtout très rapides et publiques. Nous avons cru savoir que vous êtes allé jusqu'à menacer de rendre le tablier suite aux pressions intenables exercées sur votre direction ces derniers jours ? - Je me targue de bénéficier de l'appui total de la tutelle et du soutien indéfectible de la FTF. Mais le jour où je jugerai que je ne peux plus avancer, que je ne suis plus en mesure de redorer le blason de notre arbitrage et que les obstacles et autres embuches jalonnant mon parcours sont insurmontables, ce jour là je partirai car je ne tiens absolument pas à perdre mon temps dans une entreprise vouée à l'échec. Le mot de la fin si Selmi ? - J'appelle les clubs à nous faire confiance et ne se consacrer que sur leur travail en nous laissant œuvrer dans la clarté et la droiture au profit de l'amélioration de notre arbitrage. Les temps des climats de suspicion, de méfiance, des coups bas et des magouilles sont définitivement et à jamais révolus. Entretien conduit par Mohamed Sahbi RAMMAH