Au cours de la conférence de presse tenue samedi dernier à la direction régionale de Sfax, les directeurs des lycées et des collèges ainsi que les censeurs de la région ont réitéré leur détermination à poursuivre indéfiniment et jusqu'à nouvel ordre, leur sit-in. Ainsi le bras de fer risquerait de s'éterniser avec le ministre de l'Education. Les répercussions de la poursuite du sit-in seront lourdes de conséquences. Il y a lieu d'évoquer, à ce propos, le risque de détérioration, de vol ou de tout autre dommage ou acte de pillage auxquels pourraient s'exposer les établissements scolaires et « dont le ministère de l'Education aura éventuellement seul à endosser la responsabilité » Les contestataires, tout en assurant avoir tenu leurs engagements en remplissant dûment leurs dernières tâches administratives de fin d'année scolaire et ce, en remettant aux nouveaux bacheliers leurs mots de passe ainsi que les guides d'orientation, accusent le ministère de porter un énorme préjudice aux intérêts des parents et de leurs enfants. En effet, faute d'avoir reçu leurs bulletins scolaires, ces derniers ignorent encore leurs résultats de fin d'année. D'autre part, la cessation de toute activité par les sit-inneurs est en train de paralyser toutes celles concernant l'élaboration des statistiques, la pyramide scolaire, la répartition pédagogique, les ressources humaines, les emplois du temps des élèves et des enseignants.
Perturbations fâcheuses du cursus des nouveaux bacheliers
De plus, même si les chefs d'établissement et les censeurs se disent entièrement disposés à remettre aux nouveaux bacheliers les documents comme le livret scolaire, le dossier sanitaire, le diplôme et le relevé de notes du baccalauréat, documents indispensables pour accomplir leur inscription aux institutions universitaires, il n'en demeure pas moins que le sit-in prolongé risquerait de provoquer éventuellement quelques perturbations ou quelque retard . Le blocage des activités susmentionnées a quand même de quoi sérieusement hypothéquer l'avenir de l'école tunisienne et compromettre gravement le déroulement de la prochaine année scolaire, une éventualité, qui, selon les protestataires est prise avec une légèreté déconcertante par le secrétaire général du syndicat de l'enseignement supérieur, comme en attestent ses propos publiés sur les colonnes d'un journal de la place en date du 14 juillet 2011 et dans lesquels, il menace: « Si le ministère n'œuvre pas à mettre en exécution les clauses dudit protocole d'accord ( NDLR : accord conclu récemment entre le syndicat de l'enseignement secondaire et le ministère de l'Education et portant amendement du décret 1255 du 21 mai 2007), il n' y aura pas de rentrée scolaire le 14 septembre prochain ». Et les directeurs et les censeurs présent à la conférence, de stigmatiser, ce qu'ils considèrent comme une prise d'otage sans précédent de millions de parents et d'élèves, y compris du primaire.
Bras de fer avec le ministère de tutelle
Par la même occasion, la conférence des directeurs et des censeurs dénonce des manœuvres destinées indubitablement à les écarter et à leur infliger une « punition collective ». Explication : en se succédant, les notes émanant du ministère de tutelle comportent des clauses de plus en plus désavantageuses et de plus en plus injustes. Si la note du 8 mars 2011, limite la candidature aux postes potentiellement vacants ou en cours de création, celle du 07 juillet l'étend à tous les postes existants, considérés abusivement comme vacants. D'autre part, les critères définis pour l'accès aux postes de directeur ou de censeurs sont, toujours aux dires des sit-inneurs, d'une injustice criarde parce qu'ils sont conçus pour les éliminer : « Quand on octroie 1 point par année d'ancienneté uniquement dans l'enseignement, en négligeant les années de service administratif, quand la note pédagogique est frappée du coefficient 3, alors que les directeurs et les censeurs en exercice n'avaient plus la possibilité de l'améliorer, quand les candidats parmi les nouveaux directeurs et autres censeurs désignés au mois d'avril 2011, bénéficient d'une bonification exceptionnelle de 5 points, alors que par exemple 20 ans d'exercice administratif pour les anciens déjà en poste avant cette date ont une valeur nulle, quand on sait que l'accès auxdits postes est tributaire des résultats du test psychotechnique, avec une commission impartiale de par sa composition, étant juge et partie, puisqu'elle comprend des membres d'institutions avec lesquelles nous sommes en conflit, …Quand sait tout ça, on doit se rendre à l'évidence : on veut absolument avoir notre tête » La conférence des directeurs des lycées et des collèges et des censeurs s'est indignée aussi des propos « calomnieux » du ministre de l'Education qui ont fait état de profération par des sit-inneurs de propos orduriers ou obscènes (bédhii), « Un comportement auquel ne saurait s'abaisser un éducateur ». Il est à signaler également que la bataille entre les deux parties s'est placée sur le terrain juridique, un procès en nullité incriminant la note interne en date du 07 juillet ayant été intenté contre le ministère auprès du tribunal administratif. La dite note interne, toujours d'après nos interlocuteurs, a outrepassé ses limites juridiques en comportant de nouvelles clauses relatives aux conditions de candidature, à la bonification et au test psychotechnique, alors qu'elle est, par définition, un texte à caractère strictement explicatif. Le droit au sit-in étant dorénavant garanti, la situation étant en dégradation continue, l'échéance de la rentrée scolaire pointant à l'horizon, l'instabilité planant sur le pays, il est absolument impératif de trouver un terrain d'entente avec les directeurs de lycées et de collèges et les censeurs, une solution réellement équitable. Le peuple tunisien n'a cure des querelles internes, des intérêts corporatifs, des luttes intestines, des démonstrations de force. Il ne faut pas oublier que le terrain de l'éducation est un terrain mouvant et que les citoyens n'admettront pas qu'on mette l'avenir de leurs enfants en jeu. Taieb LAJILI