La soirée du lundi dernier (22 août) a été consacrée à la danse et aux chants soufis. Ce soir-là, le public du Théâtre municipal de Tunis a applaudi de tout cœur le groupe égyptien « Al Tanoura » qui l'avait enchanté durant une heure et demie de chants liturgiques et d'invocations religieuses et surtout des différentes danses effectuées avec un grand tact par les danseurs tourneurs. « Al Tanoura » est un ensemble groupant 60 membres, entre musiciens, chanteurs et danseurs, qui a été fondé en 1988. Ce soir-là, ils n'étaient que 13 membres à se relayer sur la scène: le nombre a été réduit pour que le spectacle soit mieux adapté aux circonstances du Festival. Selon le directeur de la troupe, les chanteurs ont exécuté des chants populaires qu'ils avaient appris de leurs ancêtres, étant transmis depuis des siècles de génération en génération. Quant aux danses exécutées, elles sont inspirées de la danse soufie des « Moulawiya » qu'on retrouve aussi chez les Syriens et les Turcs et qui consiste en cette danse tournante qui évoque toute une philosophie mystique selon laquelle le soleil est le centre d'attraction autour duquel gravite le reste de l'univers, incarnée par un danseur tourneur au milieu entouré d'autres danseurs qui tournent autour de lui tels des planètes autour du soleil. Selon les croyances des Soufis, par cette danse, on tente de déserter son égocentrisme pour atteindre la pensée de Dieu et être en communion avec lui. Ils tourbillonnent et virevoltent ainsi les bras ouverts, la main droite est dirigée vers le ciel, prête à recevoir la bénédiction de Dieu, la main gauche sur laquelle les yeux sont fixés, est tournée vers la terre. La différence qui existe entre ces danseurs égyptiens et les autres danseurs tourneurs syriens ou turcs réside dans les couleurs des costumes qui sont multicolores : un mélange de couleurs puisées dans les coutumes vestimentaires connus dans les quartiers populaires de l'Egypte. Le nom de « Tanoura » attribué à ce groupe renvoie essentiellement à l'habit porté par les musiciens et les chanteurs qui consiste en une jupe longue, évasée et de couleur unie. Au programme, il y avait une panoplie de danses exécutées tantôt en solo tantôt en groupe aux sons de la « gasba » et de la « zocra », deux instruments traditionnels et d'un ensemble d'instruments de percussions, tels que la « darbouka », le « bendir » et le « tar » qui ont donné un air endiablé aux différents morceaux exécutés. Le public fut surtout émerveillé par la prestation des danseurs tourneurs qui ont fait preuve d'une grande expérience et de virtuosité en tournant sur eux-mêmes à une allure tantôt lente, tantôt rapides pendant un laps de temps assez long et en adoptant des positions diverses : ils dansaient debout, assis, accroupis ou étendus à même le sol, ce qui enthousiasma admirablement le public qui avait ovationné les danseurs à plusieurs reprises.