Une ligue tunisienne pour la citoyenneté. Oui, on en veut bien pourvu que l'institution qui vient tout juste d'avoir son visa, s'en tient aux valeurs de la citoyenneté, les vrais, auxquelles elle appelle. Le but étant de vulgariser les différentes appréciations de la démocratie, celle qui permet à tout un chacun de vivre dans le respect des droits et des devoirs. C'est la raison pour laquelle la ligue est née. Histoire de sonder le pouls d'une société avide d'apprentissage démocratique, la Révolution étant à ses premiers balbutiements. Reste maintenant à faire les premiers pas difficiles dans le chemin tortueux et labyrinthique vers la démocratie. Suivez le guide. Il va sans dire que le Tunisien qui vivait pendant 50 ans pour ne pas dire plus, sous une autocratie a une faible culture politique et qu'il n'est pas préparé à la vie politique. La ligue telle qu'elle a été présentée par son président Chawki Tabib, avocat et ancien président de l'Association tunisienne des jeunes avocats, aidera les Tunisiens à faire leurs premiers pas dans l'appréhension du paysage politique. Comment peut-on, en effet, se reconnaître dans ce ‘'souk'' pré-électoral où les partis les meilleurs ne comptent que sur la démesure populiste ou encore sur le pouvoir séducteur de leurs leaders. Comment peut-on, également, choisir son candidat en conscience parmi les 67 partis déjà reconnus. C'est là toute la question à laquelle tente de répondre les membres de ladite ligue qui ont commencé par débattre du thème de la justice électorale à travers un cycle de formation donné il y a peu en collaboration avec le Centre Kawakibi de la transition démocratique. « On n'est pas là pour faire de la politique mais pour l'expliquer aux Tunisiens. Cela se fera à partir de cycles de formation, de brochures qu'on distribuera sous peu et à partir de nos rencontres périodiques avec les citoyens tunisiens où qu'ils soient pour l'accompagner dans ses premiers pas vers la démocratie. » explique Me Tabib. Contrôle des élections, où, quand et comment ? Dans la foulée, la ligue a organisé hier, en partenariat avec l'Observatoire tunisien pour la transition démocratique une table ronde autour du thème «Le contrôle des élections» Hamadi Rédissi qui s'est prononcé au nom de l'Observatoire a expliqué qu'il n'y aura pas de chevauchement entre les activités de la ligue et celles de l'institution qu'il chapeaute. « L'observatoire qui avait un rôle purement académique est sorti au grand jour après la Révolution. On s'est assigné comme tâche d'observer les acteurs politiques de l'avant élection de la Constituante. Trente chercheurs y planchent actuellement. » fait remarquer notre interlocuteur. Pierre Vergens, politologue belge a décrit les mécanismes généraux du contrôle des élections qu'il a déclinés lors d'un exposé. Il a insisté sur la nécessité de former des témoins représentant chaque parti qui contrôleront le déroulement des votes. Mais avant d'y arriver, il a passé en revue les principes fondamentaux d'une démocratie telles que l'obligation des élus de rendre compte de leurs activités et la nécessité de construire un système politique à travers la répétition des élections. « Les Tunisiens ne vont connaître leurs élus qu'après les élections de la Constituante. Et seule la répétition des élections mettra en ordre le système politique tunisien. Il est vrai qu'actuellement les Tunisiens sont dans le désarroi, mais je suis confiant, car le Tunisien sait réfléchir et décortiquer les propos des hommes politiques pour ne pas tomber dans le piège de certains tribuns.» dit il Il s'agit également d'éviter de refaire les mêmes fautes du passé. Et pour nous rafraîchir les idées Béchir Yazidi, universitaire nous a proposé un petit résumé de l'histoire du mouvement national tunisien, en ce sens où l'on a besoin de comprendre le passé pour pouvoir appréhender le présent et envisager l'avenir. « Au lendemain de l'indépendance, l'Assemblée nationale constituante a mis trois ans entre 1956 et 1959 pour élaborer la Constitution. Ils ont discuté de ce sujet dans seulement 19 réunions sur 52 tenues durant trois ans. Les articles de la constitution servaient les intérêts d'un parti unique et d'un seul président. » Pourvu que ça reste de l'Histoire et qu'elle ne se répète pas.