Le tribunal administratif de Tunis vient de rejeter le recours contre l'administration de la Faculté des lettres de Sousse, formulé par une étudiante, pour avoir été empêchée de s'inscrire, car elle portait le Niqab, et a refusé de se découvrir le visage. L'objet du recours a été sur la base de l'atteinte à la liberté vestimentaire. Le tribunal administratif a estimé dans sa décision que le recours n'était pas fondé et que l'intéressée devait se plier au règlement intérieur de la faculté, prescrivant que l'étudiant désireux d'accomplir les formalités d'inscription doit se présenter à visage découvert pour être reconnu. Liberté vestimentaire et contexte social La liberté vestimentaire a toujours été l'objet de controverses, surtout lorsqu'elle constitue une atteinte à l'ordre public d'une manière ou d'une autre. Cela a commencé par Adam et Eve qui après avoir commis le pêché originel se sont rendu compte que leur nudité constituait une atteinte à la dignité humaine, et se sont empressés de se couvrir avec des feuilles de l'arbre interdit de l'Eden. Depuis la nuit des temps, l'être a cherché à soigner sa tenue vestimentaire qui le distingue de l'animal. Avec l'évolution des sociétés, la conception de la tenue vestimentaire avait, outre le but de se protéger des caprices climatiques, celui de préserver la dignité humaine. Au commencement des religions révélées, les prescriptions concernant la tenue vestimentaire ont été dans le même but, qui est le respect et la dignité. C'est dans ce même but que la religion juive a imposé à la femme de se couvrir les cheveux pour ne les montrer qu'à son époux. A l'avènement de l'Islam les femmes menaient une vie de libertinage, sauf celles qui appartenaient aux tribus nobles de Koraïch à la Mecque. Aussi ne faisaient-elle pas très attention à leurs tenues vestimentaires, leur seul souci étant de se parer pour mieux attirer le regard masculin. C'est la raison pour laquelle, dans les prescriptions coraniques, il a été recommandé à la femme désormais de se couvrir, afin d'éviter les regards provocateurs et polissons. Le hijab a été ainsi imposé à la femme de l'époque. Le hijab faisait partie des tenues vestimentaires d'Arabie depuis cette époque. Cela a été transposé dans toutes les sociétés musulmanes,et selon les habitudes vestimentaires de chaque société. En Tunisie, Il y a eu plusieurs tenues vestimentaires, qui répondaient au critère de protection de la femme des regards déplacés. La femme a évolué depuis et la mentalité a changé, surtout quant à sa place dans la société. Les polémiques ont d'abord éclaté à propos du voile, pas l'actuel, mais celui qu'on appelle Sefsari, et qui est porté encore par quelques femmes. Autant Bourguiba a tenu au port du Sefsari pour la femme, à l'époque coloniale, autant il a tenu, dès l'aube de l'indépendance à son abolition. La polémique de nos jours porte sur le Niqab qui n'a jamais fait partie de nos traditions vestimentaires, et qui de surcroît n'a jamais été imposé par les préceptes de l'Islam. Liberté vestimentaire, prétexte fallacieux Le Niqab constitue un déguisement car il ne permet pas de reconnaître la personne qui le porte. Dans l'absolu, on ne peut l'interdire car cela porterait atteinte à la liberté vestimentaire. Cependant, dans l'entreprise ou l'université, on doit respecter les règlements intérieurs interdisant le port du Niqab, ou alors on doit se résigner à ne pas travailler, et à ne pas suivre des cours et passer des examens à la faculté. Cela ouvre la porte à plusieurs opportunités de tricherie et d'imposture. L'interdire au sein de l'entreprise ou de la faculté, ne constitue nullement une atteinte aux préceptes de l'Islam, ni à la liberté de la tenue vestimentaire. La décision du tribunal administratif était fondée sur le fait que ces prétextes sont totalement fallacieux. Ahmed NEMLAGHI profriri aghioul andalib