Le Club Africain ne peut se permettre mener son parcours africain sur l'élan pris aux compétitions locales. Pour cause l'absence totale de continuité dans l'effort cette année. Sa propre cadence depuis le début de cette saison a été brisée maintes fois pour diverses raisons pas toujours hélas ! techniques. Tour à tour distancé précocement dans la course pour le titre, puis éliminé de la Coupe de Tunisie, il tenta dans des conditions inappropriées de s'accrocher à la champion's league, sans y parvenir. Repêché en Coupe de la CAF, sa participation ne manqua pas de susciter des doutes. Elle coïncida, néanmoins, avec une relative accalmie dans la turbulence de son quotidien auquel un environnement lui porta préjudice. C'est en fonction d'une éventuelle reprise que Faouzi Benzarti a été appelé à son chevet. D'emblée, celui-ci fut confronté à un dilemme cornélien : Rebâtir ou replâtrer. Ce qui veut dire prendre le temps nécessaire ou arracher, quitte aux forceps, quelques restes avec les moyens du bord pour faire taire la masse insurgée. Autrement dit, viser l'avenir en courbant le dos ou jeter quelque chose tout de suite. Visiblement, sa démarche n'a pas tranché. Il semble qu'il veut poursuivre les deux objectifs. Confronté à des départs inopinés, à des cas d'indiscipline caractérisée, voire même à des prétentions de vedettariat, il lui fallait qu'il tranche. Voilà donc comment se présente le Club Africain dans cette Coupe de la CAF. Des problèmes de fond à résoudre et en même temps faire bonne figure pour éviter que la masse, privée de gradins, ne lui demande des comptes sans prendre en compte les circonstances atténuantes. La démarche de Faouzi Benzarti ne nous semble pas vaine. Alternant lui-même le calme apparent et les bourrasques de colère soudaines, il fait suivre à son ensemble un cheminement prudent mais aussi un peu révolutionnaire. Il base son équipe sur quelques valeurs sûres, mais il n'hésite pas à imposer des noms inconnus. Le nul que le Club Africain a pu obtenir à Abidjan il y a deux semaines, a tout l'air de tracer le mouvement qui doit le mener le plus loin dans cette compétition. Ses chances valent au moins celles des autres dans son groupe. Pour cela, il lui faut grignoter avec sûreté, plutôt que de vouloir avaler d'un seul coup. Paradoxalement c'est le fait qu'il ne soit pas considéré comme un favori sans partage que ses chances peuvent s'affirmer. Son adversaire d'aujourd'hui, est assez méconnu au haut de la pyramide africaine, mais venant d'un pays où le football est inné, il y a lieu de prendre des précautions. Aux dires de ceux qui ont suivi la préparation clubiste. On n'entend pas laisser l'adversaire prendre en main les choses. Le retour des deux attaquants attitrés Dhaouadi et Mouihbi à de meilleures dispositions, physiques et surtout d'esprit, la présence d'Alexis et d'un gardien digne de la mission sont autant de garantie pour l'équilibre de l'ensemble. Le nombre de nouveaux noms ne doit pas effrayer outre mesure. Ils sauront être à la hauteur de l'entreprise car ils ne seront pas tout à fait libres de leur mouvement. Benzarti a dû insister sur des consignes qui bien exécutées doivent mener au bout d'un plan qu'il a mûrement réfléchi. Pour être plus sûr, le Club Africain ne doit pas intégrer cette rencontre dans des calculs pour l'avenir, mais seulement en faire une rencontre informelle qui ne le lie à aucune contrainte définitive. Ainsi, libéré, nous ne serons pas surpris, ce soir, de le voir ressembler à ce qu'il nous a habitué dans son style.