C'est dans je ne sais plus laquelle des trois pièces de théâtre écrites par Maïakovski, poète de la révolution russe qu'il met en scène une famille de la petite bourgeoisie qui veut marier une de ses filles et pour gagner la confiance de la toute nouvelle autorité du pays, opte pour le rouge comme unique couleur, présente lors de la cérémonie des noces, (peut-être bien est-ce « la punaise »). Les nappes sont rouges, les chaises, les poissons, les fruits, les rideaux aussi. Tout… tout absolument tout est rouge, même la robe de la mariée est rouge. Je me suis rappelé de cette pièce théâtrale que j'ai lue dans ma prime jeunesse, ces derniers temps. A la radio, à la télé, au restaurant et même dans l'entreprise de presse où je me trouve en ce moment, les loups à la cravate et à la pochette mauve d'hier et au cache-col rouge, sont soudainement convertis en gentils lapins blancs. Tous révolutionnaires à souhait à tel point que je suis en train de me demander si parmi les dix millions d'habitants (et par encore citoyens) que compte le pays, il n'y aurait pas cent à deux cent millions de révolutionnaires. Et chose étonnante dans la majorité des cas, on a cédé aux chouchous du pouvoir d'hier le droit de parler pour défendre les pauvres victimes sociales ou les « morts » de la révolution. Rien d'étonnant à tout cela puisque le chef de gang qui les choyait à sa guise, a rendu une visite pour une fois non inopinée au premier héros de la révolution tunisienne, alors que ce dernier était déjà décédé suite à ses blessures. Le chef du gang était tout compassion. C'est à peine si on n'a pas vu fleurir une larme – pas du tout de crocodile – sur ses joues de Bébé Doc tunisien.