Entre le ministre du commerce et du tourisme, Mehdi Haouas, soucieux de voir la Tunisie montrer plutôt son image rayonnante, en cette période exceptionnelle, et un marchand de tapis se montrant vivement inquiet face à l'avenir incertain de son activité, s'est ouverte, vendredi 22 avril, au parc des expositions du Kram, la première version post révolutionnaire du Salon national de l'artisanat, alias Salon de l'habit national et de la création artisanale et se poursuivra, durant dix jours, jusqu'au 1er mai. Son organisation pratiquement à sa date habituelle, avec un contenu plus étoffé et mieux ciblé, constitue, déjà, une performance, dans l'ambiance tumultueuse mais exaltante que vit, depuis quelque temps, la Tunisie, dans le prolongement de la Révolution du 14 janvier. Au milieu de décors en harmonie avec la fonctionnalité des produits présentés, l'exposition étale, somptueusement, les richesses connues et sans cesse revalorisées de l'artisanat tunisien dans les divers domaines : tapis, tissages, habit traditionnel et accessoires, meuble, poterie, céramique, bijoux, métaux, fibres végétales, mosaique, verre soufflé, bois d'olivier, objets de cadeau, décoration intérieure et extérieure… Les visiteurs, constitués de Tunisiens et de ressortissants étrangers, étaient très nombreux, dès le premier jour. D'autant que le Salon est axé, cette année, sur le volet commercial, avec la recommandation pour les exposants de l'espace commercial de s'approvisionner auprès des producteurs participant au Salon. Au total, 396 exposants participent à cette première édition post révolutionnaire du Salon national de l'artisanat, dont 318 exposants de produits finis et 13 exposants de matières premières et équipements. Ce Salon national de l'artisanat a enregistré, également, à titre gratuit, la participation de 48 exposants parmi les jeunes promoteurs bénéficiaires des mécanismes de financement et d'encadrements institués dans le but d'encourager les jeunes à s'installer à leur propre compte, outre les associations agissant dans le secteur de l'artisanat, les villages artisanaux du Den Den, à Tunis, de Oum Larayès à Gafsa, et du Kef, les collectifs d'artisans et d'artisanes des gouvernorats de Kasserine, Siliana , le Kef et Bizerte qui connaissent des difficultés particulières, ainsi que quelques artisans handicapés. Un espace intitulé ‘' Accueil et Information'' animé par l'ONA, l'Institut de la normalisation (INNORPI), le ministère de la femme, a été installé en vue de fourniir aux visiteurs intéressés, toutes les informations et les documents relatifs au secteur de l'artisanat, en ce qui concerne l'investissement, la formation, le financement, l'enregistrement des prototypes. Lors de la cérémonie d'ouverture, Mr Mehdi Haouas, ministre du commerce et de l'artisanat, a effectué une tournée à travers les différents stands du Salon, écoutant les observations et les doléances des exposants, et les incitant à tâcher de voir, dorénavant, le bon côté des choses. Il était entouré de MM. Hamadi Ben Sedrine, coordinateur de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA), Sofiance Tékaya, PDG de l'Office national de l'artisanat (ONA), ainsi que de plusieurs cadres du département. De l'avis de tous, les deux grands problèmes auxquels se trouve confronté le secteur de l'artisanat, en Tunisie, sont les difficultés liées à la commercialisation de la production, à l'intérieur comme à travers l'exportation, d'une part, et les coûts d'exploitation élevés , d'autre part. Selon un jeune promoteur en céramique, le chauffage du four de son atelier, au gaz de ville, lui coûte près de 250 dinars par semaine. L'écoulement de la production artisanale est lourdement affecté par l'arrêt de l'activité touristique. Environ 80% des achats des produits de l'artisanat en Tunisie sont effectués par les touristes. Les exportations ont, aussi, besoin de mesures de relance exceptionnelles. A cet égard, le ministre a informé les exposants de l'initiative de la Mairie de Paris, en France, consistant à mettre le parvis du bâtiment de la Mairie, à la disposition de la Tunisie, les 20 et 21 mai 2011, pour abriter une exposition tunisienne multidimensionnelle destinée à promouvoir le tourisme tunisien en France, et à laquelle sont invitées les entreprises artisanales tunisiennes. Améliorer les moyens de production Sur le plan intérieur, les prix des produits de l'artisanat restent élevés, comme l'a fait remarquer le ministre. Le coût élevé des matières premières, entre autres, y est pour beaucoup, mais des compressions sont possibles, notamment à travers l'amélioration des moyens de production et des méthodes de travail, à l'instar des métiers à tisser. Des recherches sont entreprises dans les établissements spécialisés pour développer des métiers à tisser plus performants et plus commodes, ce qui permettra aux ouvrières spécialisées dans le tapis, d'augmenter leur production, plus confortablement, et de gagner plus qu'elles ne gagnent actuellement, car elles sont payées à la tâche, au mètre carré, et une ouvrière produit, au maximum, entre un mètre carré et un mètre carré et demi, par mois. Une concurrence déloyale est livrée à plusieurs produits de l'artisanat tunisien par les articles similaires industrialisés et de très mauvaise qualité, importés de l'étranger, notamment de pays asiatiques, et vendus sur le marché intérieur tunisien à des prix bas propres à séduire la clientèle. Or, le secteur de l'artisanat en Tunisie est très structuré, par un cadre juridique et institutionnel évolué, de nature à garantir la qualité des produits artisanaux tunisiens. Des textes règlementaires définissent strictement la nature et la qualité des produits de l'artisanat et les activités artisanales, entre autres le décret du 29 novembre 2005 qui répertorie officiellement quelque 75 activités artisanales. Divers avantages, incitations et facilités sont aussi institués en faveur du secteur en matière d'investissement et de financement.