De Mustapha Zoubeidi- Le phénomène Barça ne finit pas de faire rêver. Au grand public qui privilégie le résultat, il offre presque l'invincibilité. Pour les techniciens de par le monde, il applique, comme dans une démonstration, les concepts dont ces derniers rêvent théoriquement. A ses adversaires il impose le respect et suscite, à défaut de pouvoir faire comme lui, l'envie de l'imiter. Aux responsables de tous les clubs, grands et petits, il donne, enfin, l'exemple de la gestion de groupe et l'art de faire fructifier le renom. Ceux qui sont nés avec la télévision soutiennent que jamais le football n'a atteint une telle plénitude. Pour leurs aînés, par contre, il faut relativiser car la comparaison exige les mêmes données que des époques différentes ne peuvent présenter. Disons, pour faire court, que c'est une question de mode et le meilleur est celui dont le look s'impose pour être épousé par l'air du temps. Les experts nous assurent que le Barça d'aujourd'hui était dans les réflexions de Johan Cruyff. Possible, mais du temps du magicien batave la mode n'était pas à la répétition du geste à l'infini et que si aujourd'hui elle fascine, peut être qu'hier elle aurait ennuyé. Ceux qui, il ya a un demi siècle commençaient à étudier l'évolution du football à travers les écrans, n'avaient d'yeux que pour un Réal orchestré par un Puskas immobile et jouant d'un seul pied et mouvementé par un génie nommé Di Stefano. La mode fut aussi, un certain temps, le football dansant quand des brésiliens envoutaient le monde entier. Plus vieux dans nos mémoires, le souvenir du Honved Hongrois qui alliait la discipline à l'harmonie grâce à ses vedettes sous l'uniforme d'officiers supérieur quand ils ne sont pas députés. Ainsi de cycle en cycle, le football n'a pas cessé d'évoluer. A chaque époque il a répondu à la demande de l'actualité. Demain sûrement, la mode du Barça finira par passer. La génération qui l'applaudit aujourd'hui se souviendra d'elle avec la même émotion qui remue les vieux qui ont connu le Honved, le Réal et les Cariocas de Pelé. Quant aux générations qui ne sont pas encore nées, ils lui trouveront peut-être un air stéréotypé car la vie aura changé depuis pour rendre vains les efforts de comparer.