• 75 % des pauvres vivent dans les zones rurales Les Tunisiens vivent-ils confortablement ? Disposent-ils d'assez de moyens pour pouvoir subvenir à leurs besoins tranquillement ? Les discours prononcés lors de l'ancien régime étaient rassurants là-dessus. Sauf que la Révolution du 14 janvier a prouvé le contraire. Les trois quarts des Tunisiens sont malheureusement pauvres. « Ce qui est désolant est que 75 % des pauvres résident dans les zones rurales », c'est ce qui a été annoncé mercredi après-midi par Abdel Rahmane EL Lagha, économiste lors de la conférence organisée par le Département des Etudes et de Documentation de l'UGTT autour du thème « la pauvreté et les inégalités en Tunisie, état des lieux et politiques futures ». Un sujet certes d'actualité, sauf que la nature l'a bien prouvé ces derniers jours après la chute de la vague de neige et de froid. Les Tunisiens les plus pauvres se trouvent dans les zones rurales, à Sbiba, à Hassi Ferid, à El Ayoun, à Majel Abbass, à Kasserine Sud, à Mezzouna…La liste est malheureusement longue. D'ailleurs, le taux de pauvreté atteint dans ces délégations 41 %. Un tableau sombre qui nécessite un grand effort pour pouvoir améliorer les conditions de vie dans ces zones et offrir à ces citoyens tunisiens une qualité de vie décente. « Il est important de réviser les politiques actuelles de lutte contre la pauvreté et en concevoir de nouvelles plus efficaces qui ciblent particulièrement les régions les plus pauvres », fait remarquer l'économiste. « Certaines régions nécessitent un effort soutenu pendant 10 à 15 ans pour atteindre un niveau de vie décent », toujours d'après le spécialiste tout en précisant que « c'est l'Ouest du pays qui est le plus touché » par ce phénomène. Pauvreté relative Les données reflétant la pauvreté relative ne diffèrent pas beaucoup, bien que le taux soit « relativement stable depuis 1990 ». Une légère hausse a même été enregistrée à ce niveau. Le taux de pauvreté relative est de l'ordre de 29,25 % selon les statistiques de 2005 contre 28,15 % en 1990. « La politique sociale de redistribution n'a donc pas réussi à réduire les écarts qui séparent la population relativement diminuée des autres classes », explique le Professeur Al Agha. Cela a même engendré un sentiment d'exclusion chez cette population, laisse entendre le spécialiste. « La persistance de ces écarts est de nature à accentuer le sentiment de répulsion et d'exclusion de cette frange de la population des opportunités offertes à un individu moyen », signale le conférencier. Les quelques efforts fournis pour réduire ou résoudre ce problème n'ont pas donné un bon résultat. Les écarts et les inégalités sont restés relativement élevés à travers le temps et d'ailleurs les politiques de développement n'ont servi à rien pour les pauvres en Tunisie. La croissance économique entre 1990 et 2005 était « anti pauvre », selon l'économiste. Sur quoi les politiques de développement doivent-elles se baser pour bien servir les pauvres ? Parlant de ce facteur, M. Al Agha considère que la « croissance est « pro-pauvre » si elle réduit la pauvreté. Elle doit aussi « offrir l'opportunité aux groupes les plus démunis de pouvoir bénéficier plus proportionnellement que les riches de la croissance des revenus », fait remarquer le spécialiste. Mais la réalité a prouvé le contraire. « Le test de cette hypothèse montre que la croissance réalisée a été clairement anti-pauvres ». Que faut-il alors faire pour résoudre dans l'immédiat ce problème ? Proposant des solutions, l'économiste parle, notamment de l'importance d'améliorer les conditions d'accès aux crédits pour encourager les activités génératrices de revenus. Quant aux réformes à introduire dans l'immédiat, elles doivent se baser sur une répartition plus équitable du budget de développement économique et de la nécessité d'intervention dans les poches de pauvreté qui sont largement connues. « Il faut répartir le budget de développement selon la contribution relative de chaque région à la pauvreté globale », propose M. Al Agha.