Anouar Brahem vient de participer à trois soirées au festival international de jazz de Montréal, ce qui lui a valu un accueil exceptionnel. La presse canadienne ne tarit pas d'éloges sur les prestations du luthiste. Le journal « Le Devoir » parle d'une « beauté immense ». « The Gazette » de « pure magie ». « La Presse » le qualifie de « mirador d'Afrique ». C'est la troisième fois consécutive que le festival de jazz de Montréal accueille Anouar Braham en lui donnant, fait rare, carte blanche pour trois soirées avec trois projets différents. Dans ce festival, considéré comme le plus grand festival de jazz au monde avec 1000 concerts, plus de 3000 musiciens provenant de 30 pays et environ 2 millions de festivaliers, notre luthiste national a présenté : « Thimar » avec le contrebassiste Dave Holland et la clarinettiste John Surman, « Le voyage de Sahar » avec l'accordéoniste Jean-Louis Matinier et le pianiste François Couturier et « The Astounding Eyes Of Rita » accompagné de Klaus Gesing à la clarinette et Bjorn Meyer à la basse. Le disciple de Ali Sriti ne s'est pas limité à la musique orientale. Il a fait évoluer son luth en le mettant à l'épreuve de la musique occidentale notamment le jazz, genre qui permet l'improvisation. Les fans n'en démordent pas, ils sont séduits par cette nouvelle adaptation d'un instrument qui fait voler en éclats toutes les idées reçues. A chacune de ses apparitions Anouar Brahem étonne et ne laisse pas indifférent. Interprète doublé de compositeur, il est fidèle depuis au moins deux décennies à l'esprit ECM, un label attaché à la musique libre et réputé pour son dialogue avec les musiciens de jazz et les Indiens. ECM a parié sur un musicien arabe Anouar Brahem fan de Mohamed Kassabji qu'il considère comme un grand maître ainsi que l'irakien Mounir Bachir qui a donné ses lettres de noblesse au oud grâce au « Taqsim ». Notre musicien incarne la première aventure culturelle avec un pays arabe. Une aventure qui a pris naissance en 1991 sans jamais s'altérer. Mais son voyage musical a commencé bien avant au conservatoire de Tunis, puis à Paris où il a passé quatre années. De retour au pays, il continue à jouer du oud. Mais face à un répertoire limité, il décide de se consacrer à la composition. Pour transgresser les frontières, Anouar Brahem s'associe avec des musiciens occidentaux qui enrichissent sa musique et apportent un souffle nouveau à ses compositions imprégnées des subtilités de la musique arabe. Au fil des ans, sa musique a considérablement évolué pour se rapprocher davantage au free jazz. Aujourd'hui reconnu aux quatre coins du monde, il poursuit son périple musical à travers les contrées et repart pour le North Sea Jazz Festival à Rotterdam en Hollande, Molde en Norvège et Istanbul en Turquie. Quand le reverrons-nous sur une scène tunisienne ?