En raison de l'échec des négociations concernant les revendications du collectif des médecins de la santé publique , à Sfax, avec les autorités régionales, le mouvement de grève ouverte qui s'est poursuivi jusqu'à hier risque de prolonger encore. Sept cents médecins entre internes, résidents et professeurs hospitalo-universitaires sont entrés en grève, à l'exception des médecins urgentistes ,depuis le mardi 5 avril en signe de protestation contre ce que les médecins contactés appellent climat de tension, détérioration des rapports entre le corps médical et une partie du corps paramédical et tendance à l'insubordination et au mépris du devoir « agissements qui se sont répercutés négativement sur la qualité des prestations fournies au sein de nos établissements de santé publique à Sfax », comme l'a souligné l'un de nos interlocuteurs, qui poursuit : « Cela fait longtemps que la tension règne aux CHU Habib Bourguiba et Hédi Chaker où le syndicat du personnel paramédical dicte sa loi et exerce une pression continue sur le corps médical, tout en assurant une protection totale et un soutien indéfectible à ses affiliés, alors qu'une frange parmi ces derniers se rend souvent coupable de négligence, d'absences inopinées et sans préavis durant le service, de détournement de médicaments réservés aux malades et même de non respect de la procédure de travail. Sans oublier les extorsions et autres pratiques de malversations et de chantage exercées à l'encontre des patients ou bien pour rendre des services illégaux comme les visites des citoyens à des heures indues, y compris la nuit. » Et nos interlocuteurs d'évoquer le cas, il y a quelque temps du viol par un employé de l'hôpital, d'une malade sous sédatif, « crime resté jusqu'à présent impuni, la personne en question n'ayant jamais été inquiétée pour son forfait » D'après nos interlocuteurs médecins, le syndicat du personnel paramédical s'est même arrogé indûment certains droits comme l'attribution des notes déterminant les taux des primes de rendement, aux lieu et place de chefs de service ou comme la gestion du stade Hédi Chaker, pourtant bien public, à la place de l'administration hospitalière. Mais ce sont deux faits récents qui ont mis le feu aux poudres et déclenché le mouvement de grève. Le premier, se rapporte à l'affichage par deux infirmières au sein de l'unité des brûlés relevant du service d'anesthésie-réanimation, à l'hôpital universitaire "Habib Bourguiba" d'inscriptions exigeant le départ du cadre médical et à sa tête le chef du service, Le deuxième fait qui a déclenché la protestation du cadre médical concerne la décision prise par « la commission de réconciliation, à laquelle les médecins n'avaient pas été invités, de désigner un directeur intérimaire au centre de transfusion sanguine, en remplacement de son directeur en titre », une décision contestée dans la mesure où la commission désignée auparavant par la ministre de la Santé pour statuer sur la question, ne s'est pas encore prononcée là-dessus. » Le mouvement de grève est appelé à se poursuivre jusqu'à nouvel ordre, c'est-à-dire jusqu'à l'aboutissement des négociations qui se sont engagées avec le gouverneur de la région. Les revendications s'articulent autour de trois axes principaux : le rétablissement officiel dans ses fonctions du directeur du centre de transfusion sanguine, le transfert des infirmières auteurs des affiches incriminées dans un autre service, le rétablissement de l'honneur du chef de service anesthésie-réanimation à l'hôpital universitaire "Habib Bourguiba" ainsi que le rétablissement de l'autorité et de la dignité des médecins quelle que soit leur catégorie et en particulier, les chefs de services, le tout en vertu de documents officiels cosignés par le gouverneur de la région et le directeur régional de la santé publique et les directeurs des deux centres hospitalo-universitaires de Sfax . Faute de quoi, et une fois puisées toutes les voies légales, « la démission collective sera notre ultime recours , sachant que nous avons sursis à nos revendications professionnelles et salariales, datant d'avant la Révolution», martèle un des interlocuteurs. Affaire à suivre