Appel aux citoyens tunisiens à renforcer le front intérieur et à resserrer les rangs Le ministère de la Défense dément toute existence de conflits entre armée et forces de l'ordre Les actes de protestation et d'occupations anarchiques du domaine public se sont atténués, durant la dernière période, mais leur nombre reste important, alors que des menaces terroristes pèsent sur la Tunisie, comme beaucoup d'autres pays, nécessitant le renforcement du front intérieur et le resserrement des rangs par le renoncement à la violence pour régler les problèmes. Lors du point de presse interministériel périodique, tenu, hier, au palais du gouvernement à la Kasbah, Hichem Meddeb, représentant du ministère de l'Intérieur, a indiqué que 114 actes de protestation, au total, ont été enregistrés, au mois d'août, dans l'ensemble du pays, contre 156 au mois de juillet, tandis que le nombre des occupations et des fermetures anarchiques de routes devant la circulation a atteint 152 cas, contre 184 au mois de juillet. 13 cas de coupures d'électricité et d'eau ont été enregistrés au mois d'août, contre 17 cas au mois de juillet. Il a ajouté qu'en vertu de la décision gouvernementale tendant à l'application de la loi relative à l'instauration de l'état d'urgence, les actes de ce genre ne seront plus tolérés, à l'avenir. Au même moment, la situation dans les villes ayant connu dernièrement des troubles graves s'est améliorée, à savoir les villes de Sbeitla, Douz, Jébiniana, Jendouba et Métlaoui, encore que dans la ville de Métloui, les affrontements ne se sont pas totalement arrêtés, au point que les forces de l'ordre ont été astreintes à intervenir, il y a deux jours, durant dix heures d'affilée pour maîtriser la situation. Un appel a été lancé aux habitants pour qu'ils fassent preuve de compréhension et prennent en considération l'avenir et l'intérêt supérieurs du pays, en réalisant que la violence ne résout pas les problèmes. A cet égard, Mr Hichem Meddeb a réclamé cette vigilance de la part de tous les citoyens tunisiens qu'il a énergiquement appelés à renforcer le front intérieur et à resserrer leurs rangs, soulignant que des informations émanant de sources concordantes attribuent aux organisations terroristes internationales l'intention de perpétrer, ces jours ci, des actes terroristes, et la Tunisie comme beaucoup d'autres pays dans le monde est visée par ces menaces. D'autant que notre pays a su jusqu'à présent mettre en échec les velléités des organisations terroristes qui tâcheront de profiter du relâchement enregistré au niveau de l'environnement régional pour tenter de lui nuire. Des groupes armés étrangers ont été arrêtés aux frontières tuniso – libyennes et leurs armes de divers types dont des fusils mitrailleurs, des grenades et des explosifs, ont été confisquées. Lutte contre la criminalité Le représentant du ministère de l'intérieur a passé en revue les résultats positifs enregistrés sur le plan de la lutte contre la criminalité grâce aux efforts inlassables déployés par les forces de sécurité intérieures appuyées et soutenues par les unités de l'armée nationale. Ainsi, durant les cinq derniers mois, les forces de l'ordre ont procédé à l'arrestation de 25 mille 111 criminels suspectés d'avoir commis des vols et des attaques contre les personnes et les biens privés, car l'action de la police a été centrée sur ce genre de délits afin de tranquilliser les citoyens et les sécuriser. Les forces de l'ordre ont confisqué, entre autres, 7 fusils mitrailleurs de type kalachnikov, et 81 appareils de communication militaires, ainsi que des explosifs. La lutte contre les meurtres s'est poursuivie au même moment, permettant d'en réduire le nombre et de le ramener à 11 meurtres au mois d'août, contre 26 au mois de mars, 22 en avril, 18 en mai, et 15 en juillet. Les auteurs de 9 meurtres sur les 11 enregistrés au mois d'août ont été arrêtés, et celui de l'un des deux autres est connu et vivement recherché. Le vol des voitures a également baissé, grâce à l'effort de la police et aux barrages de contrôle et embuscades qu'elle organise de façon interrompue pour arrêter cette catégorie de voleurs. Le nombre des vols de voiture a été ramené à 17 au mois d'août, contre 67 au mois de mars et 23 au mois de juin. Les élections sécurisées Les forces de l'ordre se préparent aussi à assurer le bon déroulement des élections de l'Assemblée constituante le 23 octobre, sur le plan sécuritaire. Des cycles de formation sont organisés, à cet effet, au profit des agents de l'ordre, avec la contribution d'experts internationaux à l'animation de ces cycles. A