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La bonification géographique : une discrimination organisée
Orientation universitaire
Publié dans Le Temps le 26 - 04 - 2011

L'année scolaire semble sauvée. Le Bac se déroulerait comme prévu. Pour ceux qui le réussissent, la proclamation des résultats serait suivie par l'épreuve de l'orientation ; considérée à juste titre plus importante que le résultat du bac lui-même. C'est une phase critique et hyper décisive. Elle détermine les grandes lignes de leurs avenirs socioprofessionnels.
L'orientation est un concours entre les bacheliers pour accéder aux meilleures institutions, écoles ou facultés ; concours qui se décide sur la base de scores.
Le score d'un candidat désirant intégrer une institution d'enseignement dépend de ses notes au Bac, et de l'octroi ou non d'une bonification dite «géographique». Le candidat peut ne pas obtenir cette «bonification» selon l'appartenance géographique du lycée du candidat en rapport avec l'institution souhaitée. La valeur de cette bonification est égale à 7% d'un score calculé a partir des notes obtenues aux épreuves du Bac. La bonification est non plafonnée
Les prétextes historiques
L'instauration de cette bonification a été faite dans un contexte historique marqué par l'augmentation sensible du nombre d'étudiants et la réduction de la proportion des étudiants bénéficiaires des différents services sociaux de l'ONOU, tels que octroi et montants des bourses, hébergement, restauration etc.
Ainsi la bonification géographique a été justifiée comme moyen pour emmener les étudiants à effectuer des études dans des institutions non lointaines de leurs résidence familiales afin déclarent-on de modérer les effets financiers à supporter par les familles et résultants de la divergence des évolutions sus citées.
Il est intéressant de constater que malgré des décennies d'existence, il y a absence de publication d'études ou de rapports d'évaluation portant sur les effets de cette bonification, et de sa pertinence.
Contre toutes attentes, la récente réforme des calculs des scores opérée il y'a moins de deux ans l'a épargnée. Etablie depuis des décennies, cette bonification n'a jamais été acceptée par tous .Et pour causes.
Approximations et raccourcis
Tout d'abord, une objection de principe : cette bonification semble se fonder sur une transgression du libre choix des étudiants et de leur famille quant à l'établissement de leur priorité.
Aussi la logique de cette bonification se base sur des raccourcis et d'approximations, franchement discutables. Elle s'appuie de la fausse hypothèse d'une répartition géographique des institutions universitaires prises pour être en corrélation avec les données démographiques régionales. Elle considère que l'équivalence administrative des diplômes vaut équivalence en employabilité. Enfin elle stipule que pour un étudiant, vivre plus loin coûte toujours plus cher !
Y a-t-il vraiment une différence significative pour un étudiant d'effectuer ses études à 150 km, à 220km ou 340km. D'autant plus que les distances de référence sont celles séparants les centres des gouvernerats ; non des instituions universitaires et des lycées, ce qui offre parfois des situations anecdotiques.
Le montage de cette logique de « bonification géographique » aboutit à des injustices pour les uns et des privilèges pour d'autres. Discriminations qui se justifient par des considérations purement régionales
Les objections les plus importantes sont relatives aux effets discriminatoires que la bonification a institués. Deux types d'inégalités sont apparus comme conséquence :
- Inégalité à l'accès aux meilleures institutions pour une même spécialité (Faculté de droit de Sousse ou de Tunis par exemple) ;
- Inégalité pour l'accès à certaines études (médicine par exemple)
Les Priorités des familles
Depuis la mise en place de la bonification géographique, nombre d'éléments se rapportant aux études au supérieur ont évolués créant une nouvelle situation, où le coût supporté par les parents n'est plus l'élément déterminant pour se décider sur son orientation. L'évolution de la situation de l'emploi des diplômés, qui est devenue plus tendue au fil des années, a propulsée l'employabilité au devant de la scène en tant que facteur prioritaire dans le choix des études.
Le nombre d'étudiants migrants pour faire des études médicinales du Sénégal, en l'Ukraine en passant par le Maroc, avec les coûts qui vont avec ; en fournit une preuve bien convaincante. La remarque peut aussi être faites pour les études d'ingénierie, ou nombre de jeunes effectuent leurs études en Europe ou en Amérique du Nord.
Ce constat a lui seul reléguant le facteur coûts des études à d'autres priorités, autorise à discuter de la pertinence de la bonification géographique dans sa forme actuelle.
Bonification ou confinement ?
