Le Temps-Agences - La Tunisie et l'Egypte révolutionnaires ont reçu hier, au G8 de Deauville (nord-ouest), la promesse d'une aide économique pour soutenir le printemps arabe, tandis que la Russie s'imposait en médiateur potentiel dans le conflit libyen. Traditionnellement opposée à toute ingérence, la Russie s'est résolue hier à réclamer le départ de Mouammar Kadhafi. La déclaration finale du G8 reflète ce changement spectaculaire de posture en affirmant que Mouammar Kadhafi «n'a pas d'avenir dans une Libye libre» et qu'»il doit partir». Mais le président russe Dimitri Medvedev, soucieux de réintroduire son pays dans le jeu diplomatique, a annoncé avoir aussi offert «sa médiation» à ses partenaires pour résoudre le conflit. Tout en rejetant une «médiation qui n'est pas possible avec M. Kadhafi», le président français Nicolas Sarkozy a admis que les Occidentaux, déterminés à finir le travail en Libye, avaient «besoin de l'aide du président Medvedev». La Russie s'est aussi empressée de préciser que la situation de la Libye était très différente de celle de la Syrie, dont Moscou reste l'un des principaux soutiens. La Libye et la Syrie sont vues comme les Occidentaux comme un obstacle potentiellement mortel à la propagation de l'esprit des révolutions tunisienne et égyptienne que le G8 veut encourager par une aide économique. C'était l'objet de la séance de travail d'hier matin, à laquelle étaient conviés les Premiers ministres de Tunisie, Béji Caïd Essebsi, et d'Egypte, Essam Charaf. M. Sarkozy a indiqué que «20 milliards» proviendraient des banques de développement (hors Fonds monétaire international) d'ici 2013, plus «une dizaine de milliards de dollars d'engagements bilatéraux» et «une dizaine de milliards des pays du Golfe» comme l'Arabie saoudite, le Qatar ou le Koweït dans un fonds financier spécialement dédié. Le G8 a voulu aussi promouvoir la démocratie plus au sud du continent africain en invitant Alassane Ouattara (Côte d'Ivoire), Alpha Condé (Guinée) et Mahamadou Issoufou (Niger), qui viennent d'accéder au pouvoir au terme de parcours démocratiques jugés exemplaires. Le G8 a enfin signé une déclaration commune avec plusieurs pays africains, dont le Sénégal, l'Algérie, l'Ethiopie, l'Afrique du Sud, se félicitant des progrès démocratiques sur le continent et appelant un renforcement de la lutte contre terrorisme, piraterie et trafics.