On parle de l'éliminer l'année prochaine A partir de l'année scolaire prochaine, il n'y aura plus de 25 % dans le calcul de la moyenne générale du baccalauréat. C'est la rumeur qui circule depuis quelques jours dans le pays de bouche à oreille et sur les pages de Facebook, provoquant une vive controverse au sein des familles et parmi les jeunes, futurs candidats au bac. Rappelons que l'ajout des 25 % à la moyenne de l'examen du Bac a commencé depuis l'année scolaire 2001-2002. Cette mesure a été prise, en principe, pour venir en aide aux bons candidats ayant rencontré des problèmes le jour de l'examen qui peuvent se rabattre sur les 25 % de la moyenne annuelle pour se rattraper lors du calcul de la moyenne générale du bac. Mais avec le temps, l'expérience a montré les aspects négatifs de cette mesure, quoiqu'elle ait contribué à une hausse remarquable du taux de réussite d'une année à l'autre. Cependant, il faut voir le revers de la médaille ! Les 25 % ont eu un effet boomerang ! En effet, durant ces dix dernières années, le taux de réussite s'est amélioré certes, mais cela ne traduit pas objectivement le niveau réel des bacheliers. Depuis l'octroi des 25 %, supposés un facteur encourageant pour mieux susciter les élèves à travailler au cours de l'année afin d'obtenir une moyenne annuelle rassurante qui permet au candidat au bac d'affronter cet examen avec les meilleures chances, il s'est avéré qu'il ne s'agissait que d'un coup d'épée dans l'eau, dans la mesure où cette mesure dite à cette époque « présidentielle », n'avait servi que des intérêts politiques visant à consolider une certaine popularité du président déchu auprès des familles tunisiennes et des jeunes lycéens. La décision était donc dénuée de tout souci éducatif ou pédagogique susceptible d'améliorer le niveau général de nos élèves et par-là même redorer l'image de notre système éducatif dans le monde. Dix ans après, le constat semble affligeant ! En effet, si l'on cherche à dresser un état des lieux de la situation actuelle, on peut distinguer plusieurs anomalies causées par ces fameux 25 % insérés dans la moyenne générale du baccalauréat. Les constats qui suivent sont faits par des enseignants, des éducateurs et des pédagogues conscients de la précarité de la situation et soucieux d'une amélioration du système éducatif dans notre pays. D'abord, dès l'annonce de cette mesure en 2001, le phénomène des cours particuliers s'est amplifié d'une manière excessive et abusive. C'était comme un blanc-seing donné aussi bien aux parents qu'aux professeurs de recourir aux cours particuliers dans toutes les disciplines et d'en faire une nécessité absolue pour garantir une bonne moyenne annuelle aux élèves dont plus de 80 % sont inscrits dans ces cours particuliers qui coûtent souvent les yeux de la tête pour la majorité des parents rêvant d'une brillante réussite de leurs enfants. Il en résulte que les notes sont gonflées et les moyennes trimestrielles exagérées, sans jamais correspondre à la valeur réelle du travail fourni par l'élève. D'où la ruée anormale sur les cours particuliers et la banalisation des 18, 19 et 20/20 dans nos lycées ! Ensuite, avec l'avènement du 25 %, certains parents ont retiré leurs enfants des écoles étatiques pour les inscrire dans des boîtes privées, prétextant que là ils seraient largement et généreusement notés ! Et ils avaient raison ! Sinon comment expliquer qu'un élève médiocre n'ayant jamais eu sa moyenne au lycée étatique voit ses notes quadrupler ou quintupler dans une école privée, comme par magie ! Et par dessus le marché, cet élève déclenche son bac dès la première session et souvent avec une mention en sus ! Et dire que ce phénomène des cours particuliers qui gangrène notre système éducatif s'est propagé ces dernières années dans les facultés ! Et c'est logique, du moment que pas mal d'étudiants qui arrivent là trouvent des difficultés énormes à suivre les cours, étant propulsés vers l'université grâce à des moyennes faussées ! Les réactions C'est sans doute pour cette raison que des milliers de futurs candidats au bac ont manifesté leur refus catégorique à travers certaines radios et via face book dès qu'ils ont appris que le Ministère avait proposé récemment une éventuelle annulation de ces 25 % dès la prochaine année scolaire. N'empêche que c'est le vœu de pas mal d'enseignants intègres et consciencieux de voir un jour abandonner ces 25 % qui étaient à l'origine de la détérioration de notre système éducatif. Signalons que le syndicat de l'enseignement secondaire est pour l'annulation illico des 25 %. Il y a quelques semaines, Sami Taheri, Secrétaire Général du Syndicat de l'enseignement secondaire a déclaré à un journal de la place que la méthode de calcul de la moyenne générale du Baccalauréat, basée sur l'ajout de 25 % de la moyenne annuelle doit être révisée incessamment. Il a précisé que le Syndicat va appeler à supprimer cette mesure pour que la moyenne obtenue à cet examen national soit le seul déterminant de la réussite du candidat au Bac, car, selon lui, cette méthode de calcul a contribué à dégrader l'image et la réputation du Baccalauréat tunisien. Quelles solutions a proposé le syndicat pour sauver le bac ? Quels seront les nouveaux critères à adopter par le ministère de tutelle dans la réussite à cet examen national qui, à vrai dire, n'a pas seulement perdu de son charme mais n'a plus la valeur d'antan !