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Justice est rendue. Fin de l'escroquerie
L'affaire du déclassement de terrain à Ras R'mel à Djerba
Publié dans Le Temps le 12 - 11 - 2011

Du temps du président déchu, la primauté n'était que pour la seule volonté suprême du maître de Carthage. Nulle autre autorité, fusse-t-elle celle de la justice, n'était à même de tenir tête aux caprices de sa majesté et de son épouse et à l'avidité dévorante de leurs proches et de leurs associés de circonstance, qui avaient la voie libre et déblayée de toute entrave pour faire main basse sur les richesses du pays et s'approprier effrontément, sans gêne, les affaires les plus juteuses.
Les lois et les règlements en vigueur, s'ils ne sont pas pour servir leurs projets et leurs desseins machiavéliques, ils ne sont que pour être contournés et bravés. Les agents de l'Etat, gouverneurs, délégués, directeurs régionaux, etc…, étaient corps et âmes à leurs services, et intercédaient en leur faveur auprès de qui de droit parmi les citoyens pour le contraindre, quitte sous la menace, à fléchir et à céder son droit, objet de convoitise. Pendant vingt-trois ans, les Tunisiens voyaient le mal sévir, les malfrats perpétrer impunément tous les abus et les excès de tous bords, sans broncher au risque de le payer très chèrement. Aucune région du pays, ou presque, n'a été épargnée par cette percée tentaculaire du mal commis selon des modes opératoires mafieux : racket, chantage, malversations, corruption…
Un terrain qui change de vocation
L'île de Djerba, en l'occurrence, n'a pas échappé à la règle. Déjà ignoramment métamorphosée par une urbanisation rampante découlant d'une gestion démesurée et irréfléchie de son territoire par des responsables agissant parfois sans foi ni conscience, et tristement enlaidie par les infractions à répétition touchant son patrimoine bâti, son écosystème marin et terrestre, et sa biodiversité, voilà qu'elle se trouve depuis peu en prise avec des dinosaures de l'escroquerie et de la magouille. L'affaire de Ras R'mel et le gravissime outrage qui y a été perpétré en est la parfaite illustration.
En effet, demeurée longtemps à l'abri des convoitises grâce à son statut de zone classée dans la liste Ramsar des zones humides d'importance internationale, voilà qu'elle fait venir l'eau à la bouche à un riche affairiste propulsé au sommet de la prospérité sous l'ère Ben Ali. Il parvient sans difficulté à entrer en possession d'un lot de terrain d'une superficie de 21 hectares objet des titres fonciers n°4775 Médenine et 4909 Médenine, acheté sans difficulté auprès de ses héritiers qui ne pouvaient en toute objectivité trouver meilleure aubaine pour liquider un bien qu'ils croyaient, non sans raison, à valeur immobilière nulle, étant inconstructible. Mais c'était sans compter avec les bras longs de l'acquéreur qui n'avait pas à s'en soucier outre mesure : en effet, le terrain en question, et en dépit de toutes les entraves légales, a fait l'objet d'un changement de vocation devant permettre la création d'un projet touristique intégré, et ce, en application du décret n°2333 datant du 17 septembre 2007, abusivement signé par le président déchu. Une telle infraction effrontément perpétrée n'était pour se produire sans l'implication de Moncef Trabelsi, généreusement associé à hauteur de 50% dans la société touristique CAP DE SABLE dont le PDG n'est autre que Youssef Karoui, fils du riche affairiste qui, d'ailleurs, lui céda le terrain en 2008. La voie était désormais libre pour passer à l'action et mettre à exécution leur projet consistant en la création d'un méga -complexe touristique de quatre-cents résidences haut standing couvrant une superficie de 20 hectares, correspondant quasiment à celle du terrain objet de toute la polémique. Sans trop tarder, la démarche procédurale a été enclenchée.
Le dossier passait d'une administration à une autre, brûlant parfois les étapes, bénéficiant toujours sans peine de l'aval inconditionnel de qui de droit, dont l'Office National du Tourisme qui a formulé à la date du O3 janvier 2010 un avis sans objection pour la réalisation du projet. Au mois de mars 2010, le dossier a débarqué à Djerba pour être l'hôte de marque de la commune de Djerba-Houmt-Souk dont relève administrativement la zone de Ras R'mel, et qui, pourtant, n'avait pas été consultée auparavant au sujet de la demande de modification de la vocation de la parcelle. En effet, comme la parcelle en question est comprise à l'intérieur du périmètre communal lui revenant de droit, son président devait être invité à la réunion consacrée à l'étude de la demande de modification de la vocation de la parcelle, conformément à l'article 3 du Décret N° 84-386 du 07 avril 1984 ; or rien de tel n'a été ; le gouverneur de Médenine à l'époque, M. kamel Ben Ali, intercédant en sa qualité de président de la Commission en faveur de la société Cap de Sable et usant de son autorité, a adressé à la municipalité de Houmt-Souk, à la date du 15 juin 2010, le procès-verbal de la réunion et le plan fixant la localisation de la parcelle dans la zone de sauvegarde pour affichage au siège de la municipalité, comme le stipule l'article 5 du décret n°710 du 19 mars 2010.
