Le chanteur de jazz tunisien Mounir Troudi a donné samedi dernier à l'hôtel Sentido Tabarka Beach, un concert qui a réuni un public nombreux parmi ses fans venus spécialement l'écouter dans un cadre enchanteur qui appelle à la méditation. Un grand événement musical en cette soirée ramadanesque qui, selon les dires des organisateurs, s'inscrit dans une approche inédite initiée par l'un des fleurons des lieux d'accueil du nord ouest tunisien, l'hôtel Sentido Tabarka Beach, et tend à replacer l'établissement dans son contexte à la fois géographique et culturel. La direction de l'établissement est consciente qu'aujourd'hui, le tourisme tel qu'on le pratiquait dans les années soixante dix, est révolu à jamais puisque de nouveaux concepts sont apparus à l'horizon pour booster ce secteur si important pour l'économie de notre pays. En effet, les professionnels du secteur ont misé sur des concepts relatifs à la découverte et la pérégrination à travers les régions d'un pays qui stimulent à la fois le plaisir, les sensations fortes, l'aspect culturel et l'immersion dans ce qui constitue l'âme d'un pays ou d'une culture.
Le succès d'un artiste classé «persona non grata»
Parmi les prestations innovantes sur lesquelles réfléchit et travaille l'équipe Sentido Tabarka Beach, le programme des soirées musicales qui consiste à inviter des artistes parmi ceux qui œuvrent à la rénovation de la scène musicale tunisienne, dont Mounir Troudi qui a assuré le coup d'envoi de ce projet musical. Un artiste fort apprécié à l'échelle internationale mais qui malheureusement, était par le passé dans son propre pays, persona non grata et l'objet de menaces pour avoir dénoncé l'injustice, l'oppression et la censure… Les organisateurs estiment par ailleurs que le choix ne s'arrêtera pas aux seules frontières de la Tunisie puisqu'ils vont proposer à moyen terme, des talents venus d'autres pays du Maghreb, à commencer par notre voisine l'Algérie, dont les ressortissants visitent fréquemment la région du nord-ouest tunisien. « L'objectif n'est pas de proposer forcément des vedettes mais plutôt de faire découvrir des coups de cœur, des artistes appréciés notamment pour la qualité et la créativité de leur travail… », ont précisé les organisateurs. « La deuxième édition du Tabarka Salsa festival, qui a eu lieu dans Sentido Tabarka Beach, est l'exemple le plus vivant quant à la rencontre avec l'autre, que ce soit à travers la musique, ou le produit d'un autre savoir faire… » ont- ils ajouté.
Un show complet, à la hauteur des attentes
Figure phare de la musique émergente en Tunisie, Mounir Troudi s'inspire du chant bédouin et l'exprime sur une musique blues, jazz, rock, reggae et parfois électro. Il se produit sur toutes les scènes jazz du monde ; il était notamment à l'affiche du Tabarka jazz festival en 2000, le festival international de jazz de Montréal en 2005 ou encore, Jazz à Vienne. Il est également l'auteur de trois albums « Mantis », sorti en 2002, « Saloua », en 2005 et le dernier s'intitule « Tawassol » en 2010. En chantant lors de cette soirée, l'Homme, la répression, l'amour, la paix et la révolte, Mounir Troudi était accompagné de Sami Ben Said au piano, Zied Lakoud, à la contrebasse, Héni El Fahem à la guitare, et Abdelhak Zammouri à la batterie. Une belle performance d'une équipe en symbiose totale dont la prestation était à la hauteur de nos attentes. La révélation de Mounir Troudi au grand public eut lieu en 1994 grâce à Fadhel Jaziri et son spectacle « Hadhra ». En 2000, il crée le groupe « Nagouz » ; un ensemble d'artistes qui mènent un projet à la croisée des influences, soufies, jazz et bédouines, à l'image de ce musicien chanteur, à l'aise aussi bien avec l'électro-jazz éthéré d'Eric Truffaz avec lequel il a fait une tournée mondiale que dans les compositions sacrées de la « hadhra » de Tunis. D'autres publics et d'autres concerts pointent à l'horizon, l'artiste a apparemment devant lui, un agenda bien chargé…souhaitons lui bon vent.