Hier vendredi 2 décembre, juste après la prière du vendredi, une vingtaine de femmes, voilées et portant le niquab, sont sorties tout droit de la mosquée El Fath pour effectuer une marche emblématique. Une première en Tunisie, ce petit pays qui n'aspire qu'au respect d'autrui indépendamment de ses croyances, de ses habits, de sa classe sociale ou de son sexe. Cette marche exclusivement féminine vient en réponse à cette polémique qui a éclaté à l'université de la Manouba, le premier jour des examens universitaires, à savoir, le lundi dernier. A 14h30 le petit groupe d'étudiantes a arpenté les grandes artères du centre ville se dirigeant vers l'avenue Habib Bourguiba paraît-il. Sauf qu'encerclées par les forces de l'ordre dont le nombre était le triple des manifestantes, elles n'ont pas pu y arriver vu qu'elles ont été empêchées et ont dû rebrousser chemin. Mais avant d'être dispersée, la petite foule a brandi certains slogans qui résumaient ses revendications. Elles réclament le droit à la scolarité comme toutes les autres étudiantes, voilées ou non, l'égalité entre la femme et «la femme », selon elles il faudrait abolir le système des privilèges qui donne à une tranche sociale féminine le droit de suivre ses cours et passer ses examens et refuser cela à celles qui portent le niquab. En outre, elles protestent contre la politisation de leur cause et réfutent ces canulars qui circulent bêtement sur leur compte. Se considérant comme les bouc-émissaires du conflit idéologique entre les différents courants islamistes tunisiens, elles crient leur innocence quant à leur appartenance à qui que ce soit. Voici ce qu'il en est aussi selon le témoignage d'une des étudiantes qui s'est confiée à notre confrère du journal Essahafa, Fakhreddine Ghallabi : «Je suis étudiante en Droit et je sais de quoi je parle. Le décret loi numéro 108 qui interdisait le port du voile, le voile intégral et de toute forme d'habit portant des signes religieux ostentatoires a été annulé. De quel droit prive-t-on les gens d'assister aux cours ou de passer leurs examens ? J'appellerai ça une violation à nos droits les plus basiques ! à ceux qui disent qu'il s'agit de politiciens, je leur demande de séparer le bon grain de l'ivraie. On vit cette situation comme une humiliation et une injustice à notre personne ! Comment se fait-il que quand on entre en classe, le professeur comme piqué par une mouche, claque la porte et sort !» Il faut le dire, la Révolution n'a pas éclaté pour que l'on s'entre-tue et que l'on se critique injustement. Tout citoyen, qu'il porte un tatouage ou une barbe, toute citoyenne pratiquant le piercing ou voilée, libre à lui et à elle de faire ce qu'ils veulent du moment qu'ils respectent autrui. Critiquer OUI mais de manière civilisée et non sauvage, barbare ou insolente ! Melek LAKDAR jamel daassi