Zine Essafi était l'hôte du festival de la médina de Nabeul à l'espace Sidi Ali Azouz. Accompagné du compositeur Chadli El Khomsi, du luthiste Ihsan Laribi et du percussionniste Moez Ksila, il a passé une soirée agréable avec ses fans entrecoupée par des poèmes « Kassaed Hariba » de Slah Daoud dédiés aux martyrs de la révolution. Ce chanteur engagé a su marier harmonieusement à ses compositions, les paroles de plusieurs poètes arabes comme Mahmoud Darwich, et tunisiens comme Mnawer Smadah, Awled Ahmed et Adam Fathi pour dénoncer la cruauté de la guerre et de l'homme et appeler à sa libération . Ce soir, Zine avec son luth, a pu mettre à chaque morceau du cœur et de l'énergie. A l'aise, il explorait des mélodies envoûtantes en nous offrant une musique authentique et originale où l'entrain, l'éloquence et le swing étaient toujours au premier rang. Ce kélibien anglophone invita par la suite le public dans un voyage de chansons engagées. Il enchaîne une série de chansons à l'instar de « Ach Yatmana », « Ya Jammel », « Latigue Edhil » … c'est la recette avérée toujours gagnante de ce chanteur qui nous évoqua à travers ses mélodies la misère des gens, leur lutte et leur engagement pour l'égalité et la liberté. Zine a réussi ce soir à mélanger toutes les musiques. Le public a beaucoup vibré avec ses anciens succès comme « El Goffa », chanson encore gravée dans la mémoire de certains depuis les années 80. Les touches de Zine expriment des tableaux multicolores, une sensibilité et des couleurs d'ici et d'ailleurs avec des influences parfois mystiques appréciées par l'assistance. Chaque note raconte une histoire. Dans un seul morceau, on écoute différentes facettes de cette musique engagée. Des rythmes magiques joyeux mais parfois mélancoliques et une parfaite symbiose entre le musicien et le public . A mesure que l'on avance dans le temps, l'ambiance se fait plus festive, le rythme plus tonique et l'atmosphère plus allègre. De temps à autre, le public vibre avec le guitariste Chedli Khosi, le luthiste Ihsan Laribi avec des solos remarquables et les percussions soutenues par Moez Ksila . Tous les ingrédients d'une soirée engagée. La musique d'Essafi est intense et limpide. Son récital a été une belle démonstration de créativité. Sa prestation a, quant à elle, permis à l'assistance de prendre la mesure d'une autre manière d'être du luth conciliant, avec brio, des airs anciens et modernes dans des partitions merveilleuses ouvertes sur la musique du monde, et donnant ainsi une leçon éloquente de la capacité de la musique à jouer les rôles de la lutte pour la liberté et la dignité