De Mustapha ZOUBEIDI - Après Hamouda et Mustapha El Askri, disparus depuis longtemps voilà le dernier des trois seuls tunisiens qui ont trouvé grâce au sein du mythique C.S d'Hammam-Lif à ses débuts dans les années 40, qui vient de nous quitter. Mejri Henia dont la carrière s'est suffi du seul prénom pour en faire un renom, a été inhumé dimanche dernier, à trois mois de ses 85 ans. On ne peut demander à ceux qui n'avaient pas dix ans quand Mejri a raccroché les crampons, de se souvenir d'un homme qui malgré un immense talent, a de surcroît tout fait pour traverser plus de dix ans de football de haut niveau sans faire la moindre vague. Discret pour ne pas dire timide, laconique pour ne pas dire bougon, mais si efficace quand il s'agit de s'exprimer des pieds, le gauche notamment. Qu'à vingt ans, il a su trouver une place parmi les monstres du football d'alors, les algériens Hammoudi, Chabri et Mustapha, les Libyens Abdelhafidh et Ali Zgouzi, les Italiens Fanfan Cassar, Salvo et Cherenza et le Maltais Vella. Qu'à trente trois ans il disposât d'assez de beaux restes pour faire partie de la première équipe de la Tunisie souveraine et qu'à la veille de sa retraite intervalle avale, il trouve le moyen, pour démentir ceux qui ne voyaient en lui qu'un pied gauche, il offre à la Tunisie une victoire en marquant du pied droit. C'était en 1959. Il disputera encore deux ou trois rencontres internationales avant d'aller prêter à l'UST son savoir faire, alors qu'elle était sur le retour après tant de lustres de gloire. Ainsi il était le seul des cinq frères Henia, tous footballeurs de premier plan, à ne se faire connaître que par son prénom qui en subissant déjà une distorsion a fait de lui un des Ouled Majer, alors qu'il ne l'était pas. C'est cet homme, aussi discret qu'efficace que nombreux furent ceux qui l'ont accompagné dimanche à sa dernière demeure dans un silence de circonstance qui sied si bien à celui à qui on tenait à rendre un dernier hommage et qu'on imaginait marchant dans son dernier voyage, comme il a toujours vécu, sur la pointe des pieds. M.Z