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France-Tunisie ; le bateau ivre ?
Reflets
Publié dans Le Temps le 30 - 12 - 2011

Depuis le déclenchement de la Révolution tunisienne, les relations franco-tunisiennes ont connu un parcours en dents de scie. Surpris, et même parfois tétanisé par la rapidité des événements, le gouvernement français a eu du mal à formuler une position claire.
C'est ainsi que « l'affaire Alliot-Marie » va dominer le débat interne en France et en Tunisie. Son offre au gouvernement de Mohamed Ghannouchi, empêtré dans la répression des manifestants, du « savoir-faire, reconnu dans le monde entier », des forces de sécurité françaises, reprenait pourtant une proposition de « coopération entre [les deux] services » faite à Ben Ali par le Président Sarkozy lors de sa visite d'Etat à Tunis en 2008. Il est un fait que les services de sécurité tunisiens ne bénéficiaient pas de coopération en la matière avec la France. D'ailleurs, le Ministère de l'Intérieur français aurait préparé un projet en ce sens soumis à Mme Alliot-Marie quelque temps avant sa fameuse intervention devant l'Assemblée nationale.
Un concert d'interventions de membres du gouvernement français s'en suivit. Certains ministres sont allés jusqu'à soit minimiser l'impact de la répression, soit manifester un soutien plus ou moins franc à Ben Ali. C'est ainsi que plusieurs voix, au sein du gouvernement, se sont portées volontaires pour dédouaner Ben Ali. Le ministre de l'agriculture, Brunu Le Maire, sur Canal Plus déclare: «Ben Ali est quelqu'un qui est souvent mal jugé et qui a fait beaucoup de choses”. Il est relayé, sur la même chaîne par Rachida Dati, députée européen, ancien ministre de la Justice qui accentue le trait : « Ben Ali a joué un grand rôle dans la coopération et la lutte contre le terrorisme. C'était aussi pour protéger les Européens ».
Mais c'est le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, qui avait obtenu sa nationalité tunisienne des mains de Ben Ali, qui, finalement, enfonce le clou et accentue la polémique en utilisant les mots qui fâchent : « Dire que la Tunisie est une dictature univoque comme on le fait si souvent me semble tout à fait exagéré ».
Tollé général en France : la presse d'opinion, des personnalités de gauche, la Ligue des droits de l'homme protestent contre les déclarations des ministres français. L'affaire Alliot Marie est lancée. Elle se terminera par sa démission du gouvernement, sa situation étant devenue insoutenable après la révélation de ses voyages dans l'avion de l'homme d'affaires Aziz Miled , des affaires de ses parents en Tunisie, et son coup de fil à Ben Ali alors que les manifestants se font canarder impunément.
Face à la fuite de Ben Ali, l'Elysée ne peut que « prendre acte » tout en lui refusant le refuge en France, pour ne pas grever les relations futures entre les deux pays. Un silence assourdissant s'ensuit pendant lequel Américains et britanniques défilent à Tunis pour proposer « une assistance » ou « une aide » pour la transition démocratique. Jeffrey Feltman, sous-secrétaire d'Etat adjoint américain pour le Moyen-Orient, arrive à Tunis le 26 janvier porteur de propositions et d'encouragement au gouvernement provisoire en place pour l'organisation «d'élections libres, honnêtes et démocratiques». Il se dirige, le jour même, à Paris où il rencontre des diplomates français en charge des dossiers du Maghreb et du Moyen-Orient. Le 8 février, c'est au tour du Secrétaire au Foreign Office, William Hague, de débarquer à Tunis porteur de propositions de réforme.
Ahmed Ounaies, éphémère ministre des Affaires étrangères commet un gaffe, lors de sa rencontre à Paris, début février, avec Mme Alliot-Marie : « C'est pour moi un honneur, c'était peut-être un petit rêve que je faisais, et que l'Histoire ou l'accélération de l'Histoire m'a permis de réaliser. J'aime écouter Michèle Alliot-Marie en toutes circonstances et dans toutes les tribunes ». Cette déclaration lui coûtera son poste.
C'est à partir de la visite à Paris du diplomate américain, que la diplomatie française opère un redéploiement notoire. Un nouvel ambassadeur français, Boris Boillon, est nommé à Tunis. A peine dans ses bureaux, il provoque un autre incident par son attitude condescendante et agressive à l'égard des journalistes. Tout de suite, la rue et les réseaux sociaux s'enflamment et lui lancent un « dégage ». Il est contraint aux excuses. Les Tunisiens assistent alors à une scène humiliante, à peine imaginable : le premier représentant de la France, ex-puissance colonisatrice en Tunisie , présentant ses excuses en direct à la télévision nationale, et en arabe : «Je m'excuse auprès des journalistes et de tous les Tunisiens (…) S'ils ont pris mes réponses comme une manière de répondre de façon hautaine, je le regrette et je suis vraiment désolé et je présente toutes mes excuses à tout le peuple tunisien.»
Trois jours plus tard, le 22 février, Christine Lagarde, ministre de l'économie et des finances, accompagnée du ministre chargé des affaires européennes Laurent Wauquiez, arrive à Tunis pour essayer d'éteindre l'incendie. Frédéric Lefebvre, Secrétaire d'Etat chargé du Commerce, de l'Artisanat, des PME, du Tourisme, des Services, des Professions libérales et de la Consommation se rend à Tunis le 2 mars.
Devant la réaction des Tunisiens, Frédéric Mitterrand fait amende honorable en s'exprimant, lors de sa visite à Tunis le 2 avril, dans l'hebdomadaire tunisien Réalités : «Alors que le peuple tunisien est parvenu par ses seules forces à se débarrasser de la chape de plomb qui pesait sur lui, je regrette profondément que mon attitude et les expressions qu'il m'est arrivé d'utiliser aient pu offenser des gens que j'ai toujours voulu aider et que j'admire et que j'aime.»
Mais un autre nuage vient jeter une ombre supplémentaire sur les relations avec les deux pays. L'attitude du ministre français de l'intérieur, Claude Guéant, qui monte en première ligne contre l'arrivée des migrants de Lampedusa, début avril, pourtant porteurs d'un séjour Schengen en bonne et due forme délivré par les autorités italiennes, ajoute à l'incompréhension indignée. Dans le même temps la Tunisie accueillait plus de 700.000 réfugiés arrivés de Libye.

