Jeudi 29 décembre, à la salle de cinéma Amilcar (El Manar) a eu lieu une projection de presse du documentaire « Rouge parole » du réalisateur Elyès Baccar. Ce film dure 94 mn et sortira dans les salles à partir du 4 janvier 2012. Un nouveau film documentaire sur la Révolution qui s'ajoute à ceux qui ont précédé. Mais avec un certain recul, il est possible de revisiter les événements avec plus de perspicacité, de lucidité et de clarté, comme dans ce film paru une année après la Révolution. Une année est une période assez suffisante pour que les choses soient plus claires aux yeux des cinéastes et des artistes en général pour la réalisation d'une œuvre de mémorisation qui servira de document historique aux générations futures. C'est d'ailleurs l'impression avec laquelle nous sommes sortis après avoir vu ce film documentaire qui passe pour un document précieux qui traite des événements les plus importants de la Révolution ayant permis au peuple tunisien d'accéder à sa liberté après plus d'un demi siècle d'asservissement, d'oppression et de soumission. Aussi peut-on remarquer à travers les séquences du film que l'accent est mis surtout sur les libertés qui furent longtemps confisquées. En résumé, le film relate des faits qui se situent entre la fuite de Ben Ali et le fameux sit-in de la Kasbah qui finit par la démission du Premier ministre Ghannouchi. La caméra du réalisateur s'est promenée un peu partout dans le pays pour filmer les manifestations et les soulèvements des foules, à Kasserine, à Thala, à Redeyef, à Kerkennah, à Sidi Bouzid et bien sûr, à Tunis. Des reportages sont recueillis auprès des gens qu'on allait rencontrer dans les villages, les cafés, dans la rue. Des discussions et des débats souvent improvisés parmi des gens en manifestation ou rassemblés dans des cafés et qui parlent pour la première fois en toute liberté. C'était comme dans un rêve, les gens n'en croyaient ni leurs yeux ni leurs oreilles à l'idée que Ben Ali a enfin quitté le pays avec sa famille mafieuse. Partout, on poussait un soupir de soulagement, mais on parle déjà de l'avenir, de la construction d'une Tunisie nouvelle. Le film met par ailleurs en relief les fortes émotions d'un peuple qui vient de se débarrasser de 23 ans de tyrannie et de soumission, mais aussi leurs appréhensions quant à l'avenir du pays qui n'est pas habitué à de pareilles situations où à tout moment il pourrait y avoir un risque de dérapage. Le peuple se cherchait, étant peu initié à la liberté et à la démocratie, après plus de vingt ans de silence! Le film est donc produit et réalisé par Elyès Baccar qui est diplômé du « Conservatoire libre du cinéma français » (section réalisation). Il a réalisé plusieurs courts métrages, publicités télévisées, des pièces de théâtre, des opérettes et différents documentaires dans plusieurs pays. « Elle et Lui » est son premier long métrage de fiction réalisé en 2006. Il a remporté plusieurs prix pour le meilleur court métrage documentaire au Festival du film documentaire Aljazira en 2006 pour « Pakistan 76 », et en 2009 pour « La Musique dit… ». Il obtint le prix spécial du jury en 2009 au festival du film Ocean-New Delhi pour son long métrage documentaire « Mur des lamentations».