Souad Mohamed, grande artiste égyptienne s'est éteinte le 4 juillet dernier à l'âge de 85 ans. Elle s'est retirée comme elle a vécu : discrètement mais dignement. Sa réputation a dépassé le cercle fermé où elle a choisi de rester, pour parvenir à tout le monde arabe, du Golfe au Maghreb. Je me rappelle en effet, qu'à la cité universitaire où nous étions à Paris, plusieurs étudiants arabes, prenaient du plaisir à écouter ses chansons, sur cassettes et disques à 45 tours. Il y avait également une troupe orientale au 18ième arrondissement et dont le chef était le fameux Maurice Mimoun, un cithariste tunisien de confession juive. Eh bien ce dernier aimait souvent jouer certains morceaux des chansons de Souad Mohamed. Si les jeunes de la nouvelle génération ne connaissent pas beaucoup cette talentueuse artiste, ils ont eu l'occasion d'écouter ses chansons, interprétées par d'autres chanteurs tels que Heni Mhanna qui a émerveillé tant de fois le public, au festival de Carthage, notamment par « Wahachtini », un vrai chef d'œuvre de la chanson classique orientale. Souad Mohamed, a réussi depuis quelle a débuté dans la chanson dans les années 50, et durant quarante ans, à avoir son propre cachet, avec une voix chaude,douce et limpide. Elle a pu conquérir le public par ses chansons qui n'étaient peut-être pas nombreuses mais qui ont marqué sa présence parmi les grands artistes de l'époque, tels que Faiza Ahmed, Najet Essaghira et surtout Om Kalthoum, la diva de tous les temps. Souad Mohamed était autant adulée que cette dernière .C'est une diva discrète et pathétique. Elle n'a pas eu, certes, la place au soleil qu'elle méritait, eu égard à son talent, et à ce timbre de voix qui lui était particulier, le tout drapé d'un charme noble, avec un zeste de fierté et surtout d'humilité. C'est ce qui explique peut être son choix de se consacrer plutôt à la vie familiale qu'à la vie artistique. Ses apparitions n'étaient pas en effet fréquentes, au cinéma (où elle joué le rôle de Achaïma sœur du Prophète) comme dans les galas. Cependant , certains critiques, la classent comme étant une interprétatrice plutôt qu'une chanteuse, car elle n'avait pas beaucoup de chansons personnelles, s'étant spécialisée surtout dans les « Mouachahat » ou les classiques orientales. C'est le cas de plusieurs artistes, tels que Sabbah Fakhri par exemple. C'est le cas également de Georges Wassouf qui a longtemps chanté les chansons de Om Kalthoum, avant de devenir, le Sultan du Tarab. Le tarab c'est en effet cette capacité de l'artiste à attirer le public et à le charmer. Souad Mohamed était de ceux-là. Elle avait ses fans qui savaient l'apprécier et qui ne se lassaient jamais d'écouter ses chansons dont les airs sont restés gravés à jamais dans leur mémoire, tout comme les chansons de Om Khalthoum, Najet Essaghira, Faïza Ahmed, Ismahane ou Leïla Mourad et toutes les grandes stars de la chanson orientale. C'est en cela même qu'elle est pathétique, car pour ses admirateurs elle n'a pas eu la monnaie de sa pièce. Mais n'est-ce pas son choix à elle de rester dans l'ombre ? un choix qui lui a coûté certainement d'être recalée par rapport à d'autres stars de sa promotion, et auxquelles elle n'avait rien à envier. Bien plus, elle avait un timbre original qui la distinguait et la faisait même émerger du lot. Aussi tous ses fans regrettent-ils amèrement son départ. Ils ne sont pas près de l'oublier de si tôt, tant que les airs qu'elle a chantés resteront gravés dans leur mémoire.