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L'expression “système des valeurs islamiques” remplace la chariaâ : c'est ambiguë Tollé persistant sur les sources d'inspiration de la nouvelle Constitution
«Le système des valeurs islamiques constitue un concept trop vague qui pourrait englober les châtiments corporels prévus par la Chariâa», remarque Rafik Tlili, élu du CPR Trois autres sources d'inspiration font l'unanimité: le patrimoine civilisationnel et réformiste tunisien, les objectifs de la révolution» et les hautes valeurs humanistes La place de l'Islam dans la future Constitution tunisienne enflamme le débat à l'Assemblée nationale constituante. La proposition de Sadok Chourou, l'un des représentants de l'aile dure du mouvement islamiste Ennahdha, de mentionner la Chariâa comme la principale source d'inspiration de la Constitution et de la législation n'a pas recueilli l'assentiment de plusieurs membres de la commission du préambule, des principes généraux et de l'amendement de la constitution. Ennahdha, qui ne dispose pas d'une majorité lui permettant d'imposer ses normes, au sein de l'assemblée a dû revoir sa copie. Les élus du parti islamiste qui compte 89 élus sur un total de 217 ont proposé une nouvelle formulation en ce qui concerne les sources d'inspiration de la nouvelle Constitution. «Le préambule fera mention de quatre éléments essentiels qui seront la source d'inspiration dans l'écriture de la prochaine constitution, à savoir le système des valeurs islamiques, le patrimoine civilisationnel et réformiste du peuple tunisien, les objectifs de la révolution et les hautes valeurs humanistes», précise Abdelmajid Najjar, élu d'Ennahdha. Les trois derniers éléments font l'unanimité auprès de toutes les formations représentées au sein de l'Assemblée. L'expression «système des valeurs islamiques» a été, cependant, jugée ambiguë. «Le système des valeurs islamiques constitue un concept trop vague qui pourrait englober les châtiments corporels prévus par la Chariâa comme l'amputation des mains des voleurs et la lapidation de la femme adultère», peste Rafik Tlili, élu du Congrès pour la République (CPR), un parti membre de la coalition gouvernementale aux côtés d'Ennahdha et du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL/ ou Ettakatol). Et d'ajouter : «il faudrait remplacer cette expression par une autre moins confuse tout en mentionnant que les valeurs islamiques en question sont celles de l'égalité, de la liberté, la justice et la bienfaisance». Reconduction De son côté, Mabrouka M'barek, membre de l'Assemblée constituante élue sous les couleurs du CPR, estime que la nouvelle proposition d'Ennahdha est tout aussi périlleuse que la première. « Mentionner les valeurs islamiques dans les principes fondamentaux, c'est ouvrir une boîte de Pandore. C'est un contenu trop vague qui dépend complètement d'une interprétation que personne ne peut garantir aujourd'hui» , a-t-elle noté, tout en proposant en commission de remplacer la référence aux valeurs islamiques par la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Les élus du CPR et du Forum Ettakatol devraient, d'ailleurs, formuler une proposition commune pour inclure la référence claire à la Déclaration universelle des droits de l'homme dans le Préambule, et à l'identité arabo-musulmane dans les principes fondamentaux. La position du mouvement Ennahdha n'est pas encore définitivement arrêtée. Le chef historique du principal parti islamiste tunisien, Rached Ghannouchi, a, d'ailleurs, suggéré récemment la reconduction du premier article de la Constitution de 1959 stipulant que « la Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain ; sa religion est l'islam, sa langue l'arabe et son régime la république», tout en ajoutant un article à la Constitution pour interdire la promulgation de lois qui constitueraient une offense à l'Islam. Le débat reste pour l'heure ouvert. Des experts en droit constitutionnel et des personnalités nationales devraient y apporter leur grain de sel. D'autant plus que la commission du préambule, des principes généraux et de l'amendement de la constitution invitera à ses prochaines réunions, des personnalités éminentes , dont Mustapha Filali, Ahmed Mestiri, Ahmed Ben Salah, Yadh Ben Achour, Sadok Belaïd, Hafedh Ben Salah et Kaïs Saïed. Walid KHEFIFI