Une angoisse profonde et une peur lancinante s'emparent de la majorité des Tunisiens, c'est-à-dire, les citoyens ordinaires pour qui la préoccupation majeure consiste à vaquer à leurs occupations quotidiennes dans la sécurité et la quiétude. Ils ne sont ni des professionnels de la politique, ni des activistes dans les associations de la société civile, mais sont au courant des évènements et suivent de près leurs développements et leurs incidences. Car, c'est la politique en fin de compte qui influe sur leurs conditions de vie et décide de leur amélioration ou leur dégradation. La Révolution est venue porteuse d'espoirs et annonciatrice de changements radicaux dans tous les domaines de la vie. Elle promettait démocratie, justice et liberté et augurait d'une ère nouvelle de dignité, de prospérité économique, de partage équitable des richesses du pays dans un climat de sécurité empreint du sens du devoir, du civisme et du dévouement au service de la patrie. Or, près de cinq mois après la Révolution, beaucoup de Tunisiens commencent à déchanter. Non pas par excès de pessimisme, mais parce que la réalité brosse un tableau réellement sombre. Quand la dérive sécuritaire atteint son paroxysme et que les sit-in et les grèves se multiplient à un rythme effréné entravant la relance économique et acculant des usines à fermer leurs portes, on ne peut que sombrer dans la sinistrose. Le comble est que la classe politique ou une partie d'elle, se trouve dans le collimateur et sujette à toutes sortes d'accusations. A vrai dire, l'échiquier politique ressemble en ces jours de post-Révolution à une arène où les protagonistes se battent à couteaux tirés. On ne sait qui veut la peau de qui ou les prétentions d'une partie ou de l'autre. On assiste à un vrai imbroglio inextricable où les coups bas sont permis et où l'ambiguïté prédomine. Or, comment expliquer cette soudaine dérive sécuritaire alors que les choses semblaient se tasser ? On insinue que des parties mettent le feu aux poudres et tirent les ficelles dans l'ombre. A cet effet, les rumeurs les plus folles circulent n'excluant pas le recrutement par certains partis de casseurs et d'émeutiers professionnels payés chacun, selon sa spécialité. En tout cas les accusations fusent de toutes parts sans qu'aucune partie, ni même le gouvernement provisoire ne peuvent, ou ne veulent donner des explications claires et précises. Y a-t-il des parties qui cherchent à précipiter le pays dans le chaos ? Et pourquoi ? C'est la question qui cherche encore une réponse.