Le public du Théâtre municipal de Tunis a vécu, vendredi dernier , un événement théâtral et culturel de haut vol, grâce à la présentation de la pièce "Bourguiba, dernière prison", dramaturgie et interprétation de Raja Farhat, grand homme de théâtre et d'animation culturelle qui revient sur scène après une longue absence. Cette pièce est du genre "one man show" malgré la présence de deux figurants aux côtés du personnage principal "Bourguiba", à savoir: le personnage du gouverneur de Monastir et le personnage du médecin. La pièce traite de la vie du leader Habib Bourguiba tout au long du 20ème siècle, dans sa lutte contre la colonisation française et son combat admirable pour l'édification de l'Etat tunisien moderne, outre la période noire vécue par le leader en résidence surveillée dans la villa du gouverneur de Monastir, durant 13 ans, de 1987 (date du coup d'Etat de Ben Ali) à 2003, date de sa mort. Le public venu très nombreux assister à cette pièce a été très ému. Certains, notamment des femmes, n'ont pas caché leurs larmes, à l'évocation de scènes qui mettent en exergue les souffrances du leader. Raja Farhat a bien anticipé ces émotions quand il avait déclaré à une station radio de la place: ''cette pièce restitue la mémoire de Bourguiba et sa lutte pour l'indépendance du pays'', ajoutant ''Au fond de chacun d'entre nous, existe une partie de Bourguiba, fondateur de l'Etat tunisien moderne et libérateur de la femme. L'Histoire retiendra que Bourguiba vécut pauvre et mourut pauvre, car son seul palais se trouve dans le coeur du peuple''. "Bourguiba, dernière prison" est une biographie, avec des connotations shakespeariennes, racontant la vie du "combattant suprême" à travers plusieurs péripéties: les victoires et les défaites, les vicissitudes de la vie politique, la guerre de Bizerte, les événements douloureux de 1978, 1980 et 1984, dans un style attrayant, non dépourvu d'humour malgré la gravité du contexte. La pièce évoque aussi la vieillesse, la maladie et la déchéance d'une fin de règne. Cette soirée théâtrale, dont l'introduction a été faite par l'artiste Raouf Ben Amor, ami de longue date de Raja Farhat, a été proposée par le Club Kiwanis Elyssa-Tunis, au profit des sinistrés des dernières inondations.