Un deuxième coup de filet de la police française contre de présumés islamistes radicaux s'est soldé par l'arrestation, le mercredi 4 avril au matin, de 10 personnes dans plusieurs villes de France, notamment à Roubaix et dans les quartiers nord de Marseille. D'autres interventions ont également eu lieu à Carpentras (Vaucluse), Valence, Pau et dans le Lot-et-Garonne. Cette opération vise des personnes soupçonnées de s'être rendues en Afghanistan ou au Pakistan en vue de mener le jihad. Cette nouvelle opération, diligentée par la section antiterroriste du parquet de Paris, intervient moins d'une semaine après l'interpellation de membres du groupuscule salafiste Forsane Alizza, le 30 mars. Treize suspects ont été présentés à des juges d'instruction mardi soir. Neuf d'entre eux ont été écroués pour détention d'armes et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et quatre ont été placés sous contrôle judiciaire. Cependant, d'après des sources policières, les deux enquêtes ne sont pas liées. Il n'y aurait pas d'appartenance à un réseau. Ce sont des individus isolés avec pour la plupart un profil à la Mohamed Merah. Forsane Alizza décapité Les treize personnes, dont le leader de Forsane Alizza, Mohamed Achamlane, sont soupçonnées en particulier d'avoir évoqué un «projet intellectuel» d'enlèvement d'un magistrat lyonnais, en septembre 2011, qui n'a cependant fait l'objet d'»aucun commencement d'exécution». Mohamed Achamlane a contesté «fermement tout projet d'enlèvement quel qu'il soit», a indiqué son avocat nantais, Me Benoît Poquet, dans un communiqué. Il a aussi reçu le soutien de son père qui nie catégoriquement les accusations. Il soutient que son fils «n'est ni antisémite, ni salafiste», sans toutefois nier la présence d'armes à feu dans la maison. Dix personnes parmi les écrouées sont également soupçonnés «d'acquisition, transport et détention d'armes de 1ère et 4ème catégorie en relation avec une entreprise terroriste.» Ce second chef d'accusation a été retenu pour les personnes chez lesquelles des armes ont été retrouvées. Ces actes de terrorisme sont passibles d'une peine de 10 à 20 ans de prison et de 225.000 à 500.000 euros d'amende. Pour la détention d'armes, les personnes arrêtées risquent de 3 à 7 ans de prison et une amende de 3.750 euros accompagnée d'une interdiction de séjour. «Coup de filet électoraliste» Organisé sous l'œil des caméras invitées à l'occasion, le « spectacle » des interpellations a été dénoncé par certains partis d'opposition qui y voient une instrumentalisation des peurs en période électorale. Du PS au MoDem, en passant par le FN, la médiatisation de la nouvelle vague d'arrestations a suscité des critiques sur le terrain politique, moins de trois semaines après l'affaire Mohamed Merah, le tueur au scooter. Le président- candidat Nicolas Sarkozy avait prévenu que les arrestations allaient continuer. Interrogé sur i-Télé, le candidat du Modem, François Bayrou, a dit son opposition à toute «forme publicitaire ». «Que l'Etat assume sa responsabilité en mettant sous contrôle ou en interdisant des rassemblements ou bandes qui seraient soupçonnées, c'est bien. Que ça se fasse devant les journalistes convoqués, les caméras, je trouve ça plus étonnant», a ajouté M. Bayrou. Le candidat PS, François Hollande, favori des sondages, s'est montré plus prudent. «Je ne mets pas du tout en cause ce qui se fait. Ce que je dis simplement, c'est que nous aurions dû, pu peut-être, faire davantage avant», a-t-il affirmé sur RTL. «Moi je suis pour la fermeté, pas pour le spectacle et je suis toujours choquée de voir que les télévisions sont là», a dit de son côté la première secrétaire du PS, Martine Aubry, sur France Info. Quant au Front national, il a réagi par la voix de Florian Philippot, directeur stratégique de la campagne de Marine le Pen :»Jusqu'au dernier jour, le mandat sarkozyste aura été le quinquennat de la gesticulation électoraliste. Les arrestations ultra-médiatisées d'islamistes quelques semaines à peine avant le premier tour le rappellent aux Français», Ces joutes risquent de reprendre puisque la police poursuit encore ses investigations et qu'une nouvelle rafle dans les milieux islamistes radicaux n'est pas exclue d'ici le premier tour des élections présidentielles prévu pour le 22 de ce mois.