• La Tunisie doit créer environ 150 000 emplois annuellement pour résoudre le problème du chômage • 70% des Tunisiens ne bénéficient que de 36% du PIB • Pas moins de 71 milliards de dinars de fuites de capitaux en Tunisie • La création des banques de développement pour booster les investissements dont la contribution aux PIB devrait avoisiner les 40%. • Le taux de croissance devrait doubler pour atteindre au moins les 10% • « Les entreprises doivent repenser leur politique salariale. Les employés doivent être des associés et non pas des simples salariés », estime Mansour Moâlla. Comme prévu, les travaux de la 26ème édition des Journées de l'Entreprises, ont démarré hier. Pas mois de deux cents participants ont pris part à cette manifestation. Des participants venus de plusieurs pays voisins, l'Algérie, le Maroc et surtout la Libye qui participe avec environ 70 hommes d'affaires. Le sujet débattu : « l'Entreprise et le schéma de Développement», semble quant à lui aussi, répondre à une conjoncture bien spécifique que le pays vit. Une conjoncture économique critique selon certains, alarmante selon d'autres. Les attribues diffèrent. Mais le constat est le même. Avec 600 000 chômeurs (demandeurs d'emplois comme l'atteste certains économistes) ou plus, la pression du chômage monte encore. Les disparités régionales flagrantes, la machine économique grippée et tant d'autres facteurs déclencheurs de la révolution tunisienne incitent à bien réfléchir, entre autres de repenser notre schéma de développement et engager des réformes susceptibles d'améliorer les indicateurs économiques du pays. L'entreprise devrait être de plus en plus impliquée dans le développement du pays. Du fait que pour bon nombre des spécialistes, l'entreprise tunisienne est et demeure très gâtée. Elle l'était ainsi. Pour d'autres, y compris les chefs d'entreprises, ce n'est pas le cas. Mais, quoi qu'il en soit, le temps n'est plus aux surenchères. L'entreprise devrait se trouver au cœur de développement. Elle est son moteur certes. Mais, beaucoup reste à faire en la matière. Les entreprises sont appelées d'une part, à faire mieux qu'exister. Elles doivent ainsi améliorer leur compétitivité, leur capacité d'embauche. A ce niveau, Jamel Boumedyen, économiste a évoqué quelques chiffres qui incitent bien la réflexion. 70% des tunisiens ne bénéficient que de 36% du PIB national. La corruption a coûté à la communauté plus de 17 000 millions de dinars. Plus encore, sur un total de 6 000 entreprises, 3 500 n'emploient en moyenne que 50 emplois. Avec cette capacité d'emploi très limitée, l'entreprise tunisienne ne peut pas relever le défi de l'emploi. Dans ce même sens, bon nombre d'analystes, d'experts et même des chefs d'entreprises estiment que beaucoup reste à faire en la matière. Des Hommes et des Institutions Dans la foulée de cette conjoncture, le rôle de l'entreprise tunisienne semble crucial. Et ce pour plusieurs raisons. D'ailleurs, Mansour Maâlla, fondateur de l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises, organisateur de l'évènement, économiste et ancien ministre de Développement, en a fait le constat. Pour lui, la Tunisie devrait engager plusieurs réformes. L'entreprise Tunisienne devrait ainsi s'engager. En effet, avec une entreprise rentable, moderne et qui contribue à la prospérité du pays. Mais, comment ? Avant même de s'attaquer aux solutions, Mansour Mâalla, a dressé un bilan parfait des maux de l'économie Tunisienne en comparaison avec les années « glorieuse » du leader Habib Bourguiba. « La Tunisie connaît, trois grandes séries de problèmes » estime-t-il. La première touche par excellence au problème de l'emploi et le chômage. L'abolition du chômage, selon Mr Mâalla, et la recherche du plein emploi supposent la résolution de nombreuses questions fondamentales. « L'emploi, nécessite en effet, un volume et une qualité d'investissement permettant une croissance moyenne double de celle obtenue au cours du demi siècle qui vient de s'écouler. Nous l'avons fait et nous pouvons le faire ». Ainsi, cet expert économique, fait référence aux années 70 dont le taux de croissance était aux alentours de 17%. Faut-il comparer l'incomparable ? A cette époque, la conjoncture extérieure était assez favorable. La politique intérieur aussi, répondait Mr Mâalla. Dans cette orientation, il pense qu'il faut réaliser un taux de croissance très élevé et surtout, procéder à des choix économique et politique convenables. Pour ce faire, il ne nous faut pas un mauvais gouvernement. Il nous faut aussi, une réforme des instituts et des agences chargées d'investissements, l'API et l'APIA en l'occurrence. Ces deux agences doivent être de plus en plus dynamiques, en matière de recherche de projets et pour ne pas se contenter uniquement de la tache d'encadrement des promoteurs. Le système financier, pour sa part, devrait connaitre une réforme. « Il n'est pas adapté aux exigences de développement souhaité pour les années à venir. La disparition des banques de développement était une erreur. Il faudra donc construire de tels instruments promoteurs de l'investissement pour ainsi créer plus d'emplois. Cela ne suffit pas, selon Mr Mâalla. Le pays dénombre plus de 200 000 chômeurs diplômés. S'y ajoute annuellement une masse de 60 000 nouveaux demandeurs d'emplois, dont leur intégration et insertion dans la vie professionnelle demeure une tache assez pénible. Pour cela, les universités tunisiennes doivent connaître une réforme pour ne pas être une fabrique à chômeurs. Et pour conclure, Mr Mâalla, pense que le pays doit créer environ 150 000 nouveaux emplois, contre 60 000 actuellement. Serait-ce possible ? La deuxième série de problème exposée, concerne les financements extérieurs et la balance de payement. En effet, la Tunisie devrait combler son déficit budgétaire qui se situe aux alentours de 2 milliards de dinars. Pour ce faire, le pays est appelé à doubler ces exportations. Et c'est aux entreprises de le faire. Mais, comment ? Le débat reste encore ouvert ! La troisième série de problème, telle est évoqué par cet ancien ministre, touche les inégalités entre les régions et surtout entre les catégories sociales. A ce niveau, l'entreprise est appelée à réviser sa politique de salaire. Les employés doivent être des associés aux seins de leurs entreprises. Ils doivent profiter de sa prospérité et la soutenir durant les périodes de crises. C'est le même avis ou presque du Chékib Nouir, président de l'IACE, qui pense que l'entrepris tunisienne n'est pas consciente de l'ampleur de la fracture sociale et invite les chefs d'entreprise à repenser ce thème. Mais, d'un autre coté, il pense que l'opinion publique devrait parallèlement, être consciente des défis et surtout des difficultés économiques que l'entreprise tunisienne est confrontée. Equation à résoudre !