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Véhémentes protestations contre les projets préjudiciables… et compromettants
Eveil des consciences à Djerba
Publié dans Le Temps le 24 - 03 - 2011

Dimanche dernier, 20 mars, des habitants du village de Ben Mâagal, au sud-est de l'île de Djerba, au nombre approximatif d'une centaine, ont décidé de briser le silence et de se constituer en front pour dénoncer quelques exactions criardes perpétrées depuis quelques temps dans leur région, et dont les auteurs sont allés malheureusement loin en besogne, aidés par le silence passif, sinon la complicité manifeste de certains acteurs institutionnels. Ce matin-là, ils ont marché pacifiquement vers les lieux de l'outrage pour manifester leur condamnation virulente d'une telle nuisance, pour dire leur refus catégorique de laisser encore faire ; ils ont pris le soin d'y inviter le maire de la ville et un huissier notaire pour faire constater les dégâts, car ils envisagent d'intenter une action en justice contre les fauteurs. Cette action citoyenne et responsable a concerné en premier lieu le projet entrepris dans la zone d'Aghir au sud-est de l'île par un promoteur hôtelier et consistant en l'implantation de deux épis dans la perspective de remédier au déficit sédimentaire et de renflouer de sable la plage de son unité.
M. Mongi Bourgou, géographe, géomorphologue, professeur des Universités spécialiste de la géographie des littoraux, expert dans de nombreux projets d'aménagement auprès de l'Agence de Protection et de l'Aménagement du Littoral, consulté à l'époque par l'Association pour la Sauvegarde de l'Île de Djerba pour avis, a déploré le recours de ce promoteur à une telle démarche palliative, du reste très coûteuse, car elle ne constitue pas la meilleure solution pour remédier au déficit sédimentaire. En effet, autant un épi dissipe l'énergie des vagues, freine la dérive littorale active et bloque le transit sédimentaire favorisant de la sorte l'élargissement de l'estran en amont, autant il accélère l'érosion dans la partie avale, déclenchant ainsi la dégradation de la plage, ce qui nécessitera avec le temps l'implantation d'autres épis pour sauver les secteurs affectés par l'érosion, d'où le gâchis esthétique dû à la défiguration du littoral. Dans ce cas d'espèce d'Aghir, la situation, selon Professeur Bourgou, est encore plus grave dans la mesure où on a affaire à une dérive littorale monodirectionnelle du fait de la prééminence tant en fréquence qu'en force du courant de vent venant du Nord-Est, et qu'il est question d'une région souffrant déjà d'un déficit sédimentaire côtier très inquiétant. De ce fait, les autres parties du rivage seront en manque de sédiments et soumises à une activité érosive très accentuée, les autres hôtels installés de par et d'autre du lieu de l'outrage se trouveront donc lésés, lourdement pénalisés, et la plage publique fréquentée par les habitants de la région à jamais compromise ; de surcroît, la station de l'ONAS et le site archéologique de Méninx en paieront chèrement les frais et connaîtront à long terme un avenir alarmant. Un tel ouvrage, au lieu de remédier au mal majeur du déficit sédimentaire, aura le triste mérite de gêner les échanges sédimentaires entre les différentes parties du rivage et dérèglera le transit des sédiments venant de Sidi Garous à l'est de l'île, ce qui contribuera à la raréfaction, voire à la fuite des sédiments vers Ras Marmour, dans la presqu'île de Zarzis.
Deux autres projets, non moins compromettant de l'écosystème insulaire, ont été ce jour-là la cible des protagonistes de cette action dissuasive. En effet, à cinq kilomètres du lieu du premier outrage, d'autres promoteurs, non moins coupables, ont enfreint le règlement en vigueur, forts du silence passif, sinon de la complicité révoltante de qui de droit, et ils sont parvenus à mettre sur pied leurs projets : un immense hangar y a été aménagé pour servir d'abri aux avions ULM, et un peu plus loin des bungalows pour la location ont été mis en place par l'autre promoteur , le tout construit en dur dans une zone fragile, classée dans la liste de Ramsar des zones humides d'importance internationale, dont notre pays est une partie contractante et dont les clauses recommandent entre autres l'exploitation rationnelle de ces espaces en y interdisant toute construction en dur. L'Assidje a réagi promptement à tous ces cas de figure, en dénonçant auprès de qui de droit ces outrages répréhensibles : au maire et au délégué de Midoun, au gouverneur de Médenine, au directeur de l'Agence de la Protection du Littoral, et aux ministres de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques, de l'Environnement et de l'Equipement. La démarche de l'Assidje a été couronnée par la tenue de deux réunions, le 05 mars 2010 au siège de la délégation de Midoun et le 13 mars au siège de la commune, auxquelles ont été convoqués les directeurs régionaux des services concernés et l'Assidje pour débattre de la question. Il est navrant de signaler que de tout ce dont il était convenu, rien malheureusement n'a été respecté et honoré.

Un éveil de conscience salvateur et un exemple à suivre

L'île de Djerba, depuis longtemps déjà, est en proie à des exactions qui l'ont métamorphosée et qui risqueraient de compromettre irrévocablement son écosystème : son littoral, pris d'assaut par des promoteurs de tous genres, est continûment agressé et constamment convoité j; ses belles dunes bordières, qui étaient de véritables réserves de sable et des éléments d'équilibre et de stabilité des plages, ont été arasées ; le béton rampe et gagne du terrain au détriment des terres agricoles ; la campagne s'urbanise d'une manière anarchique ; le site naturel constituant le potentiel essentiel à l'origine de la renommée de l'île se dégrade, à défaut de schéma directeur fixant les orientations fondamentales de l'aménagement du territoire et planifiant les modes d'organisations et de distribution de l'espace à l'échelle du territoire indivisible de toute l'île ; ses menzels grouillant jadis de vie tombent en friche, abandonnés à leur triste sort, avec leurs houchs qui s'étiolent et qui ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes ; les inégalables mosquées séculaires sont malmenées et profanées, sinon défigurées et enlaidies ; etc…. Tel est l'état des lieux prévalant dans cette île orpheline pour longtemps spoliée de ses richesses.
Pendant très longtemps, l'Assidje a dû faire cavalier seul, ramant contre vents et marées, face aux multiples dérapages et aux outrages incessants, contentant et satisfaisant les uns, tantôt décevant ou suscitant la colère des autres, mais parvenant quand-même à atténuer les dégâts et l'ampleur des nuisances qui auraient pu être plus graves . Maintenant, dans ce contexte post-révolution, à l'aube d'une nouvelle ère porteuse de justice, de liberté et de démocratie et que nous inaugurons avec espoir et optimisme, ces jeunes de Béni Mâagal, en entreprenant spontanément ce mouvement de contestation, dimanche 20 mars, ont voulu donner la preuve qu'ils ne peuvent plus se taire devant les abus et qu'ils entendent s'impliquer dans le processus de sauvegarde et de valorisation du patrimoine de leur île. Ce que ces citoyens îliens ont fait ce jour-là est innovateur, annonçant les prémices d'un éveil de conscience citoyenne indubitablement salvateur et de bonne augure.


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