Je suis un vieux syndicaliste hospitalier du midi de ce beau pays qui est la France. Cela fait plus de vingt ans que je partage avec nombre d'amis tunisiens les espoirs et les souffrances qui hantent leur superbe contrée. Une nation moderne et arabe lance à mon cœur le chaleureux message de l'enthousiasme démocratique. Et je souffre bien sûr que cela soit passé par le sang des martyrs. J'aime trop la vie pour ne pas le dire. Je suis concerné par le travail que votre pays effectue. Je suis fier d'avoir vu que le monde arabo-musulman viendrait à bout de ses sordides dictatures. Je sais que mes enfants profiteront avec les vôtres des progrès de ce dur chemin qui consiste à construire un pays moderne, fécond, fier de ses origines comme de ses combats. La Tunisie de Bourguiba m'a plu quand elle a donné ce statut moderne de la femme. Elle m'a plu quand l'éducation généralisée a fécondé cette terre. Elle me plait dans son islam tolérant dont je découvre chaque jour les potentialités spirituelles. Cette terre me plait quand ses enfants s'acharnent à la moderniser sans état d'âme. Cette Tunisie que j'ai rencontrée par ses travailleurs hospitaliers, je lui souhaite bien sûr qu'elle continue à investir dans ses compétences humaines et techniques. Par exemple, en psychiatrie où ce pays a d'énormes potentiels : un réseau hospitalier de base, un réseau de dispensaires, un grand nombre de psychiatres, de psychologues, d'infirmiers compétents et capables d'exporter leur savoir-faire. En Tunisie, comme en France, nous débattons de ce qu'il faut faire pour les plus démunis de nos concitoyens. Plus de traitements ambulatoires, moins d'internements, des hospitalisations aux standards hôteliers de notre époque, etc… Nous en débattons et je ne doute pas que la soif de démocratie de ce pays si ancien et si moderne à la fois qui est la Tunisie apportera des solutions concrètes et efficaces. Les gens méritent partout de déstigmatiser la maladie, la maladie mentale aussi. Oui, je souris quelquefois des archaïsmes de certaines mentalités. Mais je dois dire que ce sourire est toujours bien accueilli et toléré partout où je passe en Tunisie. Je suis aussi fier qu'heureux de partager ce « printemps du monde arabe » avec vous mes amis de Tunisie. Un ami, un vieil ami, Français.