«Un jean ou une paire de baskets, c'est largement suffisant », témoigne un gamin- A la même heure, à quelques minutes près, le vendredi, le samedi et dimanche, vers 11h30-12h, on constate l'arrivée progressive par les rues Abdennasser, Charles De Gaulle, de Hollande, de Grèce, de mini-groupes composés de quatre, cinq jeunes, à peine adolescents, au même look vestimentaire, jogging, baskets, casquette d'un certain genre, même démarche blasée, déhanchement provocateur, sac à dos. Il y a même de très jeunes, à peine sortis de l'enfance, une dizaine d'années, beaucoup en rollers, que des garçons uniquement !!! Tiens donc, les revendications politiques sont-elles l'apanage unique du sexe masculin, alors que tout le monde chante cette parité conquise ?? Cigarettes en partage, y compris les très jeunes… Il suffit de s'approcher d'un groupe pour comprendre clairement qu'«on attend ». Puis des « amis » arrivent. On rejoint les alentours du Théâtre Municipal où se tiennent quotidiennement des mini-sit-in. On voit alors apparaître des bandes de jeunes nettement plus âgés, plus aguerris, visiblement plus préparés : cache-visage, masque médical, bouteille d'eau, rondelles de citrons. La panoplie du parfait émeutier prêt à l'affrontement et aux gaz. Aux aguets à certaines intersections. Et comme par magie, sifflets et jets de pierres en direction des cordons et des cars de la police. On connaît l'engrenage ; bousculade, grenades lacrymogènes, etc. Course poursuite à travers les rues avoisinantes. Scénario connu d'avance : on commence par brûler tout ce qui se trouve à portée de la main, sacs poubelles, détritus, déchets de chantiers, et systématiquement une guérite de garde de l'Ambassade de France !!! Les herses de protections sont jetées à travers les rues pour empêcher l'avancée des voitures de police, ainsi que des panneaux de signalisation. On arrache les pavés, nouvellement remis en place, et technique parfaitement mise au point, on casse les pavés prélevés en deux et cela devient une arme redoutable. Il suffit de bien observer les mouvements à partir d'une terrasse ou d'un balcon, pour s'apercevoir très vite d'une stratégie bien rodée : pendant qu'un groupe s'approche de policiers pour les provoquer par des insultes, des gestes incongrus, et des caillassages, d'autres contournent les pâtés de maisons pour essayer de piller des commerces déjà repérés. Visiblement des délinquants, de petite envergure, encouragés par des versements de quelques dinars par transfert de monnaie sur GSM (qu'eux-mêmes échangent en monnaie trébuchante chez les revendeurs de cartes prépayées), paquets de cigarettes distribués au vu de tous, avenue Bourguiba. Un pillage en perspective servirait de salaire. Interrogé un gamin me chuchote « un jean ou une paire de baskets, c'est largement suffisant ».
Rebelote lundi ??
Bizarre quand même que ces déchaînements ont suivi, de façon systématique, d'abord la déclaration de Rajhi, puis l'adoption par le gouvernement de l'article 15 concernant l'exclusion des élections des rcdistes, et enfin la condamnation de Imed Trabelsi. Lundi à 11h, heure privilégiée( ?), un très jeune couple se dispute devant un grand hôtel de l'Avenue, très vite séparé par des passants adultes. Brouhaha, quelques invectives échangées, de suite coups de sifflets à la mélodie particulière, et de façon spontanée, accourent de toutes parts, y compris ceux qui étaient « en attente » sur les escaliers du Théâtre Municipal, une bonne cinquantaine de jeunes au même look. Gros rassemblement, cris, des slogans anti Essebsi sont proférés, mais la mayonnaise ne prend pas. Echec de l'essai. Repli vers les bases d'origine, restent sur place quelques personnages à l'allure d'apparatchiks, la quarantaine, cravate sur bedaine, le verbe assez haut pour vilipender pêle-mêle le Premier Ministre, les journalistes, les policiers, les fonctionnaires toutes administrations confondues, des badauds acquiescent, d'autres prennent la relève pour mettre le doigt sur tel fait, tel mot prononcé, tel évènement. Jusqu'à ce que l'essai avorte ou réussisse……Signe avant-coureur que les commerçants surveillent pour savoir quand baisser les rideaux : lorsque les vendeurs à la sauvette ramassent leurs étals alors que tout semble calme. C'est que des messages sont arrivés et que l'engrenage se met en place…