• Le chef de l'établissement s'accroche toujours à son poste et les enseignants votent pour sa destitution ! - Depuis l'arrêt des cours le 11 janvier 2011 et la reprise des examens du premier semestre, entamée début février, les études ne redémarrent toujours pas ou presque pas à l'Institut Supérieur des Sciences Humaines (l'ancien Lycée Ibn Charaf). Jusqu'à hier samedi, les salles de l'établissement sont quasiment désertées, sinon les cours fonctionnent avec 1/10ème de leur effectif habituel. Certains professeurs qui n'accueillent qu'un ou deux étudiants les retiennent et dispensent leurs leçons comme du temps où toute la classe était là. Pourquoi ce retard dans la reprise du cours normal des études à Ibn Charaf alors qu'à quelques dizaines de mètres de là, à la Faculté du 9 avril par exemple et dans d'autres Instituts voisins, l'assiduité est à plus de 70 % de l'effectif ? Nous avons tenté de comprendre les raisons du blocage auprès des premiers concernés, en l'occurrence les étudiants. Les professeurs nous ont également fait part de leur évaluation de la situation ! Nous nous sommes entretenus par ailleurs avec le directeur de l'Institut, M. Mohamed Néjib Boutaleb, lequel semble faire l'objet ces derniers jours d'une campagne violente appelant à sa démission. Les étudiants : « C'est le directeur et non les professeurs que nous contestons ! » Pour une partie des étudiants (notamment les syndicalistes), l'heure des comptes a sonné pour le directeur de l'institut et quelques uns de ses proches collaborateurs (notamment le secrétaire général de l'Institut). Selon ce groupe, les responsables visés doivent quitter leurs postes actuels parce que durant leur exercice, ils ont très mal géré l'établissement et ont spolié plusieurs droits des étudiants. Au sujet de M. Boutaleb, le directeur, ils ne contestent nullement sa valeur scientifique et le condamnent uniquement en tant qu'administrateur. En ce qui concerne la reprise des cours qu'ils subordonnaient jusque-là au départ du chef de l'établissement, les représentants syndicaux des étudiants promettent de réintégrer les salles à partir de demain lundi 21 février sans pour autant renoncer à leur revendication essentielle. « Nous nous contenterons dorénavant de la pause entre midi et 14 heures, pour manifester notre colère contre l'administration », affirme l'un des représentants des étudiants au Conseil Scientifique de l'Institut. Les professeurs votent le départ du directeur Les professeurs, eux, sont plutôt partagés sur la question du départ de M.Boutaleb et sur son opportunité à l'heure où l'urgence consiste à ramener les étudiants aux cours. En tout cas, et depuis la semaine dernière, une partie des enseignants a accéléré le départ du responsable du service financier autour duquel une pétition circula quelques jours auparavant. Aujourd'hui, le même problème semble se poser avec le directeur de l'établissement dont certains exigent la démission immédiate et l'accusent de mauvaise gestion, d'abus administratifs et financiers et même moraux. Le torchon brûlait déjà depuis longtemps entre ce responsable et certains syndicalistes ou/et membres du Conseil scientifique. Au moins trois réunions eurent lieu depuis fin janvier entre professeurs sans vraiment aboutir à une décision claire et unanime concernant M.Boutaleb. Hier, samedi, on a fini par appeler à un référendum des enseignants : ces derniers devaient ainsi se prononcer pour ou contre la démission du directeur. Aux dernières nouvelles, et à la lumière des résultats du vote organisé, ce dernier a été gentiment prié de présenter sa démission. Sans quoi, les votants se verraient obligés de le destituer eux-mêmes de sa fonction pour, disent-ils, le bien de l'établissement. Le directeur : « Mes détracteurs sont ingrats et minoritaires ! » Vendredi après-midi, nous avons eu un bref entretien téléphonique avec M. Mohamed Néjib Boutaleb au cours duquel il a affirmé qu'il ne voyait aucun mal à ce que désormais les responsables administratifs de l'établissement soient élus. « Je suis moi-même adepte de la démocratie, mais qu'on sache au moins que ma désignation à la tête de cet institut est amplement méritée vu mon statut scientifique et mes compétences de bon gestionnaire. On ne doit pas non plus passer sous silence mes sacrifices consentis au profit de l'établissement : pendant la période des violences et des pillages successive à la Révolution du 14 janvier, j'ai risqué ma vie pour préserver l'Institut et ses biens. Pour ce qui est des étudiants qui exigent mon départ, constituent-ils une majorité parmi leurs camarades ? J'ai moi-même été étudiant et syndicaliste ; j'ai toujours dialogué avec les syndicats et défendu les étudiants et les professeurs. N'est-ce pas ingrat après tout cela, de me couvrir d'insultes et de m'accabler de reproches et d'accusations ? Nonobstant ces attitudes malveillantes, j'ai déjà reconnu mes torts et présenté mon mea culpa lors d'une réunion avec tous les professeurs. J'en ai encore pour très peu de temps à la tête d'Ibn Charaf. Après ce délai tout proche, je cèderai mon poste au nouveau directeur élu. Mais je reste persuadé qu'à Ibn Charaf, ce n'est pas la majorité qui souhaite ma destitution. Seuls quelques uns mettent toute leur énergie à la provoquer ! » Et la reprise effective alors ? En attendant donc que la situation se débloque, les études à l'Institut risquent d'enregistrer de nouveaux retards ; à moins que les étudiants ne décident, comme promis, de réintégrer les classes en masse à partir de ce lundi. S'ils ne le font pas, ils seront à coup sûr les gros perdants de la crise. N'anticipons pas et croisons les doigts pour que la semaine rentrante soit enfin celle du vrai redémarrage de l'année universitaire à Ibn Charaf.