Une histoire cahoteuse

Qu'est-ce qui explique ce bug diplomatique? Il y a d'abord le poids de l'histoire, ensuite l'absence de ligne directrice face à l'événement, la Tunisie étant considérée comme « quantité négligeable », selon l'expression d'une source diplomatique, enfin le fait des connivences et des compromissions.
Les relations entre la Tunisie et la France ont, depuis l'indépendance, connu des hauts et des bas. Du temps du Président Bourguiba, pourtant francophone et francophile, déjà les relations avec la France du Général de Gaulle soufflaient le chaud et le froid (divergences sur le calendrier d'évacuation de la base navale du nord, bataille de Bizerte, indépendance de l'Algérie, évacuation de Bizerte). Mais la ligne générale de la « politique arabe » de la France a été maintenue jusqu'à l'arrivée de Jacques Chirac. Ce dernier confirme l'axe Paris-Tunis, à l'occasion de sa visite officielle à Tunis en 2003. Il y délivre un blanc seing au régime de Ben Ali en déclarant : « «Le premier des droits de l'homme c'est manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat. De ce point de vue, il faut bien reconnaître que la Tunisie est très en avance sur beaucoup de pays». Alors que l'avocate Radhia Nasraoui poursuit une grève de la faim depuis plus de 50 jours pour protester contre les exactions dont fait l'objet sa famille, lors d'un dîner d'Etat, Jacques Chirac persiste et signe en reconnaissant «la consolidation de la démocratie» en Tunisie. Même Dominique Strauss-Kahn, en 2008 alors qu'il est encore patron du FMI, vante la réussite tunisienne et déclare que « La Tunisie est un bon exemple à suivre pour beaucoup de pays qui sont émergents ».
Depuis le choix atlantiste du gouvernement Sarkozy, les paramètres diplomatiques ont sensiblement changé. Le renforcement des relations avec le régime de Ben Ali entrait dans la stratégie de la « guerre contre le terrorisme » initiée par Georges W. Bush. On a longtemps considéré la politique tunisienne comme un rempart contre l'islamisme et le terrorisme. C'est dans ce cadre que le Président Sarkozy donne un autre satisfécit à la politique de Ben Ali, durant sa visite d'Etat de 2008 : « Aujourd'hui, l'espace des libertés progresse. Ce sont des signaux encourageants, que je veux saluer (…) Ces signaux, ces réformes s'inscrivent sur un chemin, étroit et difficile, mais essentiel, celui de la liberté et du respect des individus sans lesquels un pays n'est pas un grand pays. »
Cependant, alors que les Etats-Unis de Barack Obama changeaint de stratégie misant sur une coopération vigilante avec les mouvements islamistes dits « modérés », la politique française restait prisonnière du prisme de la lutte contre le terrorisme, décliné souvent, dans la politique franco-française, en lutte contre l'islamisme (affaire de la burqa, déclarations islamophobes).
D'autre part, les réseaux politiques et économiques multiformes, construits et dynamisés entre Paris et Tunis maintenaient une relation solide et sans problèmes. Or, la déflagration révolutionnaire a fini par tétaniser Paris. Nombre d'acteurs économiques français s'étaient « compromis » avec le clan Ben Ali, des « dossiers explosifs » menaçaient. Le rapport publié récemment par la Commission nationale de lutte contre la corruption, présidée par le professeur Abdelfattah Omar, signale des manquements, des délits d'initiés, des prises illégales d'intérêts liés à certaines entreprises françaises implantées en Tunisie. Les noms d'entreprises françaises comme Thales, Alstom, Orange, Sovatram, Pizzorno sont l'objet d'investigations.
Tous ces éléments, ajoutés à la difficulté de réinventer rapidement des relations nouvelles dans un système en pleine transformation, ont déterminé la prise en charge directe du dossier Tunisie par Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères. A partir de sa visite en Tunisie à la fin avril, une véritable opération de charme fut entreprise. Pas moins de 6 ministres font la visite à Tunis. On mobilise les « Tunisiens » de l'équipe, Pierre Lellouche originaire du pays, Eric Besson dont la femme est tunisienne, Frédéric Mitterrand, binational. Une aide de 350 millions d'euros est décidée pour panser les plaies des relations bilatérales. Une invitation à une visite officielle est lancée à Béji Caid Essebsi qui se rend en France les 17 et 18 mai après son ministre des Affaires étrangères Mouldi El Kéfi. La participation du Premier ministre par intérim au sommet du G8 clôt ainsi le psychodrame de la période intérimaire.

