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60 % des chômeurs ont moins de 30 ans ; 281 entreprises ont mis la clé sous la porte ; augmentation des grèves à 155 % ; 85 % pour les grèves sauvages Affaires sociales- Le ministère de Mohamed Ennaceur fait le point
Le portefeuille ministériel confié à Mohamed Naceur est loin d'être une sinécure. Plusieurs dossiers sont à l'ordre du jour du calendrier du ministre des Affaires sociales. Il en a révélé quelques uns lors de la conférence de presse tenue hier au siège du ministère. Il était question de faire le bilan de la situation sociale du pays actuellement qu'il a décrite comme étant très précaire pour élucider par la suite ce qui a été fait durant les 100 jours de la constitution du gouvernement. Pour ce qui est de l'état actuel des choses, il y a lieu de s'alarmer, car avec la montée en flèche des revendications sociales de la période de l'après Révolution, la situation sociale n'a fait qu'empirer. Il devient dès lors nécessaire de réfléchir à des solutions fondamentales à des problèmes de fond qui minent de l'intérieur l'ambiance sociale dans le pays. Mohamed Naceur en est conscient puisqu'il livre, à la fin de la conférence son avis, non pas d'un ministre des Affaires sociales mais d'un simple citoyen à qui la question sécuritaire, sociale et économique importe. « Il ne suffit pas de se contenter d'observer la partie immergée de l'iceberg mais d'aller au fond des choses. La situation sociale dans notre pays mérite d'être révisée sur le court terme, le moyen terme et le long terme. Ce qui veut dire que des solutions devraient être données dans l'immédiat à certains problèmes quitte à réfléchir par la suite à des réformes qu'on doit apporter.» ?a-t-il dit. Le ministre a commencé par établir une sorte de bilan de la situation sociale qui a fait reculer les recettes économiques. « Plusieurs investisseurs étrangers et tunisiens ont affiché une certaine réticence depuis la Révolution. Car le calme était loin d'être retrouvé depuis quelques temps. 281 institutions ont arrêté leurs activités pendant la première période postrévolutionnaire. Le nombre des grèves a augmenté de plus de 155% à comparer à l'an 2010. Le nombre des participants était de 85% alors que ce chiffre était de 53% l'année dernière. On relève également une augmentation des grèves sauvages de 85% alors qu'elles n'étaient que de seulement 19%. Sans oublier les sit-in et les dépassements commis dans des lieux de travail. Des milliers de personnes sont venues réclamer des droits au siège du ministère depuis la Révolution. La situation était vraiment intenable, mais les employés ont su, heureusement retirer leur épingle du jeu pour que les choses reviennent quasiment à l'ordre depuis le mois de mars. » fait remarquer M. Naceur.
Ce qui a été fait pendant 100 jours
Le ministre des Affaires sociales a par la suite élucidé point par point les différentes réalisations du ministère depuis la constitution du gouvernement Caïd Essebsi. A commencer par la généralisation des aides sociales à toutes les familles répertoriées. « Avant, 135 mille familles recevaient une allocation familiale tous les trois mois. On a donc permis à toutes les familles listées qui sont au nombre de 185 mille de bénéficier d'une somme d'argent tous les mois et de la gratuité des soins. » dit-il. Il a rappelé que le ministère a planché sur le dossier de la sous-traitance dans la fonction publique qui n'est plus de mise désormais. « Les agents qui travaillent sous cet emblème seront intégrés dans les entreprises publiques où ils exerçaient. Idem pour les agents municipaux. » a-t-il dit en précisant par là-même que le SMIG et le SMAG seront revus à la hausse mais sans pour autant indiquer le taux d'augmentation. Pour ce qui est des négociations sociales le ministre a annoncé que les négociations sociales dans le secteur privé seront pour bientôt alors que celles du secteur public ont été déjà entamées. « Sauf que les augmentations progressives des salaires de la fonction publique seront observées pour une période d'un an seulement, puisqu'il reviendra au prochain gouvernement d'en fixer les taux et les procédures. » a-t-il expliqué.
Ce qui reste à faire
Le prochain gouvernement aura à prendre le train en marche pour mettre en pratique des solutions proposées par le gouvernement de transition. Cela concerne notamment le changement de la nature des aides apportées aux familles tunisiennes pauvres. « Il ne suffit pas de donner des aides sous forme d'allocutions familiales mais d'aider les personnes en questions de monter leurs propres projets en leur donnant la possibilité d'accéder à des prêts bancaires. » Dans la foulée le ministre a annoncé la création de l'Institut des études liées aux affaires sociales lequel aura pour mission de mener des enquêtes qui informeront de la situation sociale. « On ne peut opérer de changements sans avoir des chiffres exacts et non pas erronées sur la situation sociale dans notre pays. L'Institut est actuellement à pied d'œuvre pour mener une enquête sur les salaires et leurs rapports à la productivité. A mon sens il faut revoir la grille des salaires selon la compétence de tout un chacun et de sa productivité. » avance le ministre qui insiste sur le fait que les solutions à long terme devraient être envisagées à la lumière de données fiables sur la situation sociale dans notre pays. Et puis pour finir un souhait M. le ministre ? Il en a certainement, car M. Naceur espère un jour permettre à tous les Tunisiens, tous ceux qui en ont besoin de toucher une allocution familiale. Cela est possible si on met en place un socle de protection sociale où tout le monde paye pour que la minorité qui en a besoin en profite. Ça viendra. Mona BEN GAMRA