Mounir JOMNI - En cette période post-révolutionnaire, la Tunisie est comme prise dans un « tourbillon politique ». Les événements se succèdent à un rythme effréné et chaque jour est porteur de son lot de nouveautés. Ceci se vérifie à plus d'un niveau que ce soit pour la création de partis, les nominations ou les révocations de responsables et les demandes et revendications politiques et sociales. Si les élections d'une Assemblée constituante ont constitué l'annonce fédératrice de la classe politique qui se considère dans la lignée de la Révolution, elle n'a pas, pour autant, tout réglé. Elle a plutôt soulevé d'autres problématiques liées à sa mise en œuvre et aux meilleurs moyens d'y parvenir. Mais, si le débat sur ce sujet est signe d'une certaine maturité et d'un attachement à l'intérêt du pays, d'autres questions soulevées, en ce moment, semblent plutôt, malvenues. C'est le cas des revendications sociales difficiles à réaliser, du moins sur le court terme et aussi des « provocations » qui veulent pousser vers un désordre sécuritaire. Entre persévérer sur la voie des réformes profondes pour rompre avec l'ancien système ; et éviter de tomber dans les pièges et les embûches semés par les contre-révolutionnaires ; doivent se situer, aujourd'hui, tous ceux qui sont attachés à la réalisation effective des objectifs de la Révolution. Quant à sa relation avec le gouvernement de Caïd Essebsi, la classe politique a intérêt à rester en relation dialectique et dans un état de réactivité positive. Car il est clair que pousser le seuil des demandes politiques et sociales à son extrême limite ne saurait constituer une politique. Ne rien demander l'est tout autant aussi. Les questions subsidiaires, inévitables, dans ce contexte politique très mouvant, ne devraient pas prendre une importance outre-mesure. Car ceci est de nature à faire perdre le fil conducteur et à brouiller les cartes. Ce gouvernement est venu pour réaliser l'objectif primordial de l'Assemblée constituante et il s'y est engagé formellement. Prenons, donc, acte tout en restant vigilants. Dans son passage télévisé, mercredi soir, Béji Caïd Essebsi a renouvelé cet engagement et s'est dit attaché à la date du 24 juillet. Quant à d'autres questions et malgré leur acuité et leur intérêt pour une large frange de Tunisiens, elles seront résolues à moyen et long terme. Le plus important est de maintenir le débat ouvert et que le gouvernement reste disposé à répondre favorablement à ces demandes. Le débat de mercredi ne saurait répondre à la totalité des préoccupations et des demandes car la politique est aussi l'art du possible. Mais ce débat, une première en Tunisie, est un bon début pourvu que cela se répète à une cadence régulière et à intervalles bien rapprochés.