Par Sofiène Khalfi, Assistant de l'Enseignement supérieur - Que des histoires d' « affaires » dans l'histoire politique et sociale de la France ! De l'affaire Calas, jugée affaire judiciaire ou milieu du XVIIIème siècle ( et qui s'est déroulée à Toulouse… ironie du sort !), rendue célèbre par l'intervention de Voltaire, en passant par l'affaire Dreyfus, ce conflit social et politique majeur de la Troisième République ( survenu à la fin du XIXème siècle), fort médiatisé par la célèbre article pamphlétaire «J'accuse» de Zola..., jusqu'à l'Affaire Merah, théâtre de toutes les controverses et de toutes les interrogations possibles, spoliée de fond en comble par les médias, récupérée par les candidats à la présidentielle de 2012 tel un « coup électoral » (Marine Le Pen » ou même de « contexte approprié » (Nicolas Sarkozy)… Sidérant ! Si l'on revient encore une fois sur cette « affaire », c'est qu'elle n'a pas fini de faire des siennes. La tempête est passée, place à ses répercussions : coup de filet de la gendarmerie française dans les milieux islamistes, se concluant sur dix-neuf interpellations et dix-sept arrestations, ainsi que le démantèlement d'un groupe radical appelé « Forsène Al Izza » ( Les Cavaliers de la fierté). L'Islam radical est bel et bien dans le viseur du gouvernement français. En revanche, quoiqu'elle ait un lien quasi direct avec le fanatisme religieux ( le jeune Merah s'est proclamé comme faisant partie d'Alqaida), l'affaire Merah, dans son essence, et à mon humble sens, n'est pas du tout cela. Ce n'est pas vraiment une « affaire », ce n'est pas non plus un fait divers. C'est plutôt l'expression de la frustration d'une jeunesse désoeuvrée, en perte de repère, victime elle-même d'une politique française aux abois, « positivement » discriminatoire… ! C'est plutôt l'action d'un jeune « taré » ( diraient les psychologues), endoctriné, ayant subi l'influence des « mauvais exemples » ces « caïds » qui continuent à croire encore à une guerre sainte contre les « croisés » de France. L'étonnement atteint son faîte. Plutôt que de le taxer directement de « tueur », de « monstre » ou d' « assassin » ( certes, le mal est fait !), je ferais, pour ma part, œuvre de sociologue, en essayant de regarder de près ce qui a pu mener ce jeune de 23 ans à commettre l'un des crimes les plus ignobles : tuer des innocents, et surtout des enfants. Mohamed Merah, avant d'être « d'origine algérienne » ( les médias ne cessent de mentionner cela !), est Français, né sur le sol Français et il y est tombé ! Il a grandi dans la cité des Izards, pas loin du centre ville, une cité comme les autres où les Français de pure souche se font rares, et où la principale occupation de la majorité écrasante des jeunes est de « rouler en scooter », ou de « se tirer un joint », en bas de l'immeuble. Ex-toulousain, je parle en connaissance de cause, ces mêmes cités ( les Izards, les minimes, Rangueil, Le Mirail, Bagatelle…etc), je les ai parcourues et j'ai bien pu remarquer cette consternation dans leurs yeux, consternation qui se transforme en rancune envers les « vrais Français » qui passent en premier. N'oublions pas que Merah a tenté deux fois d'intégrer l'école militaire française : son dossier a été rejeté à cause de « petits délits » commis… dans sa « cité » ! Etrange paradoxe ! On vous case dans une cité, politique de « guettoisation » oblige, on vous propose des « formations », on vous fait des promesses d'emploi… pour vous préparer à votre avenir de… chômeur ! Nous ne sommes pas sortis de l'auberge ! Je suis loin de nourrir le dessein de disculper Mohamed Merah ( dans un pays où le simple prénom à résonance musulmane est devenu un « handicap » à l'intégration sociétale), mais je voudrais simplement « rendre à César ce qui est à César "! Consterné par la vague à l'âme de l'époque napoléonienne, le jeune Alfred de Musset avait pu « purger » son mal de vivre dans les fumeuses confessions d'un enfant du siècle…, Mohamed Merah, lui, faute de talent artistique, passait ses journées à visionner des vidéos de tueries et d'assassinats de ces "idéaux " ! Au dilettantisme juvénile s'ajoute le joug d'une politique discriminatoire…Résultat des opérations : perte des repères, endoctrinement, et passage à l'acte. Quant à l'impact de cette question de l'Islamophobie sur le fonctionnement et les résultats des élections présidentielles, la candidate FN Marine Le Pen ne mâche pas ses mots, pointant du doigt les « mirage communautariste » ou « mirage islamiste » qui, pour elle, ont engendré « l'affaissement de l'identité nationale " Bien des indices laissent à croire qu'il pourrait s'agir d'un « coup monté » contre l'Islam et les musulmans de France, afin de nourrir davantage cet amalgame O combien dangereux entre Islam et islamisme, entre modération et fanatisme ! Le proverbe « français » est ici bien approprié : « Ne jamais mettre tous les œufs dans le même sac " ! A cela s'ajoute le silence, jusque là inquiétant, de l'islamologue et écrivain suisse, d'origine égyptienne, Tariq Ramadan qui a toujours défendu les droits des Français de confession musulmane, et merveilleusement bien exploité leur « facilité » d'adaptation aux valeurs de la République… ! Le cas Merah pourrait-il discréditer l'auteur de l'Autre en nous, ampleur du drame oblige ? Ce qui est évident aujourd'hui, c'est que cette « affaire » continuera à maintenir « l'ère des soupçons », étant donné que le fléau du salafisme, du « jihadisme » persistera à étendre ses ailes partout dans le monde, notamment dans notre pays, longtemps considéré comme une terre de tolérance, de modération et d'ouverture à l'Autre. Alors, les jeunes, A vos gardes ! Soyez vigilants et ne succombez jamais à l'obscurantisme ! Soyez plutôt pour le «dialogue» et non pas le «conflit» des religions. olympien ONS lignemoris