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Les jeunes demandeurs d'emploi se disent les plus aptes à en hériter la mémoire plus que centenaire L'affaire des palmeraies domaniales à la ville de Jemna (gouvernorat de Kébili)
Des habitants de la localité de Jemna, dans le gouvernorat de Kébili, au Sud de la Tunisie, que nous avons pu rencontrer, dernièrement, ont exprimé leur mécontentement face à l'escamotage médiatique dont avait été l'objet l'affaire des palmeraies domaniales ou étatiques situées dans les environs de cette localité, un grand centre de production et de commercialisation des dattes du pays. D'après les informations qu'ils nous ont communiquées, il s'agit de palmeraies domaniales dont certaines remontent à l'époque coloniale, qui sont exploitées, à titre de location, par une société de développement agricole appartenant à des gens nantis et des plus fortunés du gouvernorat de Kébili, outre leurs relations directes avec des personnes louches et influentes de l'ancien régime de Ben Ali. Les habitants de Jemna remettent en cause la valeur du contrat de location sur lequel les exploitants actuels de ces palmeraies se sont appuyés devant certains médias dont la télévision nationale, pour légitimer et fonder ‘'juridiquement'' leurs soi-disant droits d'exploitation. Camouflage de la spoliation Selon nos interlocuteurs, tous d'âge mûr et connaissant parfaitement la situation, le contrat de location en question, à l'instar de tous les contrats de location similaires des fermes domaniales dans le pays par les sociétés de développement agricole, servait à camoufler juridiquement la spoliation des terres domaniales et à permettre aux riches de s'enrichir davantage aux dépens des classes pauvres et défavorisées. Les exploitants appartiennent, en effet, à la caste minoritaire riche et influente du gouvernorat du Kébili , dont des membres ont été mis en mesure d'exploiter diverses concessions agricoles du genre, au moyen de la corruption et de la malversation. Les termes du contrat en constituent, selon eux, une preuve tangible puisque le hectare de palmeraie est loué à la somme dérisoire de 80 dinars par an, alors que le seul pied de palmier dattier de la variété de dattes supérieures appelée deglet ennour, rapporte plus de 150 dinars par an. Les palmeraies domaniales en question sont constituées de palmiers dattiers de la variété de deglet ennour, tandis qu'un hectare compte des centaines de pieds de palmiers dattiers. Pour plus de justice et d'équité et en consécration des principes de la révolution populaire du 14 Janvier, les habitants proposent que ces palmeraies étatiques soient reprises et redistribuées, sous forme de parcelles, aux jeunes demandeurs d'emploi de la ville de Jemna, parmi lesquels beaucoup sont des diplômés du supérieur, et pour certains dans des spécialités agricoles. Caractère affectif Une palmeraie en particulier revêt une dimension historique et un caractère affectif pour les habitants de Jemna. Elle avait été créée à l'époque coloniale, par un colon français qui était appelé ‘'el mouammer'' (le colon).Elle avait pu croître grâce au travail des ouvriers agricoles de Jemna. Lors du collectivisme des années 1960, les habitants l'avaient achetée au moyen de sacrifices énormes, dans le but de l'exploiter collectivement, mais après l'arrêt du collectivisme, l'Etat l'avait cédée à la société tunisienne d'industries laitières (STIL), avant d'être rattachée aux domaines de l'Etat et louée, dans les termes signalés, avec d'autres nouvelles palmeraies domaniales créées à l'initiative de la STIL avec la participation d'ouvriers agricoles de Jemna. Cette palmeraie est citée dans certains essais et livres d'histoire français, comme étant l'endroit où trouva la mort, durant la deuxième guerre mondiale, un lieutenant français de l'armée française appelé, alors, par les habitants ‘'bou guézaza (l'homme au monocle), en s'opposant à la tête d'un groupe de soldats de l'armée française, à l'avance d'une colonne de l'armée italienne. Une croix signalant sa tombe était restée posée à cet endroit jusqu'à l'indépendance de la Tunisie en 1956.