L'ascension du chômage, la précarité de l'emploi et la médiocrité du travail et l'inégalité des chances pour les demandeurs d'emploi sont les étincelles ayant attisé la flamme du courroux populaire. La situation de l'emploi en Tunisie a et depuis longtemps alimenté les commentaires alarmants l'inquiétude des observateurs internationaux qui parlaient de la saignée du chômage en Tunisie, notamment pour les diplômés du supérieur. Mais pourquoi et comment sommes-nous arrivés à ce stade de déséquilibre social et cette injustice sociale ? Outre les pratiques malsaines reconnues universellement dont les pistons, « laktef », les pots de vin, le facteur séduction pour certaines filles et autres, l'infiltration de certains modes et formes d'emploi et des idéologies importées de l'extérieur sont derrière ce cataclysme du secteur de l'emploi en Tunisie. Les Etats-Unis d'Amérique sont parvenus avec succès à exporter et commercialiser leurs modes anglo-saxons et typologies d'emploi souillées et destructives. Des pratiques qui se dissimulent derrière le masque de la « flexibilité ». D'où l'expansion de ce qui est communément appelé sous-traitance, sourcing ou externalisation. Aujourd'hui la scène de travail tunisienne a montré que ces modèles de travail se cachent derrière le fossé et ont pour origine les asphyxies du marché de l'emploi tunisien. Que ce soit pour le secteur public ou pour le secteur privé, la sous-traitance : ce raz-de-marée a engendré de nombreuses victimes. Tous les secteurs d'activité, sans exception ont pâti de la sous-traitance. Théoriquement la sous-traitance « est un contrat par lequel une entreprise dite « mutuelle » demande à une autre entreprise dite « assujettie » de réaliser une partie de sa production ou des composants nécessaires à sa production. Les entreprises sous-traitantes sont des entreprises auxquelles sont agréées certaines parties de travail »*. Par ailleurs, l'on distingue trois types de sous-traitance : sous-traitance de spécialité, sous-traitance de capacité et sous-traitance de marché. Et parmi les inconvénients explicités par cette forme d'organisation de travail on notera ; le roulement élevé du personnel et la précarité des emplois. Ainsi, ce mode de gestion universelle a été malmené par les entreprises tunisiennes, qu'elles soient publiques ou privées. La sous-traitance est passée d'un mode de gestion à un mode de destruction et d'écroulement de l'intégrité et de la valeur même de l'emploi. Sous prétexte de la sous-traitance ou de l'externalisation, les droits des travailleurs ont été violés sous les yeux « bienveillants » de l'UGTT. Précarité de l'emploi, des injustices sociales, aucune couverture sociale, des salaires médiocres incapables de subvenir aux besoins élémentaires des offreurs de travail. Et entre temps, les chefs d'entreprises, le patron du patronat, les directeurs généraux et les responsables dépravés et irresponsables en général encaissent échelons et pourboires. Des contrats forfaitaires, des emplois temporaires et des astuces judicaires, un simple jeux d'enfant pour les conseillers juridiques et les responsables ressources humaines qui ont empiété sur les droits des employés les plus démunis et ce pour leur compte ou pour le compte de leur employeurs ou décideurs. Aujourd'hui les ayants droit demandent tous et en même temps, la régularisation de leur situation. Il va sans dire que ces personnes victimes d'un mauvais système politique et social sont en quelque sorte impliquées. En effet, ils ont accepté par obligation ou par nécessité de se plier aux règles abusives du marché de travail. Ils sont du fait et en partie responsables. N'ont-ils pas lu, signé et approuvé leur contrat ? Le rétablissement de l'ordre social demande engageant du temps mais aussi une implication réelle prendra toutes les parties concernées. L'ère des fausses promesses et de slogans déguisés est révolue. Rendre justice sociale signifie rétablissement de la confiance entre administration et citoyen ce qui servira de vecteur pour la reprise et la distribution équitable de la croissance économique et l'ancrage d'un développement humain et durable non idyllique.