Quel avenir pour les relations bilatérales ?

La surprise de la victoire électorale inattendue du mouvement Ennahdha faillit replonger les relations bilatérales dans une autre crise. Mais les autorités françaises réagirent rapidement, cette fois. La levée de la résidence surveillée en France de Salah Karkar et son retour en Tunisie étaient un signal favorable donné à Ennahdha .Rached Ghannouchi, son chef historique, avait déclaré sur la radio Express FM: «Notre langue, c'est la langue arabe. On est devenu franco-arabe, c'est de la pollution linguistique».
Lors d'un conseil des ministres, le Président français déclare : « La France sera vigilante sur le respect des droits de l'homme et des principes démocratiques ». Alain Juppé, lui, évoque « les lignes rouges à ne pas franchir » et la « vigilance » de la France. Mais cela n'empêche pas ce dernier de féliciter Ennahdha pour sa victoire du 23 octobre et de lui adresser un « message de confiance sans préjugé ni procès d'intention ».
Toujours est-il, ni le Premier ministre français François Fillon ni le Président Nicolas Sarkozy n'ont donné signe de vie à Tunis. Les relations bilatérales, en pleine reconstruction, doivent prendre en ligne de compte l'avènement de la révolution et l'accès de la troïka (Ennahdha, CPR et EttakattoL) au pouvoir. Le Président Marzouki a surpris son monde en fustigeant dans le Journal du Dimanche « l'esprit colonial » de la France: « Je constate que les Français sont souvent ceux qui comprennent le moins le monde arabe, alors que ce devrait être le contraire. Les Français sont prisonniers d'une doxa au sujet de l'islam. » Ces déclarations semblent en fait répondre à celles du Président Sarkozy, exprimées suite à l' « affaire Alliot-Marie », pour expliquer l'atermoiement de la politique française: « Je revendique une certaine réserve lorsqu'il s'agit de commenter les événements de pays qui ont été la France et qui ne le sont plus.» Le Président Marzouki, dans le même journal, se dit « francophone et francophile ».Il se veut être « un pont entre la France et la Tunisie », ce qui augure de nouvelles perspectives que l'invitation que lui a lancée le Président Sarkozy ne manquera pas de confirmer. Reste que les élections françaises de 2012, qui semblent favorables à la gauche et à son candidat à la présidence François Hollande, risquent de rebattre les cartes d'autant plus que le candidat socialiste s'est déclaré favorable à la suspension de la dette de la Tunisie pour 2012 et à une aide massive et immédiate pour la période intérimaire.
Toutefois, en diplomatie, les chiffres imposent souvent les postures. La communauté tunisienne en France compte plus de 600.000 personnes, parmi lesquelles un bon nombre de binationaux et plus de 13.000 étudiants. Les Français restent la première clientèle touristique de la Tunisie avec 1, 5 million de personnes. D'autre part, la France est le premier partenaire économique de la Tunisie. Elle a plus de 1200 entreprises installées sur le sol tunisien faisant travailler plus de 100.000 personnes, et 25.000 résidents français, population en accroissement constant (près de 10% par an).
Cette réalité s'imposera dans toute négociation future, le jour où l'obstacle idéologique qui domine actuellement la vision de la France aura été dissipé. Car, en définitive, la France et l'Europe se doivent de prendre en ligne de compte un facteur nouveau dans la situation géostratégique : l'arrivée au pouvoir des islamistes, longtemps mis au pilori des relations d'Etat. A l'heure des défis islamistes, la « doctrine Chirac », pour reprendre une expression d'un confrère de la place, est à réviser. Cette doctrine, qui guide encore la diplomatie française, consiste à soutenir des régimes dictatoriaux mais laïques, qui s'ouvrent aux investissements étrangers et « réussissent » économiquement. Mais les révolutions arabes, qui remettent la volonté des peuples au centre de l'échiquier politique, sont passées par là. Ce phénomène désormais régional déterminera, à coup sûr, une reconfiguration de la diplomatie française et, probablement, de douloureuses révisions dans une année électorale qui s'annonce difficile.
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