La situation en Lybie n'a jamais été aussi critique qu'elle ne l'est ces jours-ci ; les images qui nous parviennent font état d'un pays réduit à feu et à sang ; les témoignages recueillis auprès de quelques réfugiés libyens fraîchement arrivés font écho de répressions sans précédent et de monstruosités terrifiantes perpétrées par les brigades prokadhafi et les mercenaires sanguinaires et impitoyables qui n'ont pour d'autres consignes que de saccager, violer et tuer. Les villes des martyres, comme Misuratha et Zaouia en particulier, ne sont plus que ruines et désolation, soumises pendant les premiers jours des représailles aux bombardements intenses et maintenant aux tirs des obus. Les habitants, dans ces villes, vivent dans la terreur, gardant leurs logis qu'ils ne quittent que pour une course de première nécessité, sans être sûrs toutefois de pouvoir y retourner. Confrontés à la recrudescence de la violence des combats et craignant la folie meurtrière du colonel Kadhafi démoniaque, rancunier et vindicatif, beaucoup de familles libyennes ont quitté en détresse leur terre craignant pour leur vie et celle de leurs enfants. Depuis trois ou quatre jours, le flux d'arrivants libyens a considérablement augmenté, passant de quelques rares dizaines traversant les frontières en qualité de touristes des jours normaux, à des centaines fuyant en familles les horreurs et les atrocités d'un régime criminel et répressif. Le poste frontière de Dhiba a été le premier à accueillir le flux des réfugiés venant des villes voisines de Wazen et de Nalout, ou même de certaines autres villes de Jbel Nefoussa, comme Yefren un peu plus loin, empruntant des parcours non bitumés à travers les terrains vagues du désert pour échapper aux représailles des brigades pro-Kadhafi.
Rôle des habitants
Les habitants du gouvernorat de Tataouine avec ses villes et ses villages, avec ses scouts au rôle toujours avant-gardiste, ont répondu présents à l'appel du devoir humain et n'ont pas lésiné sur les moyens, ni sur les efforts, pour prêter mainforte à leurs frères libyens se trouvant dans un besoin pressant d'aide et d'assistance. Toute la population de la région est en train de faire montre d'un remarquable élan de solidarité illustré par une mobilisation sans calcul à laquelle nos frères libyens ne cessent de répondre par un témoignage de reconnaissance émouvant. Les familles, à Remada, à Tataouine ville, à Rogba, à Maztouria, à Smar, etc …, ont ouvert grandement leurs portes pour accueillir à bras ouverts des centaines de familles venant souvent en voiture. Le complexe de la Jeunesse de la Cité du Festival à Tataouine a consacré tous ces espaces pour abriter d'autres familles, et tout son personnel, entre animateurs et éducateurs, est à pied d'oeuvre pour meubler le temps et rendre le sourire à travers un programme d'animation et d'éducation au profit des enfants en rupture forcée avec l'école, impliquant des élèves des écoles de la région en guise de solidarité avec leurs camarades. A Ras Jedir, le flux est aussi important, et la crainte justifiée de la fermeture imminente des frontières par les autorités libyennes est derrière cette hâte à quitter le territoire avant qu'il ne soit trop tard, comme ont tenu à nous le dire quelques amis, connus pour être des opposants au régime, ayant pris le risque d'arriver par mer, de Zouara à Zarzis. Les voitures libyennes sont de plus en plus nombreuses à circuler dans nos routes et dans nos villes, à Ben Guerdane, à Zarzis, à Médenine et à Djerba. La chaîne humaine de solidarité qui s'est constituée lors de l'arrivée du premier flux de réfugiés égyptiens et des autres, est en passe d'être remise en place pour apporter les meilleurs services à nos frères libyens qui ont urgemment besoin de nous dans ces moments critiques de leur existence.