Au lieu d'apposer son veto pour laver l'affront infligé à la municipalité pour avoir été ignorée et marginalisée, le conseil municipal a décidé autrement en obtempérant docilement et sans la moindre réserve. Soumis alors pour consultation à la commission des travaux et de l'aménagement urbain réunie à cet effet à la date du 11 mars 2010, le projet finit par bénéficier de l'accord de principe des membres de ladite commission, comme l'atteste le PV y afférent, qui ont fondé ignoramment leur verdict sur le fait que le terrain devant abriter le projet avait été d'ores et déjà dépossédé de sa vocation agricole et qu'ils ne voyaient pas en conséquence pourquoi ils devaient être défavorables à un tel projet porteur. Or, comme l'article 7 (bis) du décret n°710 du 19 mars 2001 stipule que « dans le cas de non commencement de la réalisation du projet ….. dans un délai d'une année renouvelable une seule fois, le décret portant changement de vocation du terrain concerné sera abrogé », il va sans dire, donc, qu'à la date de l'examen du dossier par la commission communale, deux ans et demi sont déjà passés depuis l'entrée en vigueur du décret n° 2007-2333 du 17 septembre 2007 portant changement de la vocation de la parcelle, ledit décret s'avère de ce fait caduc et désuet, et la parcelle devait alors recouvrer sa vocation d'origine.
L'Association pour la sauvegarde de l'île de Djerba contre-attaque
Sitôt informée de l'affaire, l'Association pour la Sauvegarde de l'île de Djerba s'est démenée tous azimuts pour contrecarrer le projet qui risque indubitablement de porter préjudice à un site naturel qu'elle est parvenue à classer, avec deux autres zones, en l'occurrence Djerba Bin El Ouidiane et Djerba-Guellala, dans la liste Ramsar des zones humides d'importance internationale, avec beaucoup de mérite, après de longues années d'études et de recherches entreprises depuis 1998 par une équipes d'experts et de chercheurs. Depuis lors, elle a multiplié les contacts et les correspondances adressées à qui de droit à tous les niveaux, local, régional et national. Cependant, hormis la réponse émanant à la date du 03 mai 2010 de l'Agence Nationale de la Protection de l'Environnement (l'ANPE), jugée à la hauteur de ses prérogatives, et celles jugées hors-sujet , frisant même le ridicule, tant celle émanant du commissaire régional du Développement Agricole que celle du directeur régional de l'Equipement et de l'Habitat de Médenine datant du 08 mai 2010, toutes les autres parties contactées n'ont pas jugé utile de répondre aux doléances de l'ASSIDJE, préférant garder le silence plutôt que d'assumer souverainement leurs responsabilités.
Mais, la raison du plus fort n'est pas toujours la meilleure lorsque les forces vives et les âmes incorruptibles dans le pays brisent le silence pour prendre leur destin en main et d'un coup de balai balancer dans l'abîme de la déchéance les tyrans, les hypocrites et les opportunistes. La révolution glorieuse du peuple tunisien est venue à point nommé pour remettre de l'ordre dans un pays en perdition, sans gouvernail, et pour redorer le blason d'une justice pour longtemps bafouée. Dans cette sale affaire de Ras R'mel, justice est enfin rendue : la société Cap de Sable, bénéficiaire déjà d'un crédit s'élevant à 14 millions de dinars généreusement accordé par la STB, est désormais mise sous la gestion d'un administrateur judiciaire ; la parcelle a recouvré sa vocation d'origine, conformément à l'article 7 (bis) du décret n°710 du 19 mars 2001 ; quant aux acteurs directement ou indirectement impliqués dans cette vile escroquerie, leur sort sera bientôt scellé et connu : M. Mohamed Mokhtar Jellali, Ministre de l'Agriculture et de l'Environnement a soumis à la date du 31 octobre 2011 à l'attention de la Commission Nationale d'Investigation sur la Corruption et la Malversation un dossier minutieux copieusement élaboré inhérent à cette sale affaire de modification de vocation de terrain, assorti d'une requête pressante d'enquête sur ses péripéties. Qui sème le vent récolte la tempête ; attendons-donc pour voir !


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