La création de nouvelle instituions d'enseignement supérieur emmenant le nombre d'universités à 13 contre 6 en 1996, Institutions qui sont peu connues par les employeurs, puisque nouvelles, sans grandes traditions, puisque récentes, ni beaucoup de contacts avec le monde économiques puisque ont peu de diplômes en activité. C'est parmi ses nouvelles universités aussi que l'encadrement académique est parfois limité en nombre et en niveau : Logiquement, et dans le cadre d'une orientation accordant une plus grande autonomie aux universités ; ce sont les diplômés de institutions qui doivent avoir le plus de difficultés d'accéder à l'emploi. Le déséquilibre structurel dans la répartition des institutions universitaire sur le territoire en terme de palmarès « informel » d'employabilité des diplômés, et aussi en terme d'enseignement de spécialités.
«Encourager» un élève dont le centre du gouvernorat du lycée est proche de ces institutions naissantes, c'est limiter, dans les faits, son ambition de poursuivre les études dans les meilleures institutions du pays, c'est-à-dire le pénaliser. Ainsi la bonification géographique s'apparente davantage pour des centaines voir des milliers d'étudiants à un outil de confinement social.
L'évolution qu'a connu le système de l'enseignement supérieur couplé avec la situation de l'emploi des diplômés ont rendu, dans les faits, cette bonification un handicap aux uns et un avantage aux autres pour accéder au institutions à meilleure employabilité.
Une telle situation semble bien, aux yeux de la morale de l'éthique non équitable. Il serait d'ailleurs intéressant de connaître l'avis du tribunal administratif si la question lui serait soumise.
La logique qui prône le choix de sacrifier une partie substantielle de ses chances d'accéder à un potentiel statut socioprofessionnel et à avoir des meilleures possibilités de décrocher un emploi, sous prétexte de faire une économie sur les frais liés aux études ; cette logique peut ne pas convaincre tout le monde.
Il est bien curieux de relever que les études dans les écoles d'ingénieurs après les concours des classes préparatoires sont exemptées de cette bonification. Cette exemption rend la lecture des motivations de cette bonification plus limpide et dévoile des objectifs moins nobles.
Bonification géographique ou discrimination régionaliste
La valeur de la bonification géographique est de 7%. Et c'est énorme. Pour un élève ayant au bac, la mention Bien ou Très bien, 7% a le même effet sur le calcul des scores que d'ajouter un point ou plus dans toutes les matières, et autant dans la moyenne générale.
En se basant sur le guide d'orientation à l'intention les bacheliers 2010, et pour les études de médecine, prises a titre d'exemple (page 45 version arabe), on observe que la différence entre les derniers scores des admis dans deux facultés est de 10 à 12 points, ce qui correspond aux 7% de bonification.
La signification de ces chiffres est que les études de médecine ont été refusées pour des élèves ayant une moyenne au Bac de l'ordre 16.5/20 , alors que d'autres élèves ont pu y accéder très légalement avec une moyenne au Bac et des notes inférieures d'un point. L'explication est régionale. Elle n'a rien à voir avec le mérite ni le talent.
Les résultats de l'orientation de l'été 2010 ont aussi confirmés le même phénomène accentué encore un peu plus.
La bonification géographique peut être ressentie comme une pratique discriminatoire à base régionale, en incohérence avec le principe de l'égalité des chances et en contradiction avec les valeurs de la justice sociale. Par se résultats la bonification régionale est un outil administratif qui légalise une politique régionaliste.
Réformer profondément
Il est à remarquer que cette bonification s'applique à toutes les formations dispensées par deux institutions ou plus similaires. Le taux de 7% est unique. Ces généralisations paraissent mal adaptées.
Devant une répartition déséquilibrée du tissu universitaire, le démantèlement de la bonification géographique relève du respect des principes moraux voir juridique, de justice et d'égalité.
A court terme, c'est-à-dire pour l'orientation de l'été 2011, l'abolition de la bonification régionale est urgente pour les études sélectives. Pour les autres études le taux de 7% est trop élevé et fausse la compétition nationale qui est le Bac, c'est un handicap indéniable pour les uns et un avantage substantiel pour les autres. Ce taux devrait logiquement être réduit à une valeur symbolique de l'ordre de 2 % et la bonification plafonnée a 3 points.
A moyen terme, et dans l'attente d'une reforme plus générale de l'enseignement supérieur, une refonte du système d'orientation est nécessaire. L'orientation ne peut continuer a avoir le caractère trop décisif et s'appuyer sur un événement unique de la scolarité : Le Bac. L'orientation peut intégrer les profils scolaires et les dossiers pédagogiques des élèves et se baser sur ses éléments les objectifs : les classements en scolarités et non les moyennes. Moyennes souvent décrédibilisées par une supposée complaisance du corps professoral.
Le processus d'orientation peut aussi s'étaler dans le temps. L'organisation de concours pour les études médicinales, après une année de préparation est pratiquée dans plusieurs pays. Cela peut être appliqué et généralisé pour les études de gestion, et aussi pour les études de droit, citées à titre d'exemples.


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