Le 18 janvier ą l'Hôtel de Ville de Paris, en présence du Maire de la ville Bertrand DelanoĎ, des responsables de l'Association Lucas Dolega, de Polka magazine, de Reporters sans frontières (RSF), de Souhyr Belhassen, Présidente de la FIDH, s'est tenue la premiŹre cérémonie de remise du Prix photographique Lucas Dolega. Le Prix photographique international Lucas Dolega est organisé par l'association Lucas Dolega, en partenariat avec la Mairie de Paris, le magazine Polka et avec le soutien de RSF, pour rendre hommage ą ce photoreporter franco-allemand de 32 ans décédé le 17 janvier 2011 ą Tunis suite ą ses blessures alors qu'il couvrait la Révolution tunisienne. Lucas Mebrouk Von Zabiensky, de son vrai nom, signait du patronyme Dolega qu'il avait repris d'un de ses ancźtres polonais. Luca partagea sa vie entre l'Allemagne natale, le Maroc paternel et la France. Cette dimension multiculturelle qu'il portait comme une marque de fabrique allait faire sa destinée. Attiré trŹs tôt par la photo, sa résolution fut vite prise : devenir reporter photographe. Pays lointains, conflits, raconter l'humain, un boĒtier en bandouliŹre, son choix était fait. La passion pour l'aventure, le goět du danger se muent en combat. Combat pour immortaliser les conflits (Congo, Bangkok, IsraĎl, Palestine).Et c'est naturellement qu'il s'envole ą Tunis en janvier 2011 pour fixer sur la pellicule le soulŹvement d'un peuple et les derniers jours d'une dictature en déroute. Ouvrant la cérémonie, le Maire de Paris, Bertrand DelanoĎ, a mis l'accent sur « la quźte des peuples pour la démocratie » dans « un monde oĚ l'on tue pour empźcher les citoyens d'źtre libres et d'accéder ą la démocratie ». Il a affirmé « la pérennité de l'engagement de la Ville de Paris autour de la liberté de la presse » et son «soutien ą ceux qui animent cette initiative ». Le prix Lucas Dolega est destiné ą soutenir les photographes qui exercent leur activité dans des conditions souvent difficiles et sur des zones de guerres militaires ou civiles pouvant comporter des risques pour assurer la diffusion d'une information libre et indépendante. Dans son discours de remise du prix, la présidente du Jury, Daphné AnglŹs, rédactrice Photo Europe pour The New York Times a mis en évidence le désir de « récompenser un photographe qui par son engagement personnel, son implication sur le terrain, ses prises de position et la qualité de son travail, a su témoigner de son attachement ą la liberté de l'information ». Recevant son prix des mains de Bertrand DelanoĎ,Emilio Morenatti, ému mais lucide et modeste, a dédié son prix ą tous ses collŹgues perdus dans l'exercice de la liberté d'informer ou blessés dans les nombreux conflits qu'ils avaient couverts. Ils sont 18 disparus depuis le déclenchement de la Révolution tunisienne. Emilio Morenatti, qui travaille pour Associated Press, a été sévŹrement blessé en 2010 en Afghanistan dans une attaque ą la bombe. Il a dě źtre amputé de la jambe gauche. AprŹs des soins aux Etats- Unis et une période de rééducation, Emilio Morenatti reprend les chemins tracés pour sa caméra. La mźme année, il rećoit le prix du meilleur photojournaliste dans le concours international Best of journalism. Pour sa premiŹre édition, le Jury du prix Lucas Dolega est composé de Dimitri Beck, Rédacteur en chef Polka Magazine, Armelle Canitrot, Chef du Service photo de La Croix, Patrick Chauvel, Reporter-photographe , Kathleen Grosset, Présidente de la FFAP, Barbara Herrmann, Chef du Service photo du Stern-Paris, Jean-Franćois Julliard, Président de RSF, Alain Mingam, Photojournaliste et membre du C.A et du bureau exécutif de RSF , Jean-Luc Monterosso, Fondateur et Directeur de la MEP et Laurent Rebours, Rédacteur en chef Photo AP France. Le jury a récompensé le photographe Emilio Morenatti pour son reportage «Displaced in Tunisia ». Le Prix Lucas Dolega comprend également une dotation Nikon d'une valeur de 10 000 euros, une exposition ą Paris et une parution dans l'album de RSF ainsi que dans un numéro de Polka magazine. Polka offre également au lauréat la production d'un autre reportage. S'il y a deux noms que les journalistes et les reporters photographes retiendront de la Révolution tunisienne, ce sont certainement ceux de Mohamed Bouazizi qui, par son immolation, lanća les premiŹres étincelles du printemps arabe, et Lucas Dolega, premier photojournaliste martyr de l'Źre nouvelle qui s'ouvre.