Plusieurs terres domaniales appartenant à des sociétés de mise en valeur agricole et des lotissements techniques ont été pillées et saccagées dans certaines zones agricoles du Cap Bon. Depuis le 14 janvier, on a assisté à des actes et pratiques intolérables dans ces domaines agricoles qui visent des techniciens et des ingénieurs propriétaires de sociétés de mise en valeur agricole et de lotissements techniques. Il faut de l'ordre dans ces terres domaniales qui contribuent énormément à assurer l'autosuffisance alimentaire du pays. Abdallah Rabhi, commissaire régional à l'agriculture de Nabeul : «Les proches de la famille élargie du président déchu en ont profité pour acquérir des centaines d'hectares» Les terres domaniales couvrent 28 mille hectares au Cap Bon dont 30% sont répartis sous forme de sociétés de mise en valeur agricole et des lots techniques soit 8.700 hectares qui ont été octroyés à l'époque précédant la révolution. « C'était la politique de l'Etat qui a commencé bien avant 1987 de distribuer des terres domaniales agricoles aux techniciens et ingénieurs nous explique Abdallah Rabhi commissaire régional d'agriculture de Nabeul. Il est vrai qu'une poignée de privilégiés proches de la famille élargie du président déchu ont en profité pour acquérir des centaines d'hectares. Ces prédateurs représentaient les familles Ben Ali et Trabelsi tels que Mehdi et Kais Ben Ali. Mais il n'y a pas que le clan de Ben Ali qui a profité de la manne, d'autres personnes proches du pouvoir ont bénéficié et ont eu leur part du gâteau notamment du côté de Takelsa, Bouargoub et Khangat El Hajaj. Ceci n'empêche que tout le monde a été mis dans le même sac et là je pense à ces ingénieurs et techniciens qui exploitent les terres domaniales ce qu'on appelle un «lot». Eux non plus n'avaient pas échappé à la vague de prédations sauvages notamment du côté de Chames et Beni Khaled. Cinq exploitations ont été saccagées et pillées. Ces ingénieurs ont loué des parcelles appartenant aux terres domaniales selon un cahier de charges. Ils sont dans la légalité. Leur travail doit être respecté pour l'intérêt du pays et nous devrons aider ces jeunes promoteurs à travailler dans la sérénité et la sécurité. Il faut dire que ces fermes ont un grand apport dans l'amélioration et la consolidation de notre production agricole. Des procédures juridiques seront appliquées pour la restitution de ces terres domaniales saccagées ou pillées.» Mais quelle stratégie doit-on suivre pour mettre de l'ordre dans ces terres domaniales? «A mon avis ajoute M Rabhi, il faudrait organiser une grande consultation à l'échelle nationale en tenant compte des besoins du pays. Nous devons penser à nos jeunes diplômés sans occulter le rôle économique de ces terres domaniales qui doivent cadrer avec la stratégie nationale en matière de production. On ne peut pas les diviser car notre agriculture souffre de plus en plus de l'exiguïté des parcelles. Il faudrait établir des cahiers des charges dans la transparence et la légalité auxquels seront soumis ces jeunes promoteurs qui doivent s'engager dans certains types de production dont le pays a un besoin particulier mais avec aussi des lignes de crédits bien étudiées» Débordements Mouldia Harb ingénieur à Béni Khaled exploite un domaine à Beni Khalled : « Ce vandalisme gratuit m'a coûté 30 mille dinars et je suis incapable actuellement de trouver des fonds pour réparer ces dégâts » Mouldia Harb ingénieur à Béni Khaled qui exploite un domaine à Beni Khalled a vu son exploitation pillée et saccagée au cours des derniers événements survenus dans la région. « J'exploite un lot de 43 hectares d'arboriculture. J'ai fis dernièrement l'objet de pillage et de saccage de toute l'exploitation. Certains ont profité de la situation pour saccager tout mon matériel agricole. Ils ont détruit le hangar et les câbles électriques. Ils ont volé les intrants, les engrais et les machines agricoles et toute la production oléicole. Ce vandalisme gratuit m'a coûté 30 mille dinars et je suis incapable actuellement de trouver des fonds pour réparer ces dégâts. Je suis traumatisée et je le répète je travaille sur un lot de l'Etat qui est loué selon un cahier de charges. Ce que j'ai vécu ne peut contribuer au développement du pays car ces lots nous ont été distribués pour répondre aux exigences du pays en terme d'autosuffisance dans des produits considérés comme stratégiques du point de vue de notre sécurité alimentaire.» Mahmoud Chahed, ingénieur agronome à Zaouiet Djedidi : «Ils voulaient confisquer mes 14 hectares d'agrumes» Mahmoud Chahed, un ingénieur agronome à Zaouiet Djedidi à quelques kms de Beni Khaled a été interdit d'entrée dans son domaine « Je n'ai pas pu rejoindre mon exploitation. Ils étaient nombreux à me barrer la route. Ils voulaient confisquer les 14 hectares d'agrumes alors que c'est une ferme relevant des terres domaniales et qui est louée sous la dénomination de société de mise en valeur agricole. Ils en ont profité pour saccager le matériel agricole et voler les engrais même le fermier de l'exploitation n'a pas été épargné. Sa famille a été mise dehors. C'est intolérable. J'ai saisi la justice pour mettre fin à ce désordre et à cette bolchevisation des terres »