Le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique est-il en train de faire la sourde oreille face aux revendications des universitaires ? La réponse annoncée par les enseignants est oui. C'est pour cette raison qu'ils se sont réunis hier dans le cadre d'un rassemblement de protestation devant le ministère de tutelle. Le mauvais temps, les intempéries ne les ont pas démotivés pour clamer haut et fort leur « droit à la négociation » qui « tarde à se réaliser à cause de l'attitude du ministère », déclare le Professeur Hussein Boujarra, secrétaire général de la Fédération Générale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (FGESRS). « Une pratique qui tire vers l'arrière le travail syndical et qui rappelle notamment celle adoptée par l'ancien régime », ajoute le secrétaire général. Universitaires, étudiants et enseignants de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba se sont donné, hier - encore une fois- rendez-vous devant le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique pour protester contre la passivité affichée par le ministère de tutelle vis-à-vis de plusieurs questions. Multiplication des actes de violence contre les universitaires, non respect et non application des décisions du tribunal administratif concernant l'interdiction du port du Niqab dans les classes et les salles d'examen, report non justifié des dates de négociations sur les principaux dossiers du secteur…Telle est la situation par laquelle passent les enseignants qui considèrent que le ministère affiche une passivité semblable à celle adoptée par l'ancien régime. Mais ils restent plus que jamais déterminés à atteindre leurs objectifs. « Plusieurs questions très importantes doivent faire l'objet de négociations sérieuses », se mettent-ils d'accord. Politique de l'ancien régime A cet égard, le Professeur Boujarra déclare que « le ministère doit couper court avec la politique de la tergiversation ». « Notre rencontre prévue pour les 1er et 2 février a été reportée sans préavis et de façon unilatérale », critique le secrétaire général qui annonce que « le ministère est en train de négocier en parallèle avec d'autres parties qui ne représentent aucunement la Fédération Générale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique ». « Des pratiques qui ont pour objectif de fragmenter la structure syndicale », enchaîne le syndicaliste tout en critiquant : « cela nous rappelle l'attitude adoptée par l'ancien régime vis-à-vis des universitaires ». Mais « il faut dire que c'est toute la structure syndicale qui est visée aujourd'hui par le gouvernement provisoire », signale le Professeur Boujarra. Il rappelle dans ce contexte les attaques accomplies contre les sièges de l'UGTT. « Des agressions perpétrées par les milices du gouvernement provisoire et cela nous rappelle l'ancien régime », attire-t-il l'attention. Réforme du système LMD Par ailleurs, le syndicaliste déclare que les universitaires tiennent à leurs revendications morales, professionnelles et matérielles. « L'évaluation du système LMD et la réforme des études universitaires restent pour nous une priorité. Elles doivent faire l'objet de négociations sérieuses dans les plus brefs délais», insiste le secrétaire général de la FGESRS tout en déclarant que « le ministère doit s'engager pour activer les réunions des quatre commissions mixtes convenues et de fixer les dates des rencontres ». A rappeler dans ce contexte que les quatre commissions mixtes se présentent comme suit : la commission relative à la réforme de statut, la commission relative à la réforme du système d'enseignement notamment le LMD, la commission d'examen des revendications matérielles et celle de traitement des mouvements et des mutations. « Ces commissions sont toujours bloquées par le ministère », critique le Professeur Boujarra. Actuellement, le courant passe mal entre les deux partenaires d'où le risque de tirer vers l'arrière la relation entre la Fédération Générale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et le ministère de tutelle toujours insensible aux revendications des universitaires. Sana FARHAT
La réaction du ministère Une délégation de syndicalistes a négocié en marge de cet acte de protestation avec des conseillers du ministre et en l'absence de celui-ci. Ils ont promis de transmettre à la FGESRS les dates de démarrage des réunions de ces commissions ainsi que la date butoir de la fin des négociations.