«C'était une des rares grandes stars populaires du cinéma français», confiait lundi le producteur Alain Terzian en apprenant le décès d'Annie Girardot. L'actrice, née en 1931, s'est éteinte lundi à Paris. «Paisiblement», selon sa fille. On savait depuis 2006 qu'Annie Girardot était atteinte de la maladie d'Alzheimer. Le journaliste Nicolas Baulieu, ami de longue date et auteur du documentaire Ainsi va la vie (2007) -bouleversante plongée dans l'intimité de l'actrice dans ses dernières années, garde l'image de «quelqu'un de simple et d'accessible, qui ne se prenait pas pour une star, malgré sa notoriété -phénoménale». Si elle donnait dans certains de ses films l'image d'une femme énergique et déterminée, Annie Girardot a connu de nombreux déboires dans sa vie. Son père meurt quand elle n'a que 2 ans. Son mari, le comédien italien Renato Salvatori, la bat. «Elle n'a jamais eu de chance avec les hommes», confirme Nicolas Baulieu. Une présence en pointillé «A force, son métier est devenu toute sa vie, reprend le journaliste. Et c'est pourquoi sa maladie a été cachée le plus longtemps possible aux professionnels, qui se seraient détournés d'elle.» Mais on se doutait qu'elle n'allait pas bien. Le réalisateur Jacques-Rémy Girerd dirige en 2000 Annie Girardot pour enregistrer l'une des voix de son premier long métrage d'animation, La Prophétie des gre-nouilles. «J'étais frappé par sa présence en pointillé. Elle alternait les moments où elle était l'immense Annie Girardot qu'on connaît et d'autres où on aurait cru une petite fille un peu perdue, qui s'accrochait à mon bras en demandant: Il est passé où, le réalisateur?» Peu de temps après, Annie Girardot se faisait souffler ses textes dans des oreillettes pour continuer à jouer. «Quand j'ai terminé mon documentaire, en 2007, j'ai bien vu que j'avais affaire à quelqu'un qui ne connaissait même plus son nom», regrette Nicolas Baulieu.