cet égard, Hichem Meddeb a formulé l'espoir que la situation sécuritaire, en Tunisie, connaisse une amélioration sensible avant cette échéance électorale, permettant à notre pays de relever tous les défis et de s'engager dans cette nouvelle étape de son histoire sur des bases solides. En réponse à une question, il a signalé que la lutte contre le terrorisme après la Révolution, notamment lors de l'incident de la ville de Rouhia, a abouti à l'arrestation de cinq terroristes supposés appartenir au réseau d'El Qaida, tandis que 10 autres identifiés sont activement recherchés. Revenant sur le mouvement de protestation organisé par le syndicat des agents de la garde nationale dans la caserne de la garde nationale d'El Aouina, à Tunis, le représentant du ministère de l'Intérieur a indiqué que le commandant de la caserne n'a pas été forcé de quitter son bureau, mais il en est sorti et l'a quitté de son plein gré, ajoutant que le mouvement ne le visait pas, personnellement. Il a, par ailleurs, admis la légitimité du mouvement de protestation organisé par les agents de police dans l'enceinte du ministère de l'Intérieur pour soutenir certaines revendications légitimes à caractère professionnel, a-t-il dit. Armée nationale et affaires de justice De son côté, le représentant du ministère de la Défense nationale, le colonel major Mokhtar Ben Nasr, a démenti catégoriquement l'existence de conflits d'influence entre l'armée nationale et les forces de sécurité intérieure relevant du ministère de l'Intérieur, soulignant que l'armée et la police travaillent, au contraire, en étroite collaboration et dans un climat de concertation totale, à tous les niveaux, et ajoutant que cette collaboration et cette concertation entre les deux corps, ne date pas d'aujourd'hui, mais qu'elle a toujours existé et se trouve à la base de la garantie de la sécurité pour le pays et les citoyens. Aux frontières tuniso – libyennes, la situation est tranquille, notamment depuis que le point de passage de Ras Jédir entre la Tunisie et la Libye est passé aux mains des forces de la rébellion, le 26 août. Par contre, le nombre des réfugiés qui passent en Tunisie, venant de Libye, a augmenté, considérablement, atteignant 11 mille le 5 septembre. Les familles libyennes réfugiées en Tunisie sont rentrées, pratiquement, toutes en Libye, à part 11 familles. Les Organisations humanitaires internationales songent à transférer, en Libye, les camps de réfugiés installés sur le territoire tunisien près des frontières tuniso – libyennes, depuis le déclenchement de la rébellion libyenne, en février dernier. Un groupe de libyens armés ayant passé clandestinement les frontières vers la Tunisie, a été arrêté le 22 août par les unités de l'armée nationale, ayant, notamment, en sa possession 3 fusils mitrailleurs et des explosifs qui ont été confisqués. L'utilisation des fusils de chasse lors des troubles qu'ont connus, dernièrement, plusieurs villes du pays dont la ville de Douz, dans le Sud, a occasionné des blessures graves à plusieurs personnes. Dans la ville de Douz, 54 personnes ont été blessées, au cours des troubles de ces derniers jours, par des fusils de chasse. Aussi, et conformément à la loi relative à l'instauration de l'état d'urgence, ces fusils de chasse seront collectés par les forces de l'ordre, contre des reçus qui seront remis à leurs propriétaires, en attendant de les leur remettre, lorsque la situation se normalise. Le représentant du ministère de la Justice , Mr Kadhem Zine el Abidine, a donné un aperçu sur l'évolution de l'instruction judiciaire concernant les affaires pénales en rapport avec les faits enregistrés au cours de la Révolution et les actes de corruption sous l'ancien régime. Il a indiqué que la chambre de mise en accusation de la Cour d'appel du Kef a décidé de transférer au tribunal militaire du Kef l'affaire des martyrs de la Révolution tombés dans les villes relevant de la compétence territoriale de ce tribunal, notamment les martyrs des villes de Thala et Kasserine, respectivement au nombre de 6 et 22. Les accusés sont l'ancien président déchu Ben Ali, deux anciens ministres de l'intérieur, des directeurs de sureté et chefs des services sécuritaires, ainsi que des cadres et agents de l'ordre de divers grades. Ils sont accusés notamment de meurtres prémédités. Le tribunal militaire de Tunis entamera, pour sa part, le 15 septembre, l'examen d'une affaire semblable, relative aux martyrs de la Révolution tombés dans les villes relevant territorialement, de sa compétence, et dans laquelle sont impliqués les mêmes accusés pour les mêmes crimes.