Le Temps-Agences- Le vote du plan d'austérité grec va permettre de débloquer dès aujourd'hui de l'argent frais, permettant d'éviter dans l'immédiat une faillite d'Athènes dont les conséquences seraient gravissimes pour la zone euro, toujours pas tirée d'affaire durablement. Un accord de principe a été trouvé pour débloquer la prochaine tranche des 110 milliards d'euros de prêts sur trois ans promis l'an dernier dans le cadre du premier plan de sauvetage grec, ont indiqué hier des diplomates européens. La part européenne de la tranche représente 8,7 milliards d'euros de prêts. Le Fonds monétaire international, qui doit rajouter 3,3 milliards, a également estimé jeudi pouvoir les débloquer «bientôt». La Grèce, assommée par son énorme dette, a absolument besoin de cet argent pour faire face à ses obligations de remboursement autour de la mi-juillet. Dans ce contexte, une source au ministère grec des Finances a jugé «positif» que la procédure «ait été accélérée». Jean-Claude Juncker a convoqué la téléconférence ministérielle d'aujourd'hui en remplacement d'une réunion initialement prévue le lendemain, estimant qu'il n'y avait plus de raison d'attendre. La Grèce a en effet rempli la condition posée par ses bailleurs de fonds: son Parlement a entériné mercredi et jeudi le programme d'austérité qu'ils exigeaient, prévoyant 28,4 milliards d'euros d'économies supplémentaires d'ici 2015 et une rafale de privatisations censées rapporter 50 milliards. La téléconférence permet «que ce soit court, non théâtral, opérationnel pour les marchés», a commenté l'un des diplomates, pour d'éviter aussi les déceptions: contrairement à ce qu'espéraient certains responsables, il n'y aura pas ce week-end de décision sur un deuxième plan de sauvetage d'une centaine de milliards d'euros supplémentaires, censé assurer le financement d'Athènes à plus long terme. Les ministres espèrent «avancer», mais «pas encore conclure», selon le diplomate. Il faudra attendre une autre réunion, prévue de longue date pour le 11 juillet. De grosses incertitudes subsistent sur le deuxième plan de sauvetage, même si des avancées semblent se faire sur l'un des points les plus controversés, la participation des banques et autres créanciers privés de la Grèce. Une proposition a été mise sur la table en France, envisageant deux options: soit le renouvellement de 70% des prêts consentis par les banques pour une durée de 30 ans, soit un renouvellement à 90% mais pour une durée plus courte, 5 ans. Les banques allemandes ont aussi ébauché un geste jeudi en s'engageant à prolonger tout ou partie de leurs 3,2 milliards d'euros de crédits à la Grèce arrivant à échéance en 2014. Josef Ackermann, le patron de la puissante Deutsche Bank, a toutefois reconnu que les négociations étaient «extrêmement complexes». Le vote du Parlement grec «réduit les chances d'un désastre à court terme, mais le pays reste dans une position précaire», estime Ben May, économiste chez Capital Economics. «Même si la question de l'implication du secteur privé est résolue, il y a des doutes sur la capacité du gouvernement à vendre 50 milliards d'euros d'actifs publics (...) et à mettre en œuvre les nouvelles mesures d'austérité», prévient-il. L'application de ces dernières sera surveillée de près par les experts européens et du FMI, dont de nouvelles missions à Athènes sont prévues au moins tous les